La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

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SOCIÉTÉ

Deux recrues “du civil” Le coup de blues des policiers Le syndicat majoritaire de la police bisontine dénonce une dégradation constante des conditions de travail tandis que la direction des hommes en bleu conteste les chiffres avancés.

L es bleu marine ont le blues . Et ils l’ont fait savoir début novembre avec la venue à Besançon du secrétaire général du syndicat S.G.P. Police Force Ouvriè- re. “La situation à Besançon est la pire du département” n’hésite pas à affirmer Nicolas Comte, le secré- taire général de ce syndicat, majo- ritaire dans les rangs de la police locale.Avec un effectif ramené à 208 fonctionnaires, les policiers bison- tins s’estiment en sous-effectif. Ils

étaient encore 240 en 2006. “Il en faudrait 30 de plus.” Ces chiffres ne sont pas ceux de la direction. “Tous corps confondus, nous comptons 285 fonctionnaires, rectifie Noëlle Derai- me, directrice départementale de la sécurité publique. En janvier 2005, la police de Besançon en comptait 294, c’est donc 9 demoins en six ans.” Mais plus que la baisse du nombre de policiers, c’est la réorganisation et le morcellement des services qui posent question. “Depuis 2002, on a

créé plein de brigades : anti-cam- briolages, protection des seniors, etc. qui ne sont pas du tout dimension- nées pour les missions qu’elles ont à accomplir. On a également affai- re à des décalages de services inces- sants ajoutés à une politique du chiffre qui n’a pas été modifiée. On demande aux policiers de produire des statistiques toujours meilleures” poursuit Nicolas Comte. Exemple : mettre en garde à vue deux voisins qui se sont querellés. “Une judicia-

Nicolas Com- te (à gauche) est venu à Besançon en soutien avec les policiers locaux qui ne cachent plus leur mal-être.

risation qui n’existait pas avant” et des chiffres qu’on continue à “tri- patouiller : il vaut mieux arrêter quatre consommateurs de joints qu’un trafiquant. Pour les statistiques, ça fait quatre affaires élucidées” illustre le représentant syndical. Du côté de la direction,on comprend néanmoins le malaise des fonctionnaires en bleu. “Des états d’âme de policiers, il y en a toujours, notamment en période d’élections professionnelles. Il est clair que les policiers font un métier de plus en plus difficile car la société est de plus en plus deman- deuse en terme de sécurité et la poli- ce est le dernier rempart de la socié- té” concède M me Deraime. La plus récentemesure qui faitmon- ter la colère au commissariat de Besançon,c’est l’embauche prochaine de deux réservistes citoyens (anciennes adjointes de sécurité), contractuelles de droit public. Une dérive selon les policiers qui voient là encore une dévaluation de leur métier. “La sécurité ne peut pas être assurée par des amateurs.” “Ce sont des personnes, anciennes adjointes de sécurité, qui ont déjà un profil sécurité se défend Noëlle Deraime. Ce sont des réservistes, aumême titre que des retraités qui sont embauchés par la police. L’idée est de diversifier le recrutement dans la police, com- me d’autres administrations le pra- tiquent depuis longtemps.” ÀBesan- çon, on compte 13 de ces retraités qui ont réintégré l’effectif bisontin. Les policiers déplorent également une recrudescence de suicides, com- me celui que les policiers ont appris le matinmême de leur intervention à Besançon : un jeune collègue de Strasbourg venait de se donner la mort. “Ce métier est un accélérateur du passage à l’acte” affirme Nicolas Comte qui indique que 45 à 50 sui- cides sont enregistrés chaque année désormais dans la police. 10 ont été déplorés dans les deux derniersmois. “Il faut vraiment qu’on ait l’impression d’être utile, sinon ce métier devient insupportable” juge le syndicaliste. J.-F.H.

À Besançon, il y a 208 policiers selon les syndicats, 285 selon la direction…

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