La Presse Bisontine 120 - Avril 2011
A g e n d a
La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011
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“Les musées, c’est une économie du futur” Emmanuel Guigon continue à imprimer sa marque sur le fonctionnement des musées du centre. Avec de beaux succès, et encore des projets ambitieux. Avant le grand projet de rénovation du musée des Beaux-arts qui démarre en 2013. MUSÉES DE BESANÇON - UNE GRANDE EXPOSITION GRANVELLE
L a Presse Bisontine :Parlez-nous de cette exposition Charles Lapicque qui a démarré le mois dernier ? Emmanuel Guigon : Charles Lapicque, qui était déjà un peu connu des Bisontins à travers deux tableaux ou dessins que nous avions au musée, est une figure importante de l’art de la seconde moitié du XX ème siècle en France. Il était un peu un empêcheur de tourner en rond, il n’était pas chef d’un réseau et ne s’inscrivait pas dans un mou- vement pictural bien défini, mais il représente très bien l’abstraction lyrique de l’après- guerre. André Breton, le père du surréalisme, le classait parmi les dix artistes majeurs de son temps. Nous avons eu la chance d’avoir une donation de plus de 200 œuvres de Charles Lapicque dont
ensemble.
récemment par laVille de Besan- çon, qui nous donnera l’occasion de retracer l’âge d’or de ce médium qu’est la photographie à travers la carte postale. Elle sera montée au Palais Granvel- le, à mon avis, elle devrait atti- rer beaucoup de monde. Nous avons encore plein d’autres projets dans les cartons, comme “la Franche-Comté au XVIII ème siècle” ou encore une grande expo- sition, à mon avis fondamenta- le pour Besançon, très coûteuse et que l’on devra faire en lien avec un musée international : c’est Granvelle, un des princi- paux mécènes de la renaissan- ce, portraitisé par Titien. La col- lection Granvelle est aujourd’hui dispersée à travers les plus grands musées du monde. Je vois bien ça pour la réouverture du musée après les travaux. L.P.B. : Justement à ce propos, quand vont se dérouler les travaux, combien coûteront-ils et en quoi sont-ils justi- fiés ? E.G. : Nous sommes sans doute le seul musée de province à ne pas avoir été rénové depuis quaran- te ans. Ce musée est exception- nel, mais il est sale, il a un par- cours incohérent, il a beaucoup de scories qui sont venues s’ajouter au fil des ans, son hygro- métrie est mauvaise à certains endroits. Les travaux sont plus que nécessaires. Ils coûteront 10 millions d’euros et c’est jus- tifié car grâce aux travaux, on va presque doubler la surface d’exposition. On va traiter cette verrière affreuse et créer des puits de lumière naturelle, on va revoir complètement la muséo- graphie de l’archéologie qui est
L.P.B. : Le public répond présent ? E.G. : Le plus important est de voir le public sor- tir de l’exposition avec un grand sou- rire. Il y a énor- mément de mon- de, 700 à 800 par dimanche par exemple, si bien que nous avons été obligés de doubler les équipes pour les visites guidées. A priori , l’exposition sera prolongée au-delà
“Ce musée est excep- tionnel, mais il est sale.”
vraiment tristounette. On va créer un accueil digne de ce nom, avec une librairie, un ascenseur, un lieu de restauration. Il est nécessaire de tout engager d’un coup, car si on ne fait qu’une tranche, on n’est jamais sûr d’entamer les autres. D’où la fer- meture prévue du musée pour une durée de deux ans. L.P.B. : Quel est le calendrier ? E.G. : On va commencer à vider le musée en 2012. Au printemps 2013 il sera vide. Il rouvrira ses portes fin 2014, après les élec- tions comme le précise le mai- re… Nous profiterons de cette période pour faire des exposi- tions cohérentes dans les capi- tales européennes avec les œuvres du musée. C’est aussi comme ça qu’on fera mieux connaître le musée de Besançon. L.P.B. : On dit souvent que le musée de Besançon est un des plus intéressants de France. Est-ce justifié ?
que ce qui fait l’attractivité d’un musée, c’est l’événementiel.Mais il faut avant tout avoir une pro- grammation qui ait du sens. C’est aussi dans cette optique que nous développons les conférences, les ateliers pour enfants, les rela- tions avec le monde associatif ou les quartiers. Avec nos exposi- tions temporaires, on multiplie depuis quelques années les visites de gens de Lyon, de Strasbourg ou de Francfort. L’essentiel pour le musée est de savoir commu- niquer vers l’extérieur. Je suis convaincu que les musées, c’est une économie du futur. Prenons simplement l’exemple du Centre Pompidou de Metz. Ils atten- daient 200 000 personnes la pre- mière année, ils en sont déjà à plus de 600 000. L.P.B. : Pourquoi avoir regroupé l’administration des deux musées du centre, des Beaux-arts et du Temps ? E.G. : Un musée n’est pas qu’un lieu de contemplation. Il y a aus-
E.G. : Il est en effet un des dix plus beaux de France qui présente une histoire cohérente de l’art du XV ème au XX ème siècle, et avec près de 8 000 dessins, une des plus grosses collections de Fran- ce. Parmi les œuvres de nos col- lections, on a de véritables chefs- d’œuvre de la peinture mondiale, enviés par de nombreux musées, comme des Lucas Cranach, notre Bronzino, des Bellini, des Goya, des Courbet, le fonds Fragonard… C’est une puissance de frappe énorme. Rien d’étonnant à ce que de grands musées comme le Grand Palais, le Louvre, le Pra- do ou le M.O.M.A. de New York nous sollicitent régulièrement. L.P.B. : L’autre fonction d’un musée, c’est de s’ouvrir à un public le plus lar- ge possible. Où en êtes-vous sur ce point ? E.G. : La fréquentation globale du musée est à peu près stable d’une année sur l’autre avec environ 70 000 visiteurs par an. On sait
du 16 mai. Nous avons déjà des demandes de prêts de la part d’autres musées. L.P.B. : Vous préparez déjà les exposi- tions des saisons et des années sui- vantes. Pouvez-vous nous en dire plus sur les temps forts à venir ? E.G. : Parmi les prochaines expo- sitions, on aura une co-produc- tion avec deux musées espagnols, consacrée au thème “Le Corbu- sier expose”. L’architecte a été à l’initiative d’une école, le “puris- me”. Il a réalisé de nombreux tableaux, dessins, maquettes, montages en 3D, installations… Et si Le Corbusier est retenu au patrimoine mondial de l’Unesco, pour nous, ce sera “bingo”. Cet automne, nous aurons une exposition autour de Granville, un dessinateur romantique, au musée du Temps. Puis il y aura l’hiver prochain une exposition à partir du fonds des 6 000 ou 7 000 cartes postales achetées
on a désormais la plus grande col- lection de France, aussi importante que celle du Centre Pompidou, mais plus inté- ressante. Cette exposition est aus- si un hommage appuyé que le musée fait à un donateur, Norbert Ducrot-Granderye qui est fasciné depuis une cin- quantaine d’années par l’œuvre de Lapicque. C’est la toute première fois que ces quelque 300 œuvre sont exposées
“Un musée n’est pas qu’un lieu de contempla- tion.”
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