La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

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HAUT-DOUBS Filière roumaine Un trafic de champignons à grande échelle Les agents de l’O.N.F. ont pris plusieurs fois en flagrant délit des cueilleurs en train de ramasser en grande quantité des lactaires expédiés ensuite vers l’Espagne. Une filière très bien organisée.

Après cueillette, les champi-

gnons étaient transportés en camion frigo-

rifique dans le sud de la France et l’Espagne.

cieux très recherché dans le sud de la France. Finaud. La série était loin d’être termi- née. Le 2 novembre, nouvelle interception organisée avec les gendarmes de Levier et de Salins dans la forêt domaniale de Levier. Bilan : 11 Roumains arrê- tés et saisie de 116 kg de lac- taire, soit 25 cagettes. Les gen- darmes qui ont la possibilité de prélever les amendes sur le ter- rain ont verbalisé 8 personnes qui ont réglé chacune 135 euros. Ce type d’intervention ne s’improvise pas. Elle nécessite des vraies filatures car les cueilleurs sont méfiants et très mobiles. Sans le sou et prati- quement livrés à eux-mêmes en forêt, ils sont plutôt les simples exécutants des basses œuvres et représentent certainement la tête de pont de filières très bien organisées. Les amendes payées pour l’occasion rubis sur l’ongle et en espèces semblent

peu dissuasives. Elles déplacent tout au plus le problème sur une autre zone. Le démantèlement de ce type de filières suppose- rait peut-être de se retourner vers le parquet habilité à lan- cer des investigations plus appro- fondies. Nul doute qu’en creu- sant un peu, on rentrerait vite dans le commerce illégal ou le travail clandestin. Deux équipes de Roumains et d’Espagnols, jamais les mêmes, ont aussi été signalées les 5 et 10 novembre par des chasseurs. Des cagettes vides ont bien été repérées mais aucune infraction n’a été consta- tée. “D’autres affaires similaires nous ont été signalées par nos collègues sur Nozeroy et Cham- pagnole” , poursuit Jean-Luc Fel- der. Les agents craignent de voir ce genre de trafic se développer de plus en plus si aucune action forte n’est entreprise pour endi- guer le phénomène. F.C.

Montbenoît qui est parvenue à remonter la filière jusqu’au com- manditaire” , explique Bernard Lachat, agent de l’O.N.F. sur l’unité territoriale de Levier. La personne en question d’origine espagnole exerce l’activité de négociant en champignons et en produits de saison. Elle louait un gîte à Bouverans qui lui ser- vait de plate-forme. Une dizai- ne de personnes l’accompagnait. Cinq d’entre eux travaillaient au conditionnement des cham- pignons achetés légalement dans les régions voisines. Les autres étaient déposés le matin en forêt puis récupérés le soir avec un ramassage de la “récolte” à mi- journée et en soirée. La tête de pont disposait d’un camion frigorifique qui repar- tait sur le sud de la France et l’Espagne. “Il a reconnu que le volume prélevé dans les forêts duHaut-Doubs s’approchait plu- tôt de 200 kg. On a dressé le pro-

cès-verbal sur cette base.” Deux fautes ont été constatées. Le prélèvement sans autorisa- tion en forêt domaniale relève d’une infraction de 5ème classe assortie d’une amende de 1 500 euros. “Les fautifs ont aus- si enfreint le code de l’environnement en lien avec l’arrêté préfectoral du 9 mars 1991 qui limite la cueillette de champignon à 2 kg par jour et par personne dans le Doubs.Dans ce cas, ils risquent jusqu’à 1 500 euros d’amende” , détaille Jean-Luc Felder, le responsable de l’unité territoriale O.N.F. de Levier. Après passage au tribunal de Pontarlier le 17 novembre, le coupable a été condamné à ver- ser 1 500 euros. Ce trafic porte sur une seule espèce de cham- pignon, à savoir le lactaire de type sanguin. Sans grande valeur gustative, il peut se confondre avec le lactaire déli-

L a première affaire remon- te au 21 octobre dans la forêt domaniale de Ban située sur la commune de Montbenoît. “On a été infor- mé par des ouvriers forestiers de

la présence de cagettes remplies de champignons. On a intercep- té deux cueilleurs et seulement 10 kg de champignons. L’opération était menée avec l’appui de la gendarmerie de

Les cueilleurs d’origine roumaine étaient déposés le matin en forêt puis récupérés le soir. Version moderne mais tout aussi humiliante de l’exploitation de l’homme par l’homme.

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