La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 120- Avril 2011

EN BREF

MONNAIE

1,30 C.H.F. contre 1,70 en 2007 Gagner plus sans bosser plus…

Flamenco Stage de Flamenco débutant et stage de Sévillanes les 19 et 20 mars à la M.J.C. Palente. Ces stages seront donnés par Albane Mathieu. Inscription à la M.J.C. Palente, 24 rue des Roses au 06 13 72 84 13, ou sur le site de la Compagnie de danse Duende Flamenco : www.duendeflamenc o.over-blog.com Dinozoo Du 16 avril au 1 er mai, c’est “Jurassique Pâques” au Dinozoo de Charbonnières-les- Sapins. Grandes chasses à l’œuf Coquy tous les jours avec des animations surprenantes. Le célèbre Casimir sera même présent les 23, 24 et 25 avril. Renseignements au 03 81 59 27 05. V.T.T. Dimanche 3 avril, c’est la 17 ème édition du V.T.T. de la Dame Blanche au départ de Châtillon-le-Duc. Randonnées de 50, 35 et 25 km et sortie familiale de 10- 15 km. Renseignements avant le 1er avril au 03 81 58 84 64.

C’ est le bonmoment pour nos voi- sins suisses de venir faire du tourisme dans la zone euro. Jamais leur franc ne s’était autant apprécié qu’aujourd’hui face à la monnaie unique qui recule. Pour obtenir un euro, ils doivent débourser environ 1,30 C.H.F. contre 1,50 C.H.F. il y a un an et 1,70 C.H.F. en 2007. Si la situation profite à la clientèle suis- se qui consomme en dehors de ses fron- tières, elle profite aussi aux travailleurs frontaliers qui bénéficient en ce moment d’un taux de change exceptionnel. Le simple jeu des monnaies valorise leurs revenus. Par exemple, une personne qui a un salaire mensuel de 3 000 C.H.F. per- çoit 2 325 euros au taux de change actuel côté des choses. Problème : quand le franc suisse est fort, les exportations plongent et les entreprises suisses s’inquiètent. Jamais le taux de change n’avait été aussi avanta- geux que ces derniers mois pour les travailleurs frontaliers. C’est le bon

Depuis que l’euro est en vigueur, il n’a jamais été aussi intéres- sant de pos- séder des francs suisses.

(environ 1,29), soit 325 euros de plus que si le taux de change était resté à 1,50 comme il y a un an. “Certains clients arri- vent à couvrir le remboursement d’un prêt voiture grâce au seul taux de change” note un banquier de la place. Évidemment, plus le salaire est élevé et plus le gain est important. Les frontaliers qui ont eu le nez creux ont bloqué le taux de chan- ge sur quelques mois, comme le permet- tent certaines banques, quand celui-ci était le plus intéressant (1,26 fin 2010). En Suisse, on ne se réjouit pas beaucoup de ce rapport monétaire qui perturbe l’économie d’un pays dont les entreprises travaillent principalement à l’export (60% des exportations se font en direction de l’Union Européenne). La force actuelle

du franc suisse est un frein au commer- ce extérieur. En 2010, l’excédent com- mercial a reculé de 3,8 %, conséquence de la hausse du franc suisse face à l’euro. Le 14 janvier, Jean-Daniel Gerber, secré- taire d’État à l’économie, a convoqué le comité de la Commission de la politique économique pour faire le point sur cette situation délicate. Les participants sont tombés unanimes pour dire que “la cher- té du franc suisse par rapport à l’euro et au dollar comporte des risques considé- rables pour la conjoncture suisse. La fer- meté du franc suisse pourrait peser sur la reprise économique.” Selon l’Union Syn- dicale Suisse (U.S.S.), la crise du franc menacerait plus de 100 000 emplois. Il est donc temps selon les autorités suisses

que la tendance s’inverse. Dans le cas contraire, la santé des entreprises serait directement menacée. “Cela ne peut être que temporaire expliquent les services de laMutuelle La Frontalière àMorteau. À long terme, ce n’est pas sain, et les fron- taliers en ont conscience. Ce qui nous importe, c’est que les entreprises suisses se portent bien pour qu’elles garantissent les emplois et continuent à en créer.” Il semblerait que certains secteurs soient moins pénalisés que d’autres par la haus- se du franc suisse,dont celui de l’horlogerie. Mi-février, le Conseil Fédéral Suisse a pris un certain nombre de mesures pour épauler certains secteurs en difficulté comme le tourisme. T.C.

HÔPITAUX 20 millions d’euros de déficit

Denis Valzer : “Nous tirons la sonnette d’alarme” Le directeur de la délégation régionale de la Fédération Hospitalière de France tire la sonnette d’alarme sur la situation financière des hôpitaux francs-comtois.

D.V. : Sachant que 70 % des dépenses des hôpitaux sont des dépenses de personnel, les baisses toucheront forcément la masse salariale dans les éta- blissements concernés par un contrat de retour à l’équilibre financier, comme le centre hos- pitalier de Lons-le-Saunier, celui de Dole, le C.H.U. de Besançon, le C.H. de Belfort-Montbéliard. Cela se traduira par une rené- gociation d’un certain nombre d’avantages acquis comme les accords R.T.T., ou des diminu- tions d’emploi, surtout dans des postes administratifs et logis- tiques. Ces diminutions concer- neront forcément aussi le per- sonnel soignant. C’est pour cela que la réduction souhaitée des déficits, qui est une chose nor- male, ne doit pas être trop bru- tale, car elle aura une réper- cussion inévitable sur l’emploi. C’est la raison pour laquelle nous tirons la sonnette d’alarme. L.P.B. : N’y a-t-il pas aussi un problè- me de répartition géographique de l’offre de soins en Franche-Comté ? D.V. : Bien sûr : l’objectif des auto- rités de santé est de mieux redis- tribuer ce qui relève de la méde- cine de ville et ce qui relève de la médecine hospitalière. On ne peut pas demander à l’hôpital de tout faire. Seulement, il est bien obligé de tout faire pour pallier certaines carences dans l’organisation des soins. En attendant que l’offre soit mieux répartie, il faudra bien donner les moyens à l’hôpital de faire. Propos recueillis par J.-F.H.

tions budgé- taires soient partagées. Car je rappelle l’objectif du pré- sident de la République d’ici fin 2012 : le retour à l’équilibre finan- cier des comptes des hôpitaux. L.P.B. : Quels sont les hôpitaux dont les finances sont les plus délicates en Franche-Com-

des missions d’intérêt général (services du S.A.M.U., équipes mobiles de soins palliatifs, gardes et tout ce qui est lié à la préca- rité comme les cellules sociales intégrées aux hôpitaux). Résul- tat, pour la Franche-Comté, c’est 4 millions d’euros en moins cet- te année. L.P.B. : Le système de financement des hôpitaux publics serait donc à revoir ? D.V. : Je lui reproche deux choses : d’abord c’est un système qui favorise les régions dont l’activité est forte par rapport aux autres régions. Ici, l’augmentation des dépenses est moindre que dans d’autres régions et on nous ponc- tionne autant que les autres. Ensuite, l’effort demandé n’est supporté que par les établisse- ments publics car une clinique ou un médecin libéral, on lui verse ses honoraires au fur et à mesure de l’année, contraire- ment à un hôpital public qui reçoit ses enveloppes qu’une fois par an, si bien que les autori- tés peuvent en retenir une par- tie. L.P.B. :Vous mettez donc en cause une “distorsion de concurrence” entre hôpitaux publics et cliniques privées ? D.V. : Je ne dis surtout pas que les établissements privés n’ont pas de contraintes mais eux n’ont pas, par exemple, de mis- sions d’intérêt général à finan- cer, ils ne sont donc pas soumis aux restrictions qui touchent les établissements publics. On demande juste que les restric-

L a Presse Bisontine : L’Agence Régionale de Santé (A.R.S.) explique qu’entre 2009 et 2010, le déficit des hôpitaux francs- comtois a plus que doublé, passant de 9,1 à 20 millions d’euros. Y a-t-il eu dérapage des dépenses ? Denis Valzer : Non, les dépenses des établissements publics ont été maîtrisées justement. La cause de ces déficits, ce n’est pas un dérapage des dépenses, les hôpitaux publics sont bien