La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

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POLITIQUE

Jacques Grosperrin “Nos concitoyens méritent mieux

qu’un marchandage électoral”

L a Presse Bisontine : Comment res- sentez-vous les tensions qui se for- ment à gauche entre le P.S. et les Verts, dont nous avons un bon exemple à Besançon ? Jacques Grosperrin : On assiste à des dis- cussions qui concernent deux partis qui essaient de construire une majo- rité ensemble à partir de fondements sur lesquels ils ne sont pas d’accord. Ils procèdent à un marchandage élec- toral. Il a pour objectif pour les uns de gagner l’élection présidentielle, et pour les autres de gagner des circonscrip- tions. C’est le mariage de la carpe et du lapin. Ce qui me gêne, c’est que cela nuit à l’image de la politique dans ce qu’elle a de plus noble. L.P.B. : La fermeture des centrales nucléaires en échange de circonscriptions, cela vous choque-t-il ? J.G. : C’est un tripatouillage électoral. Les Français ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. C’est irréaliste. On peut cri- tiquer le nucléaire, peut-être vaut-il mieux l’encadrer, s’interroger sur le traitement des déchets. Mais ce qui intéresse les Verts, c’est d’avoir des cir- conscriptions. Avec le P.S., ils perdent leur âme dans ce type de négociation. Ce qui se passe à Besançon est du même registre que ce que l’on obser- ve au niveau national. Le maire, Jean- Louis Fousseret, s’associe avec lesVerts pour faire campagne et non pas sur des projets communs. Les accords élec- toraux ne sont pas ma conception de la politique. Moi, je préfère gagner pro- jet contre projet. Je n’ai pas envie de commenter davantage une situation qui ne me regarde pas. J’ai un man- dat de député. Je préfère continuer à travailler pleinement pour les habi- tants de la deuxième circonscription comme je le fais depuis quatre ans. L.P.B. : Néanmoins, si l’accord était respecté, vous aurez donc face à vous Éric Alauzet (Les Verts) aux prochaines législatives. Sachant Le député U.M.P. Jacques Grosperrin devrait affronter Éric Alauzet aux prochaines élections législatives si les calculs politiques entre les Verts et le P.S. sont confirmés. Commentaires.

Jacques Grosperrin n’est plus aussi affirmatif quant à sa possible candidature aux prochaines élections municipales de Besançon.

moment-là, elles vont s’accroître durant le parcours scolaire de l’enfant. C’est donc sur cette période scolaire qu’il faut mettre des moyens supplémen- taires, humains et financiers. L.P.B. : Cette situation ne serait-elle pas liée aussi à une forme de“démission”des familles ? Beaucoup d’enseignants se plaignent de fai- re plus d’éducation que d’instruction. Qu’en pensez-vous ? J.G. : En effet, un professeur est là pour instruire un élève et pas l’éduquer. Lire, écrie, parler, compter, sont des compétences fondamentales qui relè- vent de l’école. Les familles doivent prendre à leur charge l’éducation. Le métier d’enseignant a changé dans le sens où on demande aux professeurs d’éduquer en plus d’instruire. Cela explique en partie pourquoi il y a une baisse des vocations. C’est un métier qui n’est pas suffisamment reconnu. Nous devons aider nos enseignants et leur faire confiance. L.P.B. : Vous parlez de moyens supplémen- taires. Pourtant le gouvernement supprime des postes. N’est-ce pas contradictoire ? J.G. : S’il faut supprimer des postes, c’est dans l’administration centrale de l’Éducation nationale. En échange, il faut mettre davantage d’enseignants sur le terrain aux côtés des élèves. Il nous faut des praticiens ! L’idée n’est pas de créer des postes, mais de mieux les répartir. L.P.B. : Quid de la prise en charge des enfants handicapés, ou des enfants autistes ? J.G. : Il manque une structure pour les enfants en grande difficulté qui ne peu- vent pas être pris en charge dans le cadre du système scolaire classique. Si un tel projet devait voir le jour à Besançon, je le soutiendrais avec exi- gence. Propos recueillis par T.C.

seret a frappé àma por- te pour que je l’épaule sur un projet, que je lui ouvre la porte d’un ministère, j’ai répondu présent. J’ai toujours défendu les projets bisontins en tant que député. L.P.B. :On parle des tensions dans la majorité municipa- le entre les Verts et le P.S. mais l’opposition, conduite par Jean Rosselot (U.M.P.), ne montre pas une image plus unie. Qu’en pensez- vous ? J.G. : J’entends cela, mais il est très diffici- le d’être dans l’opposition. Cependant,

