La Presse Bisontine 126 - Novembre 2011

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 126 - Novembre 2011

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Zoom Sa biographie

RENCONTRE Un Bisontin promeut l’Afrique Le grand frère des Africains Installé à Paris, le Bisontin Oumar Yugo préside le Centre international des décideurs, association favorisant le rayonnement économique, industriel et culturel de l’Afrique. Il évoque le contexte économique, les pots de vin, la “Francité”…

bacar Sidiki Touré. L’Europe a tendu la main aux Africains. Bientôt, ce sera peut-être à ce grand continent de nous sortir de la torpeur économique…Aux Européens d’être prêts. E.Ch. Il est Secrétaire Général du cercle des jeunes chefs dʼentreprises du Burki- na Faso, association quʼil a fondée en 2000 et dont les adhérents génèrent aujourdʼhui 2 milliards dʼeuros de chiffre dʼaffaires par an. De 2002 à 2008, il a été Président de la Maison de lʼEntreprise du Burkina Faso. En cet- te qualité, il a assuré plusieurs Mis- sions économiques en France et en Malaisie (2004), en Inde et en Chine (2005) puis au Canada (2006).. Depuis1996, Oumar Yugo est P.D.G. du Groupe WEP S.A., une entreprise de B.T.P. et dʼénergie implantée à Oua- gadougou et qui emploie plus de 600 personnes en Afrique de lʼOuest. Il est aussi Directeur Général de I.B.C., une société dʼimport-export et dʼintermédiation créée en 1992 à Besan- çon. Il est également P.D.G. de Kora- finance, une société dʼintermédiation financière et dʼingénierie financière ayant pour objet le rachat et la restruc- turation de sociétés africaines. Depuis 2008, Oumar Yugo est aussi président du Conseil dʼAdministration de la S.O.G.E.A.O., société de ges- tion de lʼabattoir frigorifique de Oua- gadougou.

H omme discret, d’influence, de tem- pérament, Oumar Yugo est tout cela à la fois. Cet “expatrié”Bison- tin, P.D.G. du GroupeWEP S.A., entre- prise de B.T.P. et d’énergie implantée à Ouagadougou employant plus de 600 personnes, s’est échiné à aider les per- sonnes de sa communauté, et les autres. Au siège du Planoise Karaté Academy (P.K.A.) qu’il fonda rue de Trépillot, ce Burkinabé d’origine recevait - déjà - les Africains de Besançon en galère dans les années quatre-vingt et jusqu’en 1997, époque où il a cédé sa place de “maître” en karaté à son frère Aly. Un conseil, un coup de pouce, Oumar était là. Aujourd’hui, il est toujours présent et Besançon “reste dans son cœur” lâche- t-il, même s’il vit entre Paris et Oua- gadougou. Sa présence est désormais

à une échelle différente. Arrivé en Franche-Comté en 1984, il a créé enmai 2010 le C.I.D. (centre inter- national des décideurs), association à but non lucratif regroupant des cadres et chefs d’entreprises français et d’origine africaine. Son credo est clair : les poli- tiques doivent “faire de la politique” , les hommes d’affaires “du business.” Il a réuni fin septembre auGrand Palais à Paris les grands décideurs africains afin que ces derniers “aident” leur pays d’origine. “L’Afrique va afficher une crois- sance à deux chiffres. Malgré les crises, les conditions sont réunies… Jusqu’à présent, aucune entreprise n’a perdu d’argent en investissant en Afrique” avoue-t-il. Oumar Yugo veut imposer des garanties : “L’association fonction- ne comme un garde-fou afin que les

entreprises ne viennent pas seulement utiliser nos ressources (10 % de la pro- duction d’or mondiale et 20%du pétro- le). Nous attendons un équilibre dans les échanges” explique le Burkinabé, qui rappelle l’amitié qu’il a nouée avec feu Claude Girard (ancien président du Doubs). Les besoins sont énormes en matière de transport, énergie, environnement. Conséquence, de nombreux pays lor- gnent sur cet espace. Les Chinois sont déjà là, en force : “Ils font du dumping et n’ont pas de charte contrairement à la France…qui avait une certaine cha- rité” déplore OumarYugo. Le président du C.I.D. de poursuivre : “Les Africains doivent se mettre en position de com- bat. Ils doivent rentrer chez eux pour promouvoir l’initiative économique,

sociale. Ceux qui ont été formés en Euro- pe apporteront ainsi une plus-value.” Oumar Yugo n’a aucun complexe. Il assume à 100 % sa “francité” et reven- dique une double culture.À l’heure des commissions, rétro-commissions et mal- lettes de billets, le Burkinabé n’élude pas le sujet. “Oui, il existe des pots de vin en Afrique… comme il en existe en France. Mais je peux vous dire que la proportion est moindre qu’elle ne le fut.” Les Ambassadeurs des pays de la zone U.E.M.O.A. (union économique moné- taire Ouest africaine) ont exprimé leur soutien à l’association, au travers d’un discours commun prononcé par l’Ambassadeur du Mali à Paris, Bou- Oumar Yugo a gardé des attaches familiales à Besançon.

