La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

LE GRAND BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

SOCIÉTÉ Le cas à École-Valentin La prostitution se camoufle à l’hôtel De plus en plus de femmes se déplacent de ville en ville où elles louent une chambre d’hôtel pendant quelques jours. Elles y accueilleront leurs clients. Les rendez-vous se prennent par Internet. Mais il arrive que les filles travaillent pour des réseaux comme l’ont montré deux récentes affaires à Besançon.

Actuellement à Besançon, les filles verraient moins de clients. Certaines envi- sageraient même de quit- ter la ville (photo archive L.P.B.).

L a prostitution a plusieurs visages. Des filles sur un trottoir en est un. C’est la forme la plus connue, car elle est également la plus visible. À côté, il y a Internet qui accé- lère l’organisation d’autres pratiques, plus discrètes, mais aussi glauques. C’est le cas de ces filles indépendantes la plu- part du temps qui vont de ville en vil- le, où à chaque fois elles louent une chambre d’hôtel pour quelques jours. Elles y accueilleront leurs clients. Les contacts se font par Internet. Les sites de rencontres pullulent de ces petites annonces de femmes qui indiquent l’endroit où elles se trouvent et pour com-

L’organisation avait des ramifications jusqu’à Paris. Le second coup de filet impliquait un proxénète espagnol ainsi qu’une prostituée brésilienne et un trans- sexuel de même nationalité. Dans les deux cas, les services de police ont été alertés par l’établissement hôtelier en question. “Ces prostituées ciblent les hôtels où elles sont sûres de ne pas trop attirer l’attention. Il est important que les hôte- liers soient vigilants” précise le commis- sariat de la Gare d’Eau à Besançon. Ces pratiques seraient en progression depuis cinq ans. “C’est de la prostitution cachée. Le fait que tout se passe dans un hôtel permet de contourner la loi qui interdit le racolage” observe Marion Beauvois, chargée de développement à la déléga- tion du Doubs duMouvement duNid qui milite pour abolir le système prostitu- teur en France. Elle est la seule salariée de l’association qui compte en six béné- voles. Tous les quinze jours, dans les rues de Besançon, la petite équipe qui a peu de moyens, part à la rencontre des pros- tituées “pour prendre de leurs nouvelles tout d’abord” et leur proposer de les accom- pagner, dans différentes démarches, qui les aideront au quotidien, quand elles en formulent le souhait.

Actuellement, une quarantaine de filles patientent sur les trottoirs des rues de la capitale régionale. Beaucoup vien- nent d’Europe de l’Est, de Bulgarie et de Roumanie en particulier. “Contrai- rement à de ce qu’elles nous disent, nous sommes pratiquement certains qu’elles sont prises dans des réseaux” estime Marion Beauvois. Selon une enquête, une fille de l’Est rapporterait à son proxé- nète 110 000 euros par an ! Ces prosti- tuées ont entre 18 et 30 ans. Mais le Nid, rencontre aussi des femmes fran- çaises, qui ont cinquante ans et plus, qui se résignent à faire commerce de leur corps par “nécessité économique” … Selon cette association qui œuvre sur le terrain, il semble qu’en ce moment les prostituées aient moins de clients. “Cer- taines s’interrogent sur l’opportunité de quitter Besançon.” Une situation qui crée des tensions supplémentaires sur le trottoir. “Les filles ne se font pas de cadeaux entre elles. C’est dur pour elles en ce moment qui par ailleurs elles font face à des comportements violents à leur

égard de la part de personnes qui les insultent par exemple.” C’est parce qu’il connaît la réalité de la prostitution et la façon dont elle broie les être humains que le Nid même des actions de sensi- bilisation auprès des jeunes des lycées (N.D.L.R. : le Nid sera présent sur le marché solidaire en décembre square Saint-Amour). Tout le monde n’est pas exactement de cet avis. À Besançon est né le collectif, des “Putains dans l’âme” qui réunit des “personnes de tous horizons, pratiquant ou non le travail du sexe, qui ont pour revendications communes une vision plus positive du métier et de meilleures conditions de travail” apprend-on sur leur blog . Ce collectif qui prétend mener une action politique est un peu le por- te-parole “des putes libres” qui ont choi- si délibérément de vivre de la prostitu- tion et qui en ont assez de la répression. Il lutte contre “l’abolitionnisme et la vic- timisation systématique des travailleurs et travailleuses du sexe.” T.C.

