La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011

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QUEL AVENIR POUR LA MAISON DE QUARTIER ROSEMONT-SAINT-FERJEUX ?

Les difficultés que rencontre la Maison de Quartier - 1 150 adhérents, contre 1 309 en 2008-2009 - ne sont pas nouvelles. Mais l'avenir n'a jamais été aussi incertain pour cette structure d'accueil que depuis qu'elle enregistre des déficits financiers. La Ville de Besançon, qui subventionne largement l'association, lui a renouvelé sa confiance à condition toutefois qu'elle fasse des efforts pour rééquilibrer ses comptes. La Maison de Quartier a donc procédé à un plan social dont les effets devraient être perceptibles cette année. Malgré cette mesure, l'association n'est pas encore tirée d'affaire, d’autant qu’elle doit composer avec d'autres diffi- cultés et des conflits internes liés à des divergences de vues dans la gestion de l'établissement.

ASSOCIATION

Rosemont-Saint-Ferjeux La Maison de Quartier sous tension L'association qui gère la structure a pris des mesures pour résorber ses difficultés financières, mais elle n'est pas encore tirée d'affaire.

tier d'insertion ne l'était pas” observe un ancien administrateur de l'association. Le 8 mars, lors d'une assemblée générale extraordinaire, les démissions du président et de la directrice Agnès Jaegle ont même été demandées au prétexte qu’ils n’auraient pas les compétences pour tirer l’établissement de cette mauvaise passe. De toute éviden- ce, ces querelles intestines n'arrangent pas le cas de la Maison de Quartier qui, au-delà des clivages, mériterait d'être rendue aux habitants de ce secteur bisontin au nom de l'intérêt général. T.C.

il fallait qu'ils fassent des efforts. La municipalité, via son service de gestion, a d'ailleurs apporté son expertise pour accom- pagner l'association dans cette période dif- ficile. “Pour nous, il s'agit d'argent public et nous devons aussi savoir où nous en sommes” précise l'adjoint au maire. Des administrateurs demandent aussi plus de transparence dans la gestion de l'association. On peut s'étonner qu'en un an il y ait eu cinq démissions au bureau. “Par activité, nous n'avions pas une vue très pré- cise de ce qui était rentable et de ce qui ne l'était pas. Ce qui est sûr, c'est que le chan-

L a situation ne pourra pas durer. Si elle veut s'assurer un avenir, laMai- son de Quartier Rosemont-Saint- Fejeux n'a pas d'autre solution que demener sans attendre une politique de rigueur dans sa gestion. “Sans cela, elle ira dans le mur” note un des 21 administra- teurs de la structure. Le déficit qui était de - 7 135 euros en 2008 s'est encore creusé en 2009 pour s'établir à - 58 887 euros. Selon la présidence, la situation comptable de l'association qui sera présentée lors de la pro- chaine assemblée générale s'améliore en 2010, mais un déficit d'environ - 30 000 euros est toujours là. L’établissement est en quelque sorte au bord du dépôt du bilan. Les deux raisons princi- pales à ces résultats négatifs sont la crise qui a entraîné une baisse de la fréquenta- tion dans les activités proposées par la struc-

fois 60 000 euros pour des travaux complé- mentaires” précise Abdel Ghezali, l’adjoint bisontin à la vie des quartiers. Si elle ne remet pas en cause son soutien à l'association, la municipalité l'a encouragé à réduire ses dépenses de fonctionnement. Elle n'épongera pas ad vitam æternam les déficits de la Maison de Quartier. Elle ne prendra pas non plus le relais derrière d'autres partenaires financiers parmi les- quels on compte la C.A.F. et le Conseil géné- ral si ceux-ci devaient se désengager. Pour réduire la voilure des dépenses, la gou- vernance de l'association a donc supprimé des postes à hauteur de 5 équivalents temps plein. Le personnel pèse lourd dans le bud- get de la structure. La masse salariale avoi- sinait les 850 000 euros en 2009 sur un bud- get de 1,335 million d'euros. “Avant les licenciements, la Maison de Quartier, c'était 27 équivalents temps plein” précise un des administrateurs. Entre les contrats de quelques heures des intervenants venus ani- mer une activité, et les permanents, “c'est une soixantaine de fiches de salaires qui étaient établies chaque mois.” Selon Nadjib Chennoufi, délégué C.G.T., la stratégie n'était pas la bonne. “Depuis 1996, la masse sala- riale a augmenté. Des postes ont été créés là où il n'y avait pas de besoin. Dans cette Mai- son de Quartier, le pôle solidarité a pris le pas sur l'animation qui est pourtant la rai- son d'être de genre de structure.” L'association s'est donc lancée dans un plan social, avec plus ou moins de réussite, qui a fait beaucoup parler ces deniers mois. “Le président a eu le courage de prendre des déci- sions lourdes. Nous ne nous en réjouissons pas.Mais il faut savoir que si de telles mesures n'avaient pas été prises, la Maison de Quar- tier Rosemont-Saint-Ferjeux fermerait ses portes dans quelques mois. Malgré tout cela, nous n'avons pas la certitude que l'association qui fait un gros travail sur ce secteur de la ville, va s'en sortir” poursuit Abdel Gheza- li. Selon nos informations, Jean-Louis Fous- seret a rencontré les responsables de la Mai- son de Quartier pour leur signifier qu'il ne les lâcherait pas, mais qu'en même temps,

