La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

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TRANSPORT Buffa et L.D.I. Christophe Bossonnet prend ses responsabilités Le patron de la société de transport L.D.I. à Devecey est confronté en ce moment à un double problème. Il doit faire face au redressement judiciaire de Buffa, une entreprise qu’il a reprise il y a un an. En parallèle, l’administration soupçonne des entreprises de transport régionales dont L.D.I., qui ont une filiale en Slovaquie, de ne pas respecter le Code du travail.

Christophe Bossonnet dirige L.D.I. et Buffa, deux sociétés indépen- dantes. Il est aussi président du M.E.D.E.F. Doubs.

“L es emmerdes, ça vole toujours en escadrille !” En ce moment, la petite phrase de Jacques Chirac résu- me assez bien la situation à laquelle est confronté Chris- tophe Bossonnet. Le patron de L.D.I., une société de transport basée à Devecey, a la poisse dans les affaires. Pour com- mencer, il y a Buffa, entrepri- se qu’il préside, dont il détient 51 % des parts, qui est en redres- sement judiciaire depuis le 25 octobre. Ce n’est pas exactement le scé- nario que le chef d’entreprise du Doubs, optimiste de natu- re, avait prévu, lorsqu’à l’automne 2010, avec l’aval du tribunal de commerce, il a pris le pari, pour ne pas dire le risque, de relever le transpor- teur belfortain menacé à l’époque de disparition. Sans l’intervention de Christophe

Bossonnet lui-même, Buffa et ses 350 salariés appartien- draient sans doute à l’histoire. “J’ai pensé que du profession- nalisme, de la rigueur, une vision d’avenir, et une recapitalisation à hauteur de 4 millions d’euros suffiraient à remettre Buffa sur les rails” dit-il. Mais le P.D.G. a vu ses plans contrecarrés par des anomalies comptables, antérieures à la reprise, qu’il a découverts après avoir pris ses fonctions. En réa-

qu’il a choisi la voie du redres- sement judiciaire qui permet à la structure de “souffler un peu.” Christophe Bossonnet est peut- être amer, mais il n’a pas bais- sé les bras même s’il y a un an, il avait sollicité une aide finan- cière du Conseil régional à hau- teur de 460 000 euros (il s’agit d’un prêt à taux nul rembour- sable sur cinq ans) pour passer le cap, et qui n’est jamais venue. Ajoutons à cela que Buffa devait se séparer de locaux industriels. Le produit de la vente était cen- sé rapporter de l’argent frais à la société.Mais l’opération immo- bilière ne s’est pas faite. Depuis, une cinquantaine d’emplois ont été supprimés chez Buffa, “ce sont surtout des départs de per- sonnes que je n’ai pas rempla- cées.” Maintenant, M. Bossonnet va présenter un plan de continua- tion qui doit permettre d’éponger un passif de 4 millions d’euros.

Il est déterminé à poursuivre la route en huilant tant que pos- sible le moteur de Buffa pour éviter qu’il ne serre tout enmain- tenant le régime de celui de L.D.I. “Je suis aigri, c’est vrai. Mais il faut y aller. J’ai la convic- tion que le travail qui a été fait jusqu’à présent est de nature à sortir la société de l’ornière. J’ai fait le choix de reprendre Buf- fa, je vais l’assumer. C’est une belle entreprise” affirme-t-il. L’entrepreneur n’a pas perdu de vue l’objectif qu’il s’était fixé de fusionner à terme, L.D.I. ex- filiale du groupe Mory lequel a été démantelé en sep- tembre 2011 suite à des diffi- cultés économiques, et Buffa. L.D.I. réalise 35 millions d’euros de chiffre d’affaires, et possède huit filiales, deux en France et six en Europe de l’Est. Cette société qu’il dirige emploie 170 personnes dont 80 à Devecey. Le chiffre d’affaires de Buffa est

de 50 millions d’euros. Ces deux entreprises ont une activité de transport complémentaire. “Cela peut faire une belle histoire et on y croit.” Mais depuis quelques jours, Christophe Bossonnet est au cœur d’une autre polémique avec L.D.I. Nos confrères de l’Est Républicain ont révélé que “le secteur du transport de mar- chandises est dans le collima- teur de l’administration et de la justice.À des degrés et des étapes divers, quatre entreprises régio- nales sont concernées (dont Jean- tet et Gérard).” Il s’agit de socié- tés qui, comme L.D.I., ont des filiales en Europe de l’Est, qui leur permettraient d’employer des chauffeurs circulant à l’international à des salaires bas, ce que n’apprécient guère la D.R.E.A.L. (direction régio- nale de l’environnement de l’aménagement et du logement) et la D.I.R.E.C.C.T.E. (direction

des entreprises de la concur- rence, de la consommation, du travail et de l’emploi). Pour l’administration, ces pratiques constitueraient une entorse au code du travail français tout en créant une distorsion de concur- rence. “C’est n’importe quoi !” estime Christophe Bossonnet qui reconnaît que la D.R.E.A.L. a enquêté chez L.D.I. et que des points de divergence sont en dis- cussion. “Même si nous devions aller au tribunal, il aura matiè- re à s’expliquer” dit-il. Mais à ce stade de l’analyse, rien ne prouve que L.D.I. est en infrac- tion. Pour autant, l’histoire fait désordre surtout lorsqu’elle concerne celui qui est également président du M.E.D.E.F. du Doubs. Mais déjà cette affaire où le bénéfice du doute est enco- re permis, est un boulevard pour ceux qui veulent se payer la tête d’un patron et du patronat. T.C.

lité, Buffa était semble-t-il dans une situation plus grave que ce qu’il avait imaginé. Une déconvenue qui a conduit Christophe Bos- sonnet à déposer une plainte contre X au mois de juin. En attendant, c’est pour cette raison

“C’est n’importe quoi !”

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