La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

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POLITIQUE Le monastère transformé en hôtel À quoi sert l’Europe en région ? Sylvain Marmier, exploitant à Frasne, vient de sortir au nom du

Sylvain Marmier est membre du Conseil économique, social et envi- ronnemental de Franche- Comté.

a plus d’aides européennes.

l’Europe depuis la Franche-Comté ? Sylvain Marmier : Les discussions sont justement ouvertes au sujet de la prochaine politique euro- péenne enmatière d’aides finan- cières qui s’étalera de 2013 à 2020. La Franche-Comté a un an pour se positionner car doré- navant pour que les dossiers francs-comtois soient soutenus financièrement par l’Europe, il faudra répondre à certaines prio- rités. D’autre part, l’Europe imposera désormais la notion de résultat. La totalité des fonds ne sera pas versée d’un seul coup mais une partie 5 ans après, conditionnée à la réussite du projet soutenu. Dans le rapport que nous avons présenté avec mes collègues du Conseil éco- nomique, on donne une véri- table méthodologie de l’action franc-comtoise enmatière d’aides européennes. Il faut aussi que les élus régionaux se battent pour que la Franche-Comté soit reconnue en tant que région dite “en transition” et non pas com- mune région riche. À la clé, il y

L a Presse Bisontine : En tant que membre du Conseil éco- nomique, social et environne- mental régional, vous venez de publier avec vos collègues un long rapport censé “dynamiser en Franche- Comté la politique de l’Union euro- péenne”. Mais comment rendre visible le plan politique, il assure qu’il ne sera plus candidat aux élections européennes, ni à aucun autre scrutin. Conseil économique et social régional un rapport sur l’avenir des aides européennes en Franche-Comté. Sur

L.P.B. : Mais qui peut donc être sou- tenu financièrement par l’Europe ? S.M. : Tout porteur de projet, asso- ciatif, public ou privé. Le pro- blème, c’est que pour l’instant, il y a une grande solitude du porteur de projet. Si vous ne connaissez pas par hasard une personne qui elle-même connaît les fonds européens, vous êtes sûr de passer à côté d’aides potentielles.

tié. Il y a aussi l'exemple de la S.A.R.L. Le Sauvage qui trans- forme un monastère en hôtel (voir ci-dessous). Dans le Haut- Doubs, aux Hôpitaux-Vieux où la commune a porté un grand projet d’amélioration pastorale du grand site d’alpage du Mont de l’Herba. 18 700 euros ont été apportés par les fonds européens, sur un budget global de 150 000 euros. Autre exemple avec la scierie Chauvin àMigno- villard qui a obtenu près d’1 million d’euros de l’Europe pour la construction de sa nou- velle unité de sciage. On peut dire que si les fonds européens n’existaient pas, le secteur du sciage en Franche-Comté aurait peut-être disparu. Entre 2007 et 2013, la Franche-Comté aura reçu 284 millions d’euros de fonds européens (sans parler de la Politique agricole commune qui ne fait pas partie de ce même volet). Tout le monde, vraiment, peut prétendre accéder aux fonds européens. Notre message est le suivant : l’Europe ne nous oblige pas à…, elle nous entraî- ne vers… L.P.B. :Vous êtes depuis longtemps un “euroconvaincu”, à tel point que vous vous étiez positionné en 2009 pour briguer un mandat de député euro- péen. Y aura-t-il une candidature Syl- vain Marmier au prochain scrutin euro- péen ? S.M. : En 2009, je m’étais enga- gé politiquement parce que j’avais pensé, comme d’autres l’avaient pensé aussi, que ma candidature pouvait être utile sur le plan national pour défendre la cause agricole. Les choses se sont passées autre- ment et je n’ai aucun regret car je n’ambitionnais aucunement de faire une carrière en poli- tique. D’ailleurs je suis plus inté- ressé par le fait européen que par le fait politique.Aujourd’hui les choses sont claires : j’ai vécu des choses sur le plan familial qui m’ont fait me poser beau- coup de questions sur mon enga-

