La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011

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GRANDFONTAINE

Artisanat

Michel Baulieu élu à la tête de l’U.P.A. du Doubs Artisan paysagiste à Grandfontaine, Michel Baulieu a pris la présidence de l’Union Professionnelle de l’Artisanat le 28 février dernier, pour trois ans. Le nouveau président qui n’a pas sa langue dans sa poche, aborde l’actualité de l’artisanat et les chantiers à venir.

Michel Baulieu

dirige une entreprise de travaux paysagers à Grandfontaine.

par exemple dans des structures d’insertion et à qui on donne au bout de deux ans un certificat de qualifica- tion, c’est totalement aberrant. J’ai d’ailleurs demandé à la Chambre de métiers du Doubs de créer une com- mission pour surveiller la réinsertion de ces jeunes. Il faut leur donner un vrai projet dans des entreprises arti- sanales, une vraie reconnaissance pro- fessionnelle auprès de vrais artisans. Il faut que les évaluations profession- nelles se passent chez des profession- nels, qu’on respecte les gens en inser- tion, et qu’on ne leur fasse pas miroiter qu’ils auront des places en sortant de leurs chantiers d’insertion alors que ce n’est pas vrai. L.P.B. :Estimez-vous que l’image de l’artisanat aux yeux du grand public est toujours un peu dévalorisée ? M.B. : À l’heure actuelle, on ne sait tou- jours pas se vendre, c’est vrai.Mais c’est

gérées par le Sybert, avec une évalua- tion des mètres cubes tout à fait aléa- toire. Il faut reconnaître que bien des artisans ne vont pas dans les déchet- teries du Sybert pour éviter de payer. Notre responsabilité est donc de réflé- chir à un meilleur système pour les déblais. Concernant les déchets verts, nous avons passé un accord avec la société Nicollin qui reçoit déjà dans sa déchetterie de Pouilley nos branches et notre gazon. Nous avons négocié un tarif réduit avec Nicollin. L’idée est d’éviter à l’avenir d’avoir recours aux déchetteries du Sybert et d’inciter les artisans à amener leurs déchets. Nous souhaitons changer progressivement les pratiques en ce domaine. Avec les T.P., c’est un peu plus compli- qué. Mais l’idée est simple : c’est de trouver des dolines qu’on prendra nous- mêmes en exploitation d’enfouissement, tout cela dans les règles de l’art. Une fois encore, pour éviter que des artisans soient découragés à aller décharger leurs déblais en déchetterie. L.P.B. : Comment se fait-il que vous n’ayez pas trouvé de terrain d’entente avec le Sybert ? M.B. : Nous avons eu de multiples réunions avec les gens du Sybert, mais ils nous prennent pour des imbéciles. Nous demandions quatre sites. Tout ce qu’ils nous ont proposé était impos- sible : c’étaient soit des sites en zone alluvionnaire, soit en zone inondable, soit en zone agricole.Voilà bientôt cinq ans que nous leur avons indiqué les volumes à traiter, nous n’avons toujours pas de réponse satisfaisante de leur part. Finalement, on a laissé tomber et engagé notre propre système. L.P.B. : Le partenariat est donc bien engagé avec Nicollin ? M.B. : Sur les déchets verts, Nicollin est prêt à travailler avec nous pour le broya- ge. Nous avons déjà récupéré 500 m 3 de compost pour les remettre en cul- ture sur des terres agricoles. Le mois dernier, nous avons ouvert un nouveau centre de déchets verts à Pontarlier. Toutes ces solutions ont déjà permis de remettre au travail 17 salariés de chez Nicollin qui n’avaient plus de travail depuis que le Sybert a signé une conven- tion avec une autre société que Nicol- lin. Sur le plan des déchets,nous sommes ouverts à toutes les solutions pour per- mettre à nos artisans de valoriser leurs déchets dans lesmeilleures conditions. Propos recueillis par J.-F.H. En tant que partenaire social, lʼU.P.A. est consultée par les pouvoirs publics et participe aux négociations entre orga- nisations dʼemployeurs et syndicats de salariés. LʼU.P.A. défend les intérêts des 1 200 000 entreprises françaises de lʼartisanat et du commerce de proxi- mité et sʼattache à promouvoir une éco- nomie fondée sur la proximité, à la fois créatrice dʼemploi, source de richesses et de lien social.