problèmes bisonto-bisontins n’intéressent guère les gens en dehors de la ville. Toutefois, les législatives sont des élections difficiles et compli- quées, quel que soit le candidat. L.P.B. : En cette fin d’année difficile, les habi- tants de votre circonscription ont-ils le moral ? Que vous disent-ils de la politique nationale et européenne, des choix du gouvernement ? J.G. : Beaucoup de gens sont résignés. Moi, je veux leur faire passer un mes- sage d’espoir. Je leur dis que Nicolas Sarkozy nous sortira de cette crise. Ils ont fait le bon choix en votant pour lui en 2007, même si, c’est vrai, son ima- ge a été ternie par quelques mal- adresses. Ce président a la volonté de sortir la France par le haut. L.P.B. : Mais que répondez-vous à ceux qui sont confrontés au chômage et qui s’inquiètent pour leur avenir ? J.G. : Le rôle d’un député est d’avoir aussi un carnet d’adresses pour mettre des personnes en relation. J’ouvre ce carnet pour aider quelqu’un dans sa recherche d’emploi. La deuxième est une belle circonscription avec beau- coup d’entreprises qui se portent bien. On y trouve de vraies énergies et de vraies compétences. Aider les habi- tants, c’est un rôle d’écoute et de proxi- mité. L.P.B. : Si vous êtes réélu député, êtes-vous prêt à vous présenter aux élections munici- pales de Besançon comme vous l’avez déjà laissé entendre ? J.G. : 2014 est encore loin. Pour l’instant, je me concentre sur la présidentielle et les législatives. Je verrai cela plus tard. Les municipales ne sont pas dans mon programme actuel. L.P.B. : Quels rapports entretenez-vous avec le maire de Besançon ? J.G. : À chaque fois que Jean-Louis Fous-

rence dans les circonstances qu’on connaît ? J.G. : Nous essayons d’oublier cet épi- sode douloureux et difficile. Il faut du temps, car nous devons retrouver notre crédibilité. L.P.B. : L’équipe n’est-elle pas démotivée ? J.G. : Au contraire, nous sommes très motivés. Nous essayons d’être construc- tif vis-à-vis de la politique régionale. L.P.B. : Cet été, le rapport d’information sur la formation initiale et le recrutement des ensei- gnants a été annulé suite, notamment, à la proposition que vous aviez faite de supprimer le concours d’enseignants. Avez-vous fait machine arrière ? J.G. : J’ai formulé cette proposition de façon trop brutale. Résultat, elle a été mal comprise. Je ne veux pas suppri- mer les concours. Mon souhait est que ces concours soient régionaux, acadé- miques et non plus nationaux. Je suis persuadé que les concours évolueront de toute façon dans les prochaines années. L.P.B. : D’après vous, c’est la formation des enseignants qu’il faut repenser ? J.G. : Le débat sur la formation des pro- fesseurs est fondamental. Ils ont besoin d’une meilleure formation. En cela, la politique de suppression des I.UF.M. est sans doute trop brutale. La réali- té est qu’aujourd’hui le niveau des élèves baisse. Nous devons trouver le moyen de les faire progresser. Pour cela, nous devons également mettre l’accent sur la formation des ensei- gnants. L.P.B. : Comment expliquez-vous qu’un enfant ne sache pas lire, ni écrire, ou mal, en entrant en sixième ? J J.G. : D’après moi, tout se passe en dernière section de maternelle et en C.P. C’est là que les difficultés émer- gent. Si on ne les traite pas à ce

“Gagner projet contre projet.”

à mon sens, être dans ce rôle, ce n’est pas s’opposer systématiquement. C’est être capable d’échanger, de faire avan- cer le débat, de proposer une alterna- tive, mais aussi de se réunir autour d’un projet commun. Le conseil muni- cipal est le moment où l’opposition doit être constructive pour faire avancer le débat démocratique. L.P.B. : Plusieurs élus d’opposition sont sou- vent critiqués pour leur manque de pertinen- ce. Quel conseil leur donneriez-vous ? J.G. : Je n’ai pas de conseil à leur don- ner. Je souhaite simplement que l’opposition soit audible et critique sur la politique menée par lamajorité socia- liste à Besançon. Elle doit être capable de dénoncer, mais aussi d’aboutir à des consensus communs. Je le répète, une fois encore, c’est très dur et très exi- geant d’être dans l’opposition. L.P.B. : Vous êtes aussi conseiller régional. Comment est l’ambiance au sein de votre groupe depuis qu’Alain Joyandet a tiré sa révé-

que vous vous étiez incli- né face à lui lors des pré- cédentes élections canto- nales, redoutez-vous ce candidat ? J.G. : Tout d’abord, je dirais que mes conci- toyens de la deuxième circonscription méri- tent mieux que le mar- chandage électoral auquel on assiste entre le P.S. et les Verts. Ils attendent que l’on s’occupe de leurs pro- blèmes, et pas que l’on s’écharpe pour un pos- te. Ensuite, la deuxiè- me circonscription, ce n’est pas que la ville de Besançon. C’est une proportion de rurali- té et d’urbanité. Les

“Le P.S. et Les Verts perdent leur âme.”

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