La Presse Bisontine 126 - Novembre 2011

BESANÇON 18 La Presse Bisontine n° 126 - Novembre 2011

LE FEUILLETON DU TRAM 1,5 milliard d’euros

Dans le berceau du futur tramway bisontin Méconnu, voire décrié par ceux qui ne connaissent pas son savoir-faire, le fabricant espagnol C.A.F. est désormais le cinquième constructeur mondial de matériel roulant ferroviaire. Explications et visite du site C.A.F. en images.

Jean-Louis Fousseret pour- suit les négocia- tions avec le pré- sident de C.A.F., Andres Arrizkor- reta. En jeu notamment, la question de la cli- matisation du tram bisontin que le maire espère obtenir gratuite- ment.

L’usine de Beasain

emploie près de 2 500 salariés.

D ans la cour d’entrée du site espa- gnol situé à Irun, à quelques pas de la frontière française, une impressionnante grue s’apprête àhisser une rame demétro sur un camion. Ce convoi exceptionnel va bientôt quit- ter l’Espagne, rejoindre une liaisonmari- time et traverser l’océan. Direction Medellín, en Colombie. Plus loin, c’est un train complet qui est prêt prendre la route. Destination : l’Arabie Saoudite. D’autres trains,métros ou tramways ont déjà quitté les usines espagnoles pour rejoindre les villes où elles circulent désormais : Pittsburg, Sacramento,Mexi- co, Stockholm, Antalya, Washington ou encore Hong Kong. Le groupe C.A.F. (Construcciones yAuxiliar de Ferrocar- riles, S.A.) qui construira le tramway bisontin se tourne résolument vers l’international. Avec 7 215 salariés à travers le mon- de, l’Espagnol est désormais le cin- quième constructeur ferroviaire dumon- de. Outre plusieurs sites de fabrication en Espagne, C.A.F. est présent aux États- Unis, au Chili, au Mexique ou encore au Brésil. C’est aussi le seul fabricant au monde 100 % intégré, qui fabrique jusqu’aux roues de ses trains, métros ou tramway dans sa fonderie du site de Beasain, siège historique de la firme ferroviaire fondée en 1917. Particula- rité de C.A.F. : son actionnariat, com- posé à 30 % des salariés eux-mêmes. Le groupe C.A.F. a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros (contre 241 millions en 1994), pour un résultat net 2010 de 129,6 millions. “Nous sommes à 2,8 années de com-

Antonio Campos, directeur du

sente un vrai potentiel” confirme Lau- rent Caseau, directeur commercial de C.A.F. pour la France. À l’occasion de sa visite du principal site C.A.F. à Beasain, le maire de Besan- çon a réaffirmé le choix bisontin : “Nous avons constaté que le nombre d’utilisateurs de bus baissait à Besan- çon. Il fallait trouver un autre moyen. Nous sommes partis d’un constat simple : un tramway à 25 millions du km, on n’était pas capables de le faire. On a donc réfléchi à un tramway autrement. D’où notre volonté de réaliser un tram- way plus court, optimisé en coût – 15mil- lions du km - sans pour autant être low- cost ” a plaidé Jean-Louis Fousseret. Le président de C.A.F., Andres Arriz- korreta reconnaît de son côté que C.A.F. mise gros avec le tramway bisontin :

mandes pour un montant de 4,518 mil- liards d’euros” se félicite Antonio Cam- pos., directeur du développement inter- national de C.A.F. Le fabricant espagnol travaille actuellement sur une tren- taine de projets en simultané. C.A.F. semble une entreprise solide avec “aucu- ne dette bancaire et 400 millions d’euros cash en banque” précise son président. Besançon est donc le premier marché que C.A.F. a signé en France. D’autres villes ont suivi l’agglomération bison- tine comme Nantes par exemple, qui a également signé avec C.A.F. Et le modè- le bisontin risque de faire des petits. Avignon réfléchit à ce type de tramways “courts”, tout comme Nîmes pour sa deuxième ligne, Lens ou encore Béthu- ne. “Pour nous, ce nouveau type de mar- chés avec un tramway plus court repré-

développement international de C.A.F.

Le site des usines C.A.F. de Beasain s’étend sur 18 000 m 2 couverts.

Le site de Bea- sain a été créé en 1917.

Les bogies en cours de fabrication.

Zoom Le tram bisontin assemblé en France E n rachetant, partiellement en 2007 puis complètement en décembre 2010 la société C.F.B. (construction ferroviaire de Bagnères), la société C.A.F. a fait le choix stratégique de sʼimplanter en France pour conti- nuer à pénétrer le marché hexagonal. Cʼest là que dès le mois dʼavril 2013, la quasi-totalité des rames du tramway bisontin seront assemblées. Pour ceux qui sont sensibles au chauvinisme économique, Antonio Cam- pos, le directeur du développement international de C.A.F. précise que “70 % des heures de travail concernant le tram bisontin seront assurées en France, dans notre usine de Bagnères-de-Bigorre.” Les premières rames assemblées à Bagnères seront celles du tramway de Nantes, suivies de près par celles de Besançon dont les premières arriveront dans la capitale comtoise au printemps 2013.

Les wagons sont montés dans le même site du pays basque.

La délégation bisontine a visité l’ensemble des installations.

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