La Presse Bisontine 128 - Janvier 2012

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 128 - Janvier 2012

DES HABITUÉES DE LA JUSTICE

Les mamies

des assises

Deux Bisontines à la retraite ne manque- raient pour rien au monde un procès d’assises. Édith et Michelle se souvien- nent des affaires qui les ont marquées.

L orsqu’elle vient auxAssises du Doubs, Édith n’oublie jamais son coussin qu’elle pose délicatement sur le banc en bois avant de s’installer. “On est mal assis ici, beaucoupmoins bien que dans l’ancien tribu- nal” bougonne cette habituée. Retraitée depuis 25 ans, Édith fait tout pour ne jamais man- quer jamais un procès d’assises dont les audiences ont lieu chaque trimestre. Avec Michelle, sa voisine de quartier, les deux femmes assis- tent aux réquisitions et plai- doiries des avocats. “On vient car les avocats sont des beaux parleurs” s’amuse Édith, qui admet toutefois que les assises “ne sont plus ce qu’elles étaient.” Il y a déjàmoins de public, “peut- être parce que les personnes sont mal informées et qu’elles igno- rent qu’elles peuvent venir” dit Michelle qui regrette parfois la clémence de la justice. Elles sont habituées aux envo- lées lyriques des avocats, mais certaines affaires les ont plus marquées que d’autres. “C’est le cas de l’affaireWetzel” annon- ce Édith. Et d’ajouter : “C’est l’homme qui avait frappé et tué à coup de barre de fer un autre homme dans le Pays de Mont- béliard.” “C’est le seul moment où j’ai eu de la sympathie pour un accusé car la victime était bizarre” admet Michelle.

Édith vient ici comme d’autres vont au cinéma. “Lorsque je tra- vaillais, j’allais aussi à la cour d’appel. Si je n’avais pas pu suivre le procès le matin, une personne était là pour la racon- ter l’après-midi. C’était d’ailleurs souvent l’ancien boulanger de la rue Gustave Courbet.” Beaucoup d’affaires s’entrechoquent dans leur mémoire. C’est le cas de cette grand-mère habitant le Haut- Doubs qui avait tenté de tuer son petit-fils de 14 ans : “Le gamin était tout seul dans le box de la partie civile et sa mère était dans le public. Celam’avait paru bizarre” lâche Michelle. Édith revient, elle, sur la ten- tative de meurtre à Quingey. Un retraité avait été frappé par des ressortissants roumains qui s’étaient introduits chez lui. Si les deux voisines ont lamême passion, elles ont une vision dif- férente de la justice : “Je ne me verrais pas juré car je n’aurai ni la force morale et intellec- tuelle pour juger. Je serai trop sévère” avoue Michelle. Édith, elle, se verrait bien dans la peau d’un juré comme son père le fut à son époque. Depuis le fond de la salle d’audience, elles commentent et se font leur petite idée sur la personnalité du prévenu ou sur ce qu’il encourt. Chacun ses hobbies…

Édith, une retraitée bisontine vient aux assises depuis 25 ans (photo d’illustration).

ASSISES D’autres affaires jugées jusqu’au 14 décembre L’agresseur et violeur du ParcMicaud

Jusqu’au 16 décembre, trois affaires, dont deux agressions et viol à Besançon, sont jugées par la cour d’assises.

L’agression et viol à Micaud. Le 5 septembre 2009, une jeune femme quitte ses amies en discothèque pour rejoindre à pied un autre établisse- ment nocturne situé le long du parc Micaud au bord de la boucle du Doubs. Dans la pénombre, Isabelle

(1) n’est pas rassurée et déci- de d’appeler un ami avec son téléphone portable. En plei- ne conversation, elle ressent un violent choc sur la tête. Elle perd connaissance.Vers 4 heures dumatin, des clients du bar la découvrent hagar- de, la tête ensanglantée et

Pour le tribunal de Besançon, la dernière session en assises de l’année se termine vendredi 16 décembre.

les collants déchirés. Aussi- tôt hospitalisée pour un vio- lent traumatisme crânien, la jeune femme de 29 ans ne se souvient de rien. Les ana- lyses gynécologiques ne révè- lent pas de violences sexuelles, mais n’excluent pas non plus des attouche- ments. Quelques jours plus tard, les gendarmes de la bri- gade de Chaumergy, dans le Jura, permettent de résoudre cette énigme. Une femme leur révèle que son frère lui a confié être l’auteur d’une agression sur une passante à Besançon. Inquiète en rai- son de ses antécédents en la matière, notamment sur ses sœurs,elles révèlent ses confi- dences. Interpellé par les enquêteurs,Frédéric Durieux, un cuisinier de 32 ans, admet avoir bu ce soir-là et déam- bulé dans les rues de Besan- çon. Dans un état second, il aurait volé un club de golf dans une voiture puis assom-

mé la passante avant de l’emmener dans un fourré pour imposer des attouche- ments appuyés à sa victime inconsciente. Accusé de viol et violences avec arme, il était défendu du 7 au 9 décembre par Maître Dominique Mou- riaux, Maître Carré-Donni- ni assistant la jeune femme. (1) : prénom d’emprunt. Viol en réunion à Planoise. La cour d’assises du Doubs juge lundi 12 et mardi 13 décembre un mineur ayant participé à un viol en réunion sur une étudiante en médecine de 25 ans, à la suite d’une soirée de fête dans un appartement de Pla- noise à Besançon. Verdict en appel. La session de la cour se ter- mine vendredi 16 décembre avec le verdict en appel d’un violeur condamné par les assises de Côte-d’Or.

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