La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011

7

RÉACTION

Vers l’équilibre financier “Des gens veulent voir couler cette maison de quartier” Christophe Bornier, président de la Maison de Quartier Rosemont-Saint-Ferjeux, ne nie pas les difficultés financières auxquelles est confrontée la structure. Mais selon lui, les mesures ont été prises pour la remettre sur les rails.

L a Presse Bisontine : Début mars, lors d’un conseil d’administration, votre démission a été demandée ainsi que celle de la directrice Agnès Jaegle. N’est-ce pas une nouvelle illustra- tion du profond malaise qui envenime la Mai- son de Quartier ? Christophe Bornier : Ma démission a en effet été demandée par un adminis- trateur. Ce qui m’était reproché, c’est le manque de diffusion d’informations. La plupart des documents de travail sont consultables mais à mon sens, certains d’entre eux étaient utilisés à des fins politiques dans le but de mettre en porte-à-faux la gouvernance de la maison de quartier. Nous sommes une association, chacun y adhère libre- ment, nous ne sommes pas là pour débattre de problèmes politiques. L’analyse que je retiens de tout cela, c’est que des gens veulent voir couler la maison de quartier. La question de ma démission a été soumise au vote. Sur les 16 administrateurs présents (N.D.L.R. : il y en a 21), 9 m’ont renou- velé leur confiance. Il était important pour moi que l’on puisse discuter de tout cela et de mettre les choses à plat. L.P.B. : Quel est le sentiment général des sala- riés ? C.B. : Ils sont inquiets. Leur préoccu- pation n’est pas de savoir qui sera le prochain président mais de quels moyens ils disposeront pour travailler demain.

Christophe Bornier croit toujours en l’avenir de cette maison.

du contexte économique. Cependant, quand tout va bien, cette activité est une source importante d’équilibre finan- cier. Le chantier d’insertion, c’était 60 000 euros de chiffre d’affaires. Plus nos difficultés augmentaient et plus on le sollicitait. Il y a quelque temps, la question s’est posée de l’opportunité qu’il y avait à s’en séparer. Mais agir ainsi revenait à accentuer nos diffi- cultés. En revanche, nous l’avons adap- té. De douze salariés en insertion, nous sommes passés à neuf, et nous avons licencié un encadrant technique. L’objectif 2011 est de réaliser 64 000 euros de chiffre d’affaires. C’est possible.

rer de la Buanderie qui accueille des personnes sans domicile fixe en vue d’alléger vos charges ? C.B. : Nous ne suppri- mons pas la Buanderie, mais nous sommes en train de nous rappro- cher de la Boutique Jeanne-Antide.Demain, nous ne serons plus l’association gestion- naire de cette nouvelle entité. Les trois postes de la Buanderie seront transférés à la future

dans cette structure ? C.B. : Cette maison a été montée de façon opportuniste sur des possibles. On nous a confié des missions. Grâce à un certain nombre de leviers com- me les contrats aidés, nous avons pro- fessionnalisé cette structure au détri- ment du bénévolat. Aujourd’hui, nous devons nous redonner les moyens de réinvestir cette Maison de Quartier. Un certain nombre d’actions peuvent être portées par des bénévoles alors qu’elles sont menées par des salariés. L.P.B. : La Maison de Quartier c’est aussi le chantier d’insertion. Est-ce que cette activi- té ne plombe pas la structure dans le contex- te actuel ? C.B. : Nous sommes en effet tributaires

te Maison de Quartier compte tenu des pro- blèmes financiers qu’elle rencontre ? C.B. : Quand avec les 21 administra- teurs nous avons pris conscience de nos difficultés financières, on s’est posé la question de sauver ou pas la Mai- son de Quartier. À l’unanimité, nous avons voté pour sa sauvegarde. Il a été décidé d’agir sur la masse salariale pour réduire nos dépenses de fonc- tionnement. Cinq équivalents temps plein ont été supprimés. Nous avons commencé par viser des postes qui étaient le plus éloignés du public. L.P.B. : Avant les licenciements, cette Maison de Quartier comptait 27 équivalents temps plein. C’est très important. Comment se fait- il qu’il y ait autant de prestations rémunérées

“Nous ne supprimons pas la Buanderie.”

structure ainsi que les subventions que nous percevions pour cette acti- vité. L.P.B. : Le problème de cette Maison de Quar- tier n’est-il pas qu’elle se disperse dans ses activités entre le volet social et les anima- tions ? C.B. : Cela appartient à l’histoire de cet- te Maison de Quartier. Le problème actuel est que si on supprime des acti- vités, il faudra trouver le moyen de supporter nos charges différemment. Plus on supprimera d’activités et plus on se sabordera car nous perdrons des adhérents. L.P.B. : Les mesures sociales sont-elles suf- fisantes pour sortir la structure de l’ornière ? C.B. : En serrant les charges, en 2009, nous sommes arrivés à contenir le défi- cit à 58 000 euros alors qu’il était annon- cé à 140 000 euros dans l’hypothèse où nous allions perdre une subvention de l’État pour la Buanderie qui a fina- lement été maintenue. Avec toutes les mesures prises, on arrive progressi- vement à l’équilibre financier. Nous devrions encore accuser un déficit finan- cier de l’ordre de 30 000 euros en 2010, qui est lié au coût des licenciements. L.P.B. : Quelles sont les perspectives d’avenir pour la Maison de Quartier ? C.B. : Maintenant qu’on retrouve l’équilibre financier, nous devons déve- lopper les activités de loisirs. Nous avons beaucoup travaillé sur nos bases. Il faut désormais travailler sur la redy- namisation de cette Maison de Quar- tier et l’accueil de nouveaux publics. Nous devons malgré tout contenir nos charges. Propos recueillis par T.C.

L.P.B. : Envisagez-vous encore de vous sépa-

L.P.B. :Avez-vous envisagé d’abandonner cet-

débat assiste à son enterrement. C'est un gâchis. Si ce lieu ferme, combien de familles vont se retrouver sur le car- reau ?” interroge Nadjib Chennoufi. Le licenciement de Mansour Sah- raoui a surpris dans l'entourage de l'établissement. “C'était un très bon animateur, très apprécié des habi- tants du quartier du Rosemont” explique cet ancien administrateur. D'ailleurs, par solidarité dit-on, une dizaine de bénévoles auraient quit- té la Maison de Quartier en même temps que lui. Des administrateurs seraient prêts à engager une pétition pour le soutenir. “Ce qu'il y a de plus surprenant, c'est que Mansour Sara- houi est remplacé. Alors qu'on ne dise pas que c'est pour réduire les charges de fonctionnement qu'il a été licen- cié” explique l'un d'eux. Le sujet est sensible et Christophe Bornier tient à couper court à toutes les rumeurs de discrimination ou de règlement de compte qui auraient motivé ces choix. “Des amalgames sont faits. Ce ne sont pas des gens qui ont été visés dans ces licenciements, mais des postes.” . T.C.

Mansour Sahraoui a été licencié et Nadjib Chennoufi, délégué C.G.T. est aussi sur la sellette.

Made with FlippingBook - Online catalogs