Petit florilège des phrases-cultes des élus bisontins Conseil municipal du 14 octobre 2011 Les perles du conseil Mireille Péquignot (U.M.P.) étonnée des chiffres présentés concernant la création du Pôle de la gare Viotte (5 ou 7 millions d’euros ?) : “Comme le disent vos amis de la gauche : quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.” Jean-Louis Fousseret reste stoïque : “Je ne vous répondrai pas tant que je n’aurai pas eu vos excuses.” (N.D.L.R. : Mireille Péquignot a parlé de “commissions” concernant le choix de l’Espagnol C.A.F. comme constructeur du tram suscitant l’indignation du maire et d’autres élus de la majorité). Coup de théâtre à 20 heures Mireille Péquignot (U.M.P.) (re)prend la parole. Elle évoque (à nouveau) le Tram. La majorité quitte la salle en soutien au maire. L’U.M.P. parle de manipulation politique et s’en va à son tour. Ambiance. La suite des débats se déroulera sans M. Omouri, M. Péquignot, P. Bonnet, tous U.M.P. Emmanuel Dumont (P.S.) à propos de la motion sur la transparence financière et bancaire présentée - en fin de conseil - par Europe Écologie-Les Verts : “Arrêtez de prendre le conseil municipal en otage avec vos vœux pieux.” Martine Jeannin s’inquiète des loyers impayés (825 000 euros) présentés sur les comptes de la S.A.I.E.M.B. Société anonyme immobilière d’économie mixte de Besançon : “Vos visages (ceux des membres du Conseil d’administration) auront sans doute pris quelques rides d’inquiétude à la fin de l’année lors de la lecture du bilan…” Jean-Louis Fousseret de répondre : “La S.A.I.E.M.B. ne risque pas le dépôt de bilan.” Michel Omouri (U.M.P.), toujours à propos de ce déficit : “Vendez les bijoux de famille pour renflouer les caisses. Comme dit l’adage : aide-toi et le ciel t’aidera…” Catherine Gelin à propos du réseau de télévision câblé et du choix de Numéricable : “Je manifeste mon mécontentement de n’avoir pas été invitée aux réunions.” Réponse du maire : “Eh bien manifestez ! ” Martine Jeannin déplore l’augmentation de la facture de chauffage à Planoise : “C’est + 12,5 % de chauffage par an, soit 750 euros.” Philippe Gonon d’ajouter : “Entre deux mêmes logements de même surface, le coût de chauffage peut varier de 10 à 50 % !” Benoît Cypriani (adjoint au maire) de rétorquer : “Je vous mets au défi de présenter les chiffres que vous avancez. Comparez ce qui est comparable.” Michel Omouri intervient sur le contrat local de Prévention et de sécurité : “Je reporte sur vous Monsieur le Maire l’incidence de l’augmentation de la délinquance. Elle est de 22 % à Besançon et de 18 % au niveau national…” Jean-Louis Fousseret : “Il y a 60 policiers en moins, c’est bien sûr de la responsabilité du maire !” Jean-Louis Fousseret à propos des grands projets de ville et de la création du Pôle Viotte : “Même si un jour je ne serai plus maire, je travaille pour l’avenir, pour vos enfants (il parle à Michel Omouri). C’est cela qui me guide.” Michel Omouri rebondit : “Très bientôt… vous ne le serez plus (le maire).”

TRIBUNE “EXPLIQUEZ-VOUS MADAME JEANNIN”…

Chaque mois, retrouvez désormais dans cette tribune les observations - qui nʼengagent que lui… - dʼun acteur de la vie politique ou économique de Besançon ou du Grand Besançon “Couches savantes” Martine Jeannin, conseillère municipale, défend, seule contre tous, l’idée que la scolarisation des enfants de 2 ans est inutile et inappropriée. Elle précise ses propos qui avaient déclenché un tollé au conseil municipal de septembre.

“J e reconnais volontiers que ce sujet est épineux et délicat, car vivement défendu par les syndicats des instituteurs, le S.N.E.S., Je reconnais aussi que si le nombre d’instituteurs va diminuant alors que le nombre d’élèves augmente, il y a assurément matière à revendiquer. Mais je pose la question : de quels élèves parle-t-on ? Qu’entend-on par école maternelle, car il faut le savoir,

la France est le seul pays à scolariser les enfants dès l’âge de 2 ans. Faut-il scolariser les enfants de 2 ans ? Est- ce à l’Éducation nationale de prendre en charge les enfants en bas âge ? Fai- re Bac + 5 pour surveiller la sieste des enfants ? Est-ce là réellement un objec- tif raisonnable pour tout étudiant choi- sissant ce métier ? Pour moi, l’éducation civique est réser- vée aux parents des enfants. J’entends par Éducation nationale : l’apprentissage du français, des maths et de toutes autres matières. L’Éducation nationa- le n’a pas à se substituer à l’éducation des parents. C’est un peu trop vouloir se débarrasser de ses responsabilités parentales que de confier des bébés à une institution. À mon avis, l’enfant de 2 ans à 5 ans peut être surveillé soit par des assistantes maternelles à leur domicile, soit intégré dans une struc- ture spécifique indépendante de l’Éducation nationale. Prochainement un rapport des sénateurs devrait ravi- ver ce débat sur la scolarisation des enfants dès l’âge de 2 ans. Le sénat est passé à gauche depuis le 25 sep- tembre, les réformes arriveront-elles à “bousculer le mammouth” ?”

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