gement politique. Je suis en train de reconstruire ma vie person- nelle. En conséquence, je tire un trait sur mon engagement politique. Je ne serai pas can- didat aux prochaines euro- péennes, pas plus qu’à des scru- tins locaux ou territoriaux.À 43 ans, j’ai d’autres priorités, notam- ment familiales, ainsi que mes mandats socio-professionnels. Je suis vice-président de la cais- se régionale du Crédit Agrico- le, je suis à la Chambre régio- nale d’agriculture, au Conseil économique et social et je siège à l’Euromontana en tant que représentant de la F.N.S.E.A. à Bruxelles. Tout cela suffit lar- gement à m’occuper. L.P.B. :Alors la politique ne vous titille plus ? S.M. : J’ai eu le vent en poupe à un moment donné car j’ai un C.V. un peu particulier sur les affaires agricoles européennes. Mais en politique, je n’ai jamais eu l’occasion de me présenter à une élection, même locale. Je ne me considère pas avoir de légi- timité politique. J’ai pris de la distance avec la chose politique. Je ne peux pas déontologique- ment porter fortement mes man- dats socio-professionnels avec un engagement politique. Et je veux pouvoir garder une dis- cussion saine avec les élus de tous bords. L.P.B. :Dans votre agenda,y a-t-il enco- re une place pour votre métier d’agriculteur à Frasne ? S.M. : Sur le G.A.E.C., j’ai embau- ché un salarié à l’année qui fait 35 heures par semaine et je fais le reste, soit une vingtaine d’heures par semaine sur l’exploitation. L’équilibre fonc- tionne très bien avec mes asso- ciés du G.A.E.C. Je me suis fixé comme règle d’or de garder une vraie crédibilité sur notre exploi- tation pour pouvoir m’impliquer ailleurs. Propos recueillis par J.-F.H.

de projet, qu’il se trouve à Cha- pelle-des-Bois ou à Saint-Loup- sur-Semouse sache à qui s’adresser en cas de besoin, qu’il y ait aussi de l’animation sur le terrain, ce qui n’existe pas. Pour faciliter les choses, nous propo- sons également la création d’un fonds d’amorçage et d’un fonds partenarial qui aide à financer, ou avancer le financement des aides. À travers notre étude, nous faisons appel à l’intelligence collective. L.P.B. : Donnez des exemples concrets de projets qui ont été soutenus par les fonds européens récemment. S.M. : Par exemple à Besançon, le projet Témis-Sciences porté par la Région (budget 33 mil- lions d’euros) a reçu 15,6 mil- lions d’euros, soit près de la moi-

L’Europe doit être plus visible en région. Cela pas- se notamment par la création d’une plate-forme com- mune “Europe” où travailleraient toutes les per- sonnes qui s’occupent d’Europe dans les collectivités terri- toriales par exemple. Que le moindre porteur

“J’ai pris de la distance avec la politique.”

Zoom L’hôtel subventionné par l’Europe U ne opération commerciale a reçu le soutien de lʼEurope à Besançon récemment. Il sʼagit de la S.A.R.L. Le Sau- vage qui a réhabilité un monastère situé dans le quar- tier Saint-Jean, en hôtel 3 étoiles. Cet ensemble historique est lʼancien couvent des Clarisses, sis dans un parc de 50 ares, sans équivalent dans le centre-ville. Les travaux sont finalisés en cette fin dʼannée. Le site est transformé en hôtel 3 étoiles de 24 chambres. Aux yeux de lʼEurope, la réhabilitation et lʼorientation nouvelle données à ce couvent sont apparues comme “un pari novateur, valorisant pour Besançon.” Son éligibilité a donc été reconnue par lʼÉtat, la Région et le Département. Pour ce projet, le futur hôtel Le Sauvage a reçu de lʼEurope 86 595 euros, soit 15 % dʼun budget total de 597 973 euros.

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