au sein de l’Éducation nationale qu’il faut enfin en finir avec ce cliché que les bons élèves font les hautes études et que les cancres s’engagent dans les métiers duT.P.Alors que dans cesmétiers de l’artisanat, on voit des jeunes moti- vés et qui veulent avancer. Sur ce plan- là, il y a aussi des choses à lancer. L.P.B. : Par exemple ? M.B. : Nous allons remettre en route avec les collègues de la C.A.P.E.B. et du C.N.A.T.P. le concept de “l’artisanmes- sager”. L’idée est que les collègues retrai- tés aillent dans les écoles promouvoir les métiers de l’artisanat, les remettre au goût du jour. L.P.B. : Vous avez créé en 2009 au sein de la C.N.A.P.T. (confédération nationale des artisans des T.P. et des paysages) dont vous présidez également la section départementale, une coopérative dédiée aux services à la person- ne. Comment se porte-t-elle ? M.B. : Cette coopérative baptisée “Arti- sans à domicile” a commencé avec 9 artisans et dès sa première année de fonctionnement, nous sommes montés à 20 adhérents. La deuxième année de fonctionnement, nous serons 38. C’est un vrai succès. Ce système de coopé- rative permet de fidéliser nos clients et les coopérateurs amènent leurs clients aux autres coopérateurs. Ce système a aussi l’avantage d’être très souple puisque la coopérative n’a pas de per- sonnel. Pour le client, l’avantage est aussi fiscal puisqu’il bénéficie d’un cré- dit d’impôt de 50 % dans la limite de 1 500 euros pour les travaux qui entrent dans le cadre de l’agrément : taille d’arbres, tonte, coupe, informatique, ménage, petit bricolage… Pour 3 000 euros de travaux par exemple, le client peut récupérer 1 500 euros en crédit d’impôt. Le bilan de cette coopérative est très positif. En 2009, on a fini l’année avec un chiffre d’affaires de 430 000 euros. Pour l’exercice 2010, on devrait dépas- ser les 820 000 euros. L.P.B. : Toujours au sein de la C.N.A.P.T., vous avez lancé un vaste programme de valorisa- tion des déchets des artisans. Pourquoi vou- loir créer un système parallèle aux déchette- ries existantes ? M.B. : L’idée est de dire que nous, arti- sans, nous souhaitons mieux valoriser nos déchets, sans que cela nous coûte. Pour l’instant, nous sommes tolérés en faible quantité dans les déchetteries L’U.P.A. en bref LʼU.P.A. est lʼorganisation nationale représentative de lʼartisanat et du com- merce de proximité. Par lʼintermédiaire de ses trois composantes (C.G.A.D., C.N.A.M.S. et C.A.P.E.B.), elle ras- semble 55 fédérations professionnelles nationales et 5 000 syndicats dépar- tementaux.

L a Presse Bisontine : Vous êtes depuis la fin du mois dernier le nouveau président de l’U.P.A. du Doubs (Union Profession- nelle Artisanale). Quel est le rôle de la “pre- mière entreprise de France” ? Michel Baulieu : L’U.P.A. est composée de trois familles d’artisans : les métiers de bouche qui représentent environ un tiers, les métiers de services (environ 20 %) et le bâtiment (plus de 40 %). L’U.P.A. chapeaute toutes les organi- sations professionnelles, ce sont celles qui ont embauché le plus de personnes pendant la crise. L’U.P.A. est différen- te de laChambre demétiers par exemple qui est une chambre consulaire dont le travail principal est de tenir le registre des métiers, c’est-à-dire l’inscription des artisans. L’U.P.A. du Doubs, c’est 9 000 entreprises artisanales.

L.P.B. :Quels sont les chantiers que vous comp- tez mettre en œuvre à la tête de l’U.P.A. ? M.B. : Un des premiers chantiers auquel je m’attelle, c’est la mise en place des S.P.I. (stages de pré-inscription à la Chambre demétiers) :mon but est qu’il y ait une après-midi tous les trois mois dédiée à la rencontre des profession- nels de l’artisanat pour les artisans qui se lancent, une journée destinée à régler les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés lors de leur démarrage. L.P.B. : L’artisanat continue donc à bien se por- ter ? M.B. : Oui,mais je veux absolument enga- ger un autre chantier à la tête de l’U.P.A. : c’est la revalorisation des métiers de l’artisanat aux yeux des jeunes. Il faut aussi qu’on arrête de dévaloriser les métiers de l’artisanat. Les gens qui sont

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