La Presse Bisontine 126 - Novembre 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 126 - Novembre 2011

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RÉINDUSTRIALISATION Une centaine de dossiers en 2010 Yes he can ! À 38 ans, Gilles Cassotti, commissaire à la réindustrialisation de la Franche-Comté a pris à bras-le-corps la mission pour laquelle le gouvernement l’a investi. À la fois connaisseur des arcanes de l’administration d’État et du tissu industriel régional, il active ses réseaux pour aider les entreprises industrielles à faire face à la crise ou a se développer.

Gilles Cassotti

ouvre des pistes aux entreprises qu’elles n’exploraient pas sans lui afin de les aider à franchir des caps.

S on bureau à la préfec- ture ? Il ne fait qu’y pas- ser. Gilles Cassotti est un courant d’air. En réa- lité, c’est un homme de terrain dont l’agenda le conduit aux quatre coins de la Franche-Com- té, là où le devoir l’appelle. Son rôle n’est pas d’être assis sur une chaise derrière un ordina- teur, mais d’agir aux côtés des chefs d’entreprises et de leurs salariés. À 38 ans, le commissaire à la réindustrialisation de la Franche-Comté est resté fidèle aux principes de la mission pour laquelle le gouvernement l’a investi il y a bientôt trois ans. “Votre rôle consistera à tout fai- re pour anticiper et éviter les plans sociaux massifs et les

trialisation a fait l’objet de cri- tiques (certains ne sont d’ailleurs plus en place), Gilles Cassotti qui agit sous l’autorité du pré- fet le dit tout net : “Il n’y a pas un seul jour où je ne me sente pas utile pour la Franche-Com- té, les entreprises et les emplois. C’est mon meilleur carburant.” Toutefois, il n’est pas le bon samaritain délégué par l’État pour signer des chèques qui sau- veront à court terme du nau- frage financier des entreprises en rade. “Je n’ai pas un sou à moi rappelle Gilles Cassotti. Mon rôle est de tricoter des solu- tions surmesure y compris finan- cières pour des sociétés qui en ont besoin en mobilisant un ensemble d’outils. Je suis un coordinateur.” Seul, il ne peut

dépôts de bilan. Je vous deman- de de vous donner à fond pour soutenir les projets de reprise et de réindustrialisation des sites. À vous de lever tous les blocages administratifs. À vous de cibler les investisseurs” disait Nicolas Sarkozy le 4 mai 2009 aux dix commissaires réunis à l’Élysée avant de les envoyer chacun muni de cette feuille de route dans des régions écono- miquement sensibles (Lorrai- ne, Bretagne, Haute-Norman- die, Rhône-Alpes, Picardie…). Que reste-t-il aujourd’hui de ces “super-préfets industriels” sans véritables pouvoirs, censés voler au chevet des entreprises embar- quées dans le tumulte de la cri- se ?Alors que la portée de l’action des commissaires à la réindus-

échecs.“Mon pire souvenir, c’est la fin de Sermed (28 salariés). L’actionnaire américain a dit “No, I close.” Et c’est tout. Vous ne pouvez rien faire. Quand une situation est inexorable, on fait de la revitalisation de site et des plans sociaux dignes de ce nom.” Le volontarisme a ses limites. Prudent,Gilles Cassotti ne consi- dère jamais qu’une entreprise aidée est définitivement tirée d’affaire. Il veille à ce que le malade ne rechute pas. Le contexte économique actuel de la Franche-Comté a tendance à le rassurer. “Nous ne sommes pas revenus aux chiffres du début de l’année 2008 qui étaient exceptionnels. Cependant, les entreprises travaillent. Le sou- ci, c’est que la reprise consta- tée en 2010 jusqu’en juin 2011 marque le pas. Oui, nous avons le moral dans la limite des pers- pectives que nous avons devant nous. Je rappelle qu’aujourd’hui encore, tous les outils mis en place par l’État pour accompa- gner les entreprises dans la cri- se sont encore en vigueur, y com- pris le médiateur du crédit.” Le plus grand risque serait que le monde de la finance s’écroule. Mais nous n’en sommes encore pas là. T.C.

sée dans le creux de la vague. Elle a été tirée d’affaire par une mobilisation de l’État et des col- lectivités locales pour commencer, avant de venir s’adosser au grou- pe Maike Auto- motive. “Pour la société S.I.S. à Avoudrey qui est en plein dévelop-

rien. L’intervention de cet hom- me de réseau qui connaît les arcanes de l’administration d’État, qui sait de quoi est fait le tissu industriel régional, qui sait enfin frapper aux bonnes portes, est efficace si le travail est collectif. Il doit recueillir au minimum l’adhésion des chefs d’entreprises industrielles “dont personne ne dit qu’ils sont exem- plaires dans un contexte où ils manœuvrent avec une visibili- té à 15 jours ou trois semaines.” Depuis sa nomination, parmi les plus belles réussites, Gilles Cassotti cite Peugeot Japy, un équipementier automobile du pays de Montbéliard. L’usine (plus de 1 000 salariés) est pas-

