La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

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ÉDUCATION

Grand Besançon et Grand Dole Annie Millot, enseignante nomade La semaine, Annie Millot la passe sur la route. Au volant de son camion-école, elle va d’une aire d’accueil des gens du voyage à

une autre pour faire la classe aux enfants de ces familles.

L’ espace est restreint mais l’essentiel y est. Des petites tables amovibles, des tabou- rets, dans les coffres, sous la banquette, on trouve de quoi écrire, lire, jouer. Aux murs sont épinglés des dessins d’enfants, et une carte du mon- de. À la fenêtre : l’humeur du temps. Il ne manque qu’un tableau noir, le bureau de la maîtresse et l’odeur de la craie pour se sentir dans une vraie salle de classe. Annie Millot est enseignante. Mais l’école où elle travaille est un peu par- ticulière. Elle est réduite à la taille d’un camping-car. Le véhicule a été aménagé pour accueillir des gamins pour qui aller à l’école n’est pas une habitude. Alors c’est elle qui vient à eux. Bienvenue à l’école du voyage ! La semaine, quel que soit le temps, Annie Millot part avec son camion cou- leur orange, sur les routes du Jura et du Doubs, direction les aires d’accueil des gens du voyage du Grand Besan- çon et du Grand Dole, d’un parking, d’une aire sauvage. Son but est de favo- riser la scolarisation des enfants de ces populations nomades, qui se dépla- cent toutefois de moins en moins.

Annie Millot intervient régulièrement sur les aires du Grand Besançon.

conditions” annonce la maîtresse qui, comme à chaque rendez-vous, va pro- poser à ses élèves d’un jour un accom- pagnement à la carte, adapté au niveau de chacun. Des jeux pour les petits, de la lecture et de l’écriture pour les plus grands. Le travail est très différent en fonction du lieu où elle arrête son camion-école. Ici on ne parle ni de niveau scolaire, ni de résultat, l’essentiel est d’ouvrir à chaque séance de travail une porte vers la connaissance et le monde pour piquer la curiosité de ces élèves afin de leur donner le goût d’aller plus loin. Pour les plus de douze ans qui ne savent pas lire et qui ne sont presque jamais allés à l’école, le but principal de ces rencontres est de leur apprendre à lire et à compter. “ Monmétier d’enseignante est un travail de passerelle. La finali- té de ma mission n’est pas de faire la classe dans un camion, mais de don- ner l’envie à ces enfants de rejoindre une école classique.” Un projet de longue haleine qui reçoit progressivement l’adhésion des familles des gens du voyage, de ces parents “ qui compren- nent que le monde change et qui s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants.” Tout l’enjeu est de les accom-

pagner dans cette marche, sans tra- hir la culture tzigane dont ils sont fiers, et dans laquelle la transmission orale est essentielle. Beaucoup dans la communauté considèrent encore qu’un niveau scolaire limité au pri- maire est suffisant pour vivre à la manière des gens du voyage. “ Depuis trois ans que je fais ce métier, j’ai le sentiment que les choses changent” observe Annie Millot. L’envie d’école perce sous l’auvent des caravanes. “ Après un passage d’une année ou deux en camion-école, cer- tains adolescents vont maintenant une demi-journée en collège pour faire leurs cours par correspondance. D’autres intègrent des classes l’après-midi. Cet- te année, c’était super. À l’initiative des parents, des gamins qui n’étaient pas scolarisés jusque-là ont fait leur ren- trée. L’essentiel est que les parents se sentent acteurs de l’éducation de leurs enfants. Que ce soit à Besançon où à Dole, tous les accueils qui ont eu lieu sont très positifs. Les enseignants et les équipes pédagogiques se sont mobili- sés pour intégrer ces élèves.” Une peti- te victoire pour Annie Millot qui consi- dère qu’elle n’est pas seulement l’œuvre du camion-école. L’enseignante colla-

bore également avec une société de Dole pour permettre à des ados d’effectuer un stage en entreprise afin de leur donner un rythme quotidien et de faire naître en eux un projet pro- fessionnel. Autre exemple, dans le Jura, un élève a fait sa rentrée en sixième et “ ça se passe très bien. Mais cela apporte des contraintes aux parents qui sont obligés de se sédentariser alors que leur activité professionnelle néces- site des déplacements. Je ne sais pas si cet élève pourra poursuivre l’année prochaine.” Généralement les enfants du voyage sont scolarisés de 6 à 12 ans. À Besançon ils sont accompagnés par Marie-Claire Simonin enseignan- te spécialisée à l’école Jules-Ferry. Malheureusement, même si les choses changent, le suivi des élèves est par- fois aléatoire. Des enfants sont d’un coup déscolarisés car les familles déci- dent de reprendre la route. Tout serait plus simple si elles étaient sédentaires, mais encore faudrait-il qu’elles aient les moyens de s’installer. À 49 ans, Annie Millot se passionne pour son job. Lorsqu’elle a rejoint l’Éducation nationale, c’était pour don- ner son temps à des mômes en diffi- culté. Elle a toujours eu cette envie de

travailler avec les enfants des gens du voyage. Alors quand l’A.S.E.T. (aide à la scolarisation des enfants tziganes) a eu les financements publics pour faire tourner un troisième camion-école en Franche-Comté, elle s’est portée can- didate pour être l’enseignante noma- de. “ C’est un poste Éducation nationa- le mais attaché administrativement à la Direction de l’Enseignement Catho- lique” dit-elle. Annie Millot avoue avoir des hauts et des bas dans son quotidien qui ne res- semble guère à celui de ses collègues qui ont une classe dans une école. “ Ce qui change dans mon métier, c’est la relation vraie qui se gagne avec le temps. À chaque fois que j’ai une communica- tion avec des enfants et leur famille, c’est un rapport humain fort. On enlève tous les artifices” confie-t-elle. La rencontre dans la diversité est possible grâce à l’école.“ Quand on prend conscience que l’on peut coopérer pour avancer, chacun grandit.” C’est une leçon, une leçon de vie, et un coup de pied donné aux pré- jugés qui alimentent un climat deméfian- ce entre les gens du voyage et les autres. L’école est une passerelle pour se ren- contrer. T.C.

Aujourd’hui, elle a ren- dez-vous à Saône. Le temps est brumeux, il fait frisquet dans l’habitacle, mais un petit chauffage élec- trique tempère rapi- dement l’atmosphère. Elle devrait accueillir 19 enfants dans la journée. “ Je sais que le plus petit a un an et que le plus âgé en a 12. Je vais faire des groupes pour les rece- voir dans de bonnes

“Un travail de passerelle.”

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Rédaction:“LesÉditionsdelaPresseBisontine”-B.P.83143-1,ruedelaBrasserie-25503MORTEAUCEDEX-Tél.0381679080-Fax:0381679081-redaction@groupe-publipresse.com

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