La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

L’HÔPITAL-DU-GROSBOIS Élan de solidarité 52 ans après, il retrouve sa patrie Le soldat Guy Bruchon est mort lors du conflit algérien, il a été inhumé à Oran. Sa dépouille est revenue le 10 novembre à L’Hôpital-du-Grosbois grâce à un élan de solidarité. L’État français avait refusé de rapatrier le corps. L’oubli est effacé.

Le soldat Guy Bruchon, abandonné, a retrouvé sa terre d’adoption après maints tracas administratifs.

À L’Hôpital-du-Grosbois, un secret jusque-là bien caché “renaît” cinquan- te-deux ans après. En 1959, Guy Bruchon est âgé de 21 ans. C’est un enfant sans famille, placé à la D.D.A.S.S., qui travaille com- me commis de fromagerie au village. Robert Saintot, âgé de 88 ans aujourd’hui, le prend sous son aile comme tuteur légal. Arrive le conflit d’Algérie où Guy Bruchon est mobilisé en 1959. Placé en base arrière (jour de repos) au bord de la mer, le jeu- ne homme se baigne et se noie. L’armée prend contact avec la

municipalité de L’Hôpital-du-Gros- bois de l’époque qui ne juge pas nécessaire de le rapatrier. L’État de son côté ne prend pas le rapa- triement du

sant cet enfant là-bas. Je me suis fixé un objectif : rapatrier le corps” dit-il. Le défi du maire semble réus- si après de nombreux tracas administratifs, “ballotté” ça et là par l’ambassade de France en Algérie ou au ministère. Même au sein du village, les langues des anciens ont eu du mal à se délier : “Certains avaient un sentiment de culpa- bilité d’avoir laissé cet enfant là-bas” évoque Jean-Claude Gre- nier. Le ministère de l’Intérieur algérien a autorisé vendredi 28 octobre l’exhumation du corps après deux longues années de discussions. Le 10 novembre, le défunt a retrouvé sa terre où une céré- monie lui sera dédiée. Elle s’annonce très suivie. Pour rapa- trier le corps et n’engager aucun frais, la mairie a lancé une sous- cription qui a connu un véri- table succès : près de 360 dona- teurs se sont mobilisés si bien que L’Hôpital-du-Grosbois a récupéré la somme de 9 000 euros, largement plus que le coût nécessaire au transfert. L’union nationale des combat- tants d’Ornans l’utilisera pour la réfection du carré du mili- taire, la cérémonie et les œuvres sociales. Oublié, Guy Bruchon revient en “héros”. Belle leçon. E.Ch.

Son nom était inscrit sur le monument aux morts. Mais sa dépouille n’était pas là.

défunt à sa char- ge sachant qu’il “n’est pas mort la France.” Guy Bru- chon sera enterré à Bone puis ré- exhumé et enterré au carré mili- taire d’Oran. Les années passent, la mémoi- re du jeune avec, jusqu’à ce que Jean-Claude Grenier, maire de L’Hôpital-du-Grosbois, ne met- te son nez dans les archives municipales. “En 2009, j’ai été contacté par l’Union nationale des combattants (U.N.C.) du can- ton d’Ornans pour célébrer le 50 ème anniversaire de sa mort, car Guy Bruchon est inscrit au monument aux morts. Nous avons organisé une célébration. J’avais prévu de déposer une gerbe sur sa tombe…mais il n’y en n’avait pas !” se souvient l’édile. Il fouille les archives et s’aperçoit que le corps est… en Algérie. Il fait de cet oubli un objectif de son mandant : “À l’heure où l’on parle de symboles de la République, je trouve que l’État a failli à sa tâche en lais- 9 000 euros récupérés.

THISE

Des bidons de solvant L’aire de grand passage

jonchée de déchets

S téphane Courbet, le maire de Roche-lez-Beaupré est exaspé- ré. “Il y a 17 000 véhicules qui passent par là et qui voient ça. La moindre des choses est que la Com- munauté d’Agglomération du Grand Besançon nettoie. C’est sa responsabi- lité.” Les derniers occupants de l’aire de grand passage de Thise réservée aux gens du voyage ont laissé les lieux dans un triste état. Le site est fermé depuis que les dernières caravanes logées ici provisoirement ont retrouvé un emplacement sur l’aire de la Mal- combe qui était en travaux.Mais depuis un mois, les déchets sont toujours là. Pêle-mêle, on aperçoit derrière le grilla- ge les restes d’une caravane qui a été incendiée.À plusieurs endroits, le ter- rain est brûlé. Au fond de l’aire, des branchages sont entassés avec à côté des pneus, des couvertures, les portes d’un véhicule. Le long du chemin qui traverse le site, les sacs-poubelle ont été éventrés et les immondices répan- dus sur le sol. “Cela ne serait sans dou- te pas arrivé s’ils avaient été ramas- sés à temps” estime Stéphane Courbet. Ce n’est pas tout : sous un buisson, à quelques mètres du Doubs, mais dans l’enceinte du terrain, se trouvent deux énormes bidons d’un solvant qui “convient au nettoyage de matériel souillé par la peinture” lit-on sur l’étiquette. Un produit décrit comme “nocif pour les organismes aquatiques. Il peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aqua- derniers occupants de l’aire de grand passage de Thise. Le maire de Roche-lez-Beaupré en appelle à la responsabili- té de l’Agglo pour que le site soit nettoyé. Située en contrebas de la route départementale, le terrain est couvert de déchets laissés là par les

tique.” Les bouchons sont ouverts, une odeur âcre se dégage de ces jerrycans . Ils sont renversés, on peut supposer qu’une partie du produit qu’ils rete- naient s’est écoulée dans la nature. Lors du dernier Conseil communau- taire, Stéphane Courbet a interpellé Jean-Louis Fousseret le président de l’Agglo sur la situation comme il l’avait déjà fait en mars dernier. À la suite de son intervention et de courriers, la benne à ordures située à l’entrée de l’aire a été enfin enlevée. “Il y avait des rats” raconte le maire de Roche- lez-Beaupré. Il ajoute : “Ce que je sou- haite à l’avenir, c’est que l’aire soit net- toyée dans les plus brefs délais après le départ des derniers occupants.” La communauté d’agglomération ne reste pas les bras croisés. Elle a deman-

dé un devis à la société Franche-Com- té Assainissement (F.C.A.) pour que l’aire soit nettoyée. “La société F.C.A. s’est déplacée. Elle a constaté qu’il y avait plusieurs types de déchets qui devaient être traités par des filières différentes” explique Bernard Moyse le maire de Thise, vice-président de la C.A.G.B. en charge des gens du voya- ge. L’Agglo attend donc pour l’instant un devis précis de F.C.A. avant de pro- céder à l’enlèvement des déchets. L’aire de grand passage sera nettoyée et remise en état. Ensuite, sa gestion sera transmise à Vago, un prestatai- re privé à qui elle a délégué la prise en charge des cinq aires de son ter- ritoire. T.C.

Les restes d’une caravane incendiée.

Deux bidons de solvant se déversent

dans la nature.

Les déchets sont visibles depuis la rou- te.

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