EN BREF

Ledoux Les terminales S.T.G. du Lycée Claude- Nicolas Ledoux soutiennent les Restos du Cœur par deux actions : la collecte trousseaux maternité. Il s’agit de solliciter des dons de la part des ménages, des pharmacies des magasins et des fabricants sur ces deux catégories de produits. Collecte auprès des ménages les 2 et 3 décembre et les 9 et 10 décembre. Salon 15 ème Salon du livre comtois avec 26 éditeurs régionaux ainsi que de Bourgogne et de Suisse romande, dans le cadre de la foire des Talents comtois à Micropolis les 18, 19 et 20 novembre prochains à Besançon. conférences, lectures, poèmes et musique, contes, ateliers d’enluminure, d’écriture, de calligraphie, Archives départementales, danses du Second Empire… Rens. 00 41 Samedi 19 novembre de 13 h 30 à 17 h 30, à l’occasion de la journée nationale des assistantes maternelles, celles-ci se mobilisent et présenteront cette année leur métier à travers la thématique “l’enfant et le jeu” : exposition et différents ateliers consacrés à l’éveil de l’enfant. À la ludothèque de Palente au 5D, rue Berlioz à Besançon. Les animatrices des relais 21 809 91 00. Maternelles des jouets et la collecte de 300 Nombreuses animations,

bien de temps. Mais dans toutes ces “invitations coquines” , il y a aussi des filles prises dans des réseaux de prostitution. Le 6 avril et le 26 mai, la police judiciai- re de Besançon a procédé à plusieurs interpellations dans un hôtel à École-Valen- tin. La première affaire concer- nait deux prostituées brési- liennes et une troisième interpellée à Dijon.

“Putains dans l’âme.”

POPULATION Nouveau découpage des aires par l’I.N.S.E.E. Besançon perd des places, Pontarlier gagne en influence La majorité des Francs-Comtois travaillent et résident dans une des 25 aires d’influence des villes. Pontarlier connaît une forte progression avec Dole. Besançon grandit faiblement.

L’ I.N.S.E.E. a actualisé le zonage en aires urbaines qui délimite les aires d’influence des villes. Cette nouvelle délimitation suc- cède à celle qui était basée sur le recensement de 1999. Elle a pour but de décrire le ter- ritoire en se fondant sur l’identification de pôles où se concentrent les emplois d’une part, et en s’appuyant sur la délimitation des aires d’influence de ces pôles, fondée sur les dépla- cements domicile-travail d’autre part. L’aire urbaine de Besan- çon constituée de 11 communes, qui était 37 ème dans le classe- ment en 1999 en termes de popu- lation, régresse au 41 ème rang sur 241. Selon l’étude, la majorité des

Francs-Comtois travaillent et habitent dans l’aire d’influence d’une ville. Les grandes aires urbaines de la région - Besan- çon, Montbéliard, Belfort, Dole, Vesoul, Lons-le-Saunier et Pon- tarlier - ne rassemblent que 63 % de la population régiona- le contre 77% enmoyenne natio- nale. Preuve que notre région demeure rurale. Le degré d’urbanisation est moindre en Franche-Comté qu’au niveau national car les grands pôles urbains de la région sont de taille plus modeste. Ils regroupent seulement 37 % de la population contre 59 % en moyenne nationale, plaçant la Franche-Comté au 17 ème rang des régions métropolitaines. L’emploi reste concentré en milieu urbain mais la popula- tion continue de s’éloigner de la ville pour établir son lieu de résidence. Seulement 11 % de la popula- tion comtoise vit à l’ouest de la Haute-Saône, au sud-ouest du Jura et le long de la frontière

suisse. Preuve en est : Pontar- lier s’est étendu de + 87 % en terme de bâti. C’est Dole qui décroche le pompon (+ 140 %), Lons est à 12 %, Vesoul 22 %, Belfort 19 % et Montbéliard 4 %. Cette dernière est la seule aire d’influence (avec Le Havre) à perdre de la population. Pro- blème de cette étude pour le Haut-Doubs, elle oublie d’évoquer l’attractivité de la Suisse voisine… Si Pontarlier connaît avec Dole le plus fort taux d’urbanisation de la Franche-Comté, Morteau ou

Maîche semblent bénéficier en moindre mesure de l’impact fron- talier. Ainsi, Pon- tarlier passe d’une superficie de 162 km 2 (en 1999) à 304 km 2 (2008). Besançon, en défi- cit de terrain, a forcément plus de difficulté à s’étendre.

Besançon, 41ème sur 241.

7 grandes aires urbaines : Besançon, Montbéliard, Belfort, Dole, Vesoul, Lons-le-Saunier, Pontarlier. 4 aires moyennes : Gray, Luxeuil-les-Bains, Saint- Claude, Lure.

17 petites aires : Champagnole, Delle, Morteau, Morez, Poligny, Baume-les- Dames, Valdahon, Arbois, Maîche, Ornans, Saint-Loup- sur-Semouse, Saint-Lupicin, Salins-les-Bains, Saint Amour.

de la Mutualité française Doubs

seront présentes pour les soutenir dans leur démarche.

Entre l’aire bisontine et dijonnaise, celle de Dole prend de l’importance.

Renseignements : Céline Basire au 03 81 21 23 22.

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