RÉACTIONS Des motifs discutés Les licenciements font Mansour Sahraoui fait partie des six personnes qui ont été licenciées de la Maison de Quartier. Animateur reconnu, apprécié des habitants, certains s'interrogent sur les motifs de son éviction.

ture, et le chantier d'insertion qui a vu le nombre de ses contrats reculer du fait encore de la conjoncture économique. Si les recettes ont diminué, ce n’est pas le cas des charges. “Nous avons pris conscience de nos difficul- tés en septembre 2009” observe Christophe Bor- nier, président de l'association. La Ville est intervenue financièrement en versant en 2010 une aide excep- tionnelle de 27 000 euros. Un bonus qui est venu com- pléter la subvention qu’attribue chaque année la municipalité à la Mai- son de Quartier. “Elle est de 220 000 euros auxquels s'ajoutent 170 000 euros de valorisation des locaux, ce qui porte le montant à 390 000 euros. En dehors de ce budget, nous avons alloué à cette structure deux

Les démissions du président et de la directrice.

A près avoir été salarié de la Maison de Quartier de Rose- mont-Saint-Ferjeux pendant 14 ans, Mansour Sahraoui a été licencié le 4 février. Il était en char- ge de l'animation globale et de la coordination sociale (relation avec les habitants). Motif : “Licencie- ment économique dit-il après que l'on ait vidé mon contrat de tra- vail de sa substance. On m'a sup- primé des missions. Je n'ai pas accepté le mi-temps qu'on me pro- posait.” Un coup dur pour ce père de famille de trois enfants qui a déposé un recours aux Pru- d'hommes. Il veut retrouver son “honneur” , estimant que ce licen- ciement est abusif. Mansour Sahraoui fait partie des six personnes qui ont été remer- ciées ces derniers mois, ce qui cor- respond à cinq équivalents temps plein.La directionde l'établissement

l'Inspection duTravail a déjà reje- té à plusieurs reprises les procé- dures de licenciement le concer- nant émanant de la Maison de Quartier. “Je ne partirai pas,àmoins d'une négociation que je demande. Je tiens le coup. Je reste là pour dénoncer ceux qui ruinent cette structure. On joue ici avec des fonds publics et je trouve cela scandaleux. Ce qui me révolte, c'est que la C.A.F. comme la Ville de Besançon qui financent la Maison de Quartier paraissent être aveugles.” Pour ces deux hommes, il ne fait aucun dou- te que l'avenir de cet établissement est mal engagé. Au-delà de la pro- blématique financière, c'est toute l'organisation de cette Maison de Quartier qu'il faut repenser et son fonctionnement. Ils se disent prêts à faire une pétition pour faire bou- ger les lignes. “Cette Maison est un bel outil, mais actuellement on

n'avait visiblement pas d'autre choix que celui de se séparer de col- laborateurs pour réduire ses dépenses de fonctionnement et tendre ainsi à l'équilibre financier. “Nous sommes en attente de l'Inspection duTravail pour licen- cier encore un salarié qui est délé- gué syndical” précise Christophe Bornier, président de laMaison de Quartier. Le salarié en question est Nadjib Chennoufi, un délégué C.G.T. Il a été embauché il y a 13 ans. Depuis 2002, cet animateur chargé de pro- jet, qui a vu son contrat de travail réduit à trente heures, est affecté semble-t-il à des tâches qui n'ont rien à voir avec sa compétence. “J'ai été basculé à l'accueil.” Un emploi du soir qui lui permet toutefois de travailler ailleurs la journée. “Clai- rement, on m'a mis au placard” estime-t-il, en rappelant que

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