La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

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Laurent Tavernier, l’oreille du C.H.U. Il est à l’écoute des malentendants et des sourds. Ce chirurgien de l’oreille est aussi en pointe dans plusieurs domaines de recherche liés aux autres disciplines de l’O.R.L., le nez et la gorge. LES POINTURES DU C.H.U. Service O.R.L.

O to-rhino-laryngologiste. De ces trois lettres O.R.L., indissociables, Laurent Tavernier a choisi la pre- mière pour faire de l’oreille et de l’audition sa grande spéciali- té. Après des études de médecine à Strasbourg, le Bisontin a suivi le cursus classique : interne, chef de clinique, praticien hospitalo-uni- versitaire et depuis septembre 2010 professeur des universités, et bien- tôt chef du service O.R.L. du C.H.U. Minjoz. Il est aussi le chef de la chi- rurgie ambulatoire du centre hos- pitalier. Sa grande spécialité, c’est

la chirurgie de l’oreille, la prise en charge des personnes sourdes ou malentendantes et le développe- ment du langage, indissociable. La recherche vient en complément de ses activités hospitalières. Les thèmes de recherche qui ont fait la réputation du service concernent notamment “l’odorat chez les patients laryngectomisés. On a terminé une recherche sur l’I.R.M. fonctionnel- le olfactive sur ces patients dont on a retiré le larynx. On arrive désor- mais à faire de la rééducation à l’odorat. Ils sont environ 250 dans la région à avoir subi une laryn-

Laurent Tavernier est également le

de toutes ces personnes “vieillis- santes” dont l’audition en baisse nécessiterait le port d’une prothè- se auditive. Sur ce plan-là, les men- talités ont évolué, pas suffisam- ment néanmoins. “J’explique souvent à mes patients que ce n’est pas par- ce qu’on porte un appareil qu’on ne devient vieux. Quand on souffre de presbytie, on porte sans hésiter des lunettes. Le raisonnement devrait être le même en cas de presbyacou- sie. Aux alentours de 60 ans, on com- mence tous à en souffrir et c’est nor- mal. Le port d’un appareil, d’ailleurs de plus en plus discret, doit être considéré comme logique.” Malgré tous les progrès de la chirurgie de l’oreille, la surdité, congénitale, exis- tera toujours. Peut-être qu’un jour les traitements génétiques per- mettront d’y pallier. L’activité recherche du professeur Tavernier se poursuit actuellement dans un autre domaine. Laurent Tavernier laisse de côté l’oreille au profit de la gorge cette fois-ci.Vient de démarrer au C.H.U. bisontin une recherche internationale financée en partie par Bruxelles consacrée au développement de la robotique chirurgicale couplée au laser dans les tumeurs cancéreuses des cordes vocales, en collaboration avec le laboratoire bisontin Femto-St. La robotique dans la prise en charge de la cancérologie est une nouvel- le avancée à mettre à l’actif du C.H.U. de Besançon. Enfin, une autre priorité de ce pro- fesseur de 44 ans est d’améliorer la chirurgie ambulatoire en Franche- Comté, classée plus mauvaise région de France dans ce domaine. En tant que chef de la chirurgie ambula- toire du centre hospitalier bison- tin, Laurent Tavernier veut mettre un point d’honneur à mener à bien ce vaste chantier. “C’est une cultu- re à créer ici” estime ce perfection- niste qui entend bien réussir aus- si ce nouveau challenge. J.-F.H.

gectomie, suite à des cancers” explique le Pr Tavernier. Un autre thème de recherche sur lequel Lau- rent Tavernier et ses équipes sont en pointe concerne l’étude appro- fondie des mouvements des osse- lets de l’oreille, les plus petits os du corps humain, étude dont l’objectif est de vérifier l’efficacité des prothèses ossiculaires instal- lées pour remplacer les osselets défectueux. Du travail de précision que le chirurgien met en pratique deux ou trois fois par semaine au bloc. Les surdités sont de deux ordres : la première dite de transmission, “qui touche le tympan et la chaîne ossiculaire” , et la seconde qui touche directement l’oreille interne, “cel- le qu’on ne sait pas encore bien répa- rer.” Cependant, le C.H.U. de Besan- çon est précurseur dans le domaine de l’implantation cochléaire qui

chef de la chirurgie

ambulatoire à Besançon.

consiste à “implan- ter des électrodes qui stimulent l’oreille interne. Nous avons été les premiers à faire cet- te application cli- nique dès 1993, nous en réalisons une vingtaine par an.” Au final, la pri- se en charge des sourds en Franche- Comté est bien meilleure. “Un dépistage universel se met en place à Besançon. Si on prend en charge tôt un jeune sourd avec une prothèse ou un implant, on baisse aussi le nombre de muets car un muet est un sourd qui n’a pas pu développer le langage.” Laurent Tavernier s’occupe également

Des traitements génétiques contre la surdité congénitale ?

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