“On a besoin de médiateurs.”

pement, je suis allé chercher les premières aides à la réindus- trialisation de Franche-Comté.” En 2010, Gilles Cassotti s’est impliqué dans une centaine de dossiers. Certains se règlent sur un coup de fil, d’autres deman- dent plus de temps. Au besoin, il ouvre son carnet d’adresses pour faciliter le reclassement des salariés d’une entreprise à l’autre.Actuellement, il est atten- tif au devenir des employés de la société Tricotage et Confec- tion d’Ornans (T.C.O.) où 33 emplois (sur 44) doivent être supprimés dans le cadre du plan de restructuration. “La vie éco- nomique est comparable à la vie normale. On a besoin de média- teurs” souligne-t-il. Cette vie- là n’est pas un long fleuve tran- quille. Au bilan, il y a hélas des

BATTANT

Trois à l’E.S.B.-F. Le cap du 2 000 ème contrat aidé atteint C’est dans l’association Écouter-Voir que travaille Delphine Devaux, une salariée que Hamid Asseila l’employeur n’aurait pas pu embaucher sans ce dispositif d’État.

Un rachat possible Klaus : un demi-échec économique L e 25 juillet, l’entreprise Klaus a été placée en redresse- ment judiciaire assorti d’une période d’observation d’un semestre par le tribunal de commerce de Besançon. Une décision qui fait suite aux difficultés financières que rencontre la P.M.E. mortuacienne depuis près de deux ans. La procé- dure judiciaire permet de suspendre les dettes de l'entreprise pour oxygéner ses comptes et maintenir son activité. Pourtant, à l’été 2010, cette société qui emploie une cinquantai- ne de personnes avait fait l’objet d’une recapitalisation à hauteur de 350 000 euros par le biais du programme Franche-Comté P.M.E. Défis 2010. Ce dispositif a pour stratégie d'investissement l’apport en fonds propres à des P.M.E. franc-comtoises en diffi- cultés conjoncturelles et surmontables. A ce jour, une dizaine de sociétés ont bénéficié de cet appui financier dans la région. “Ces fonds n’ont malheureusement pas permis de soutenir et de conso- lider la P.M.E. de Morteau. En revanche, cette intervention a per- mis de mettre à plat la stratégie. C’est un bon point pour l’avenir” note une source proche du dossier. “C’est un échec reconnaît Gilles Cassotti, le commissaire à la réindustrialisation qui est inter- venu sur ce dossier. Mais ce ne sera pas un échec dans la durée.” Selon lui, ce qui sauve aujourd’hui cette entreprise qui existe à Morteau depuis 1903 est précisément son histoire, son nom et son savoir-faire. Désormais, retrouver le chemin de la croissan- ce signifie sans doute pour Klaus de s’adosser à un partenaire. Il semble que cette marque de renommée intéresse déjà des socié- tés de l'agro-alimentaire.

Hamid Asseila, à gauche,

emploie deux salariés dont Delphine Devaux en C.A.E.

E mbauchés au S.M.I.C. avec une aide de l’État qui couvre 80 % du salaire.L’aubaine était idéale pour HamidAsseila,le gérant de l’association Écouter-Voir, spécialisée dans la billet- terie et la production de spectacles, qui cherchait une chargée de communica-

Ce contrat d’accompagnement à l’emploi (C.A.E.) est le 2 000 ème signé dans le Doubs depuis le lancement du dispositif. Depuis juillet dernier, les taux d’aide pour ce genre de contrats limités à 20 heures hebdomadaires sont même passés de 70 à 80 % du S.M.I.C. Le coût mensuel résiduel pour l’employeur est de 261 euros. En Franche-Comté, 9 800 C.A.E. ont déjà été signés. Le C.A.E. est non seulement ouvert aux associations, mais également aux établissements publics (collèges, hôpi- taux, maisons de retraite, syndicats mixtes…) et aux collectivités territo- riales et locales. “On a la possibilité

d’en faire encore 2 000 dans le dépar- tement d’ici la fin de l’année” précise le préfet Christian Decharrière venu vanter les mérites de ce dispositif d’État qui tarde à atteindre sa vites- se de croisière. “Je lance un appel à tous ceux qui ont la possibilité de créer de la richesse collective” ajoute le repré- sentant de l’État également soucieux de redresser des chiffres de l’emploi peu flatteurs depuis le printemps. Les structures qui connaissent le dis- positif l’utilisent parfois largement. Le club de handball E.S.B.-F. a récem- ment embauché trois nouveaux sala- riés en C.A.E. J.-F.H.

tionet debilletteriedans le nouveau local de l’association à Battant (face aux Bains Douches). “Sans cette aide, il est clair que l’embauche de Delphi- ne aurait été impossible” confirmeHamidAssei- la.

Encore 2 000 d’ici la fin de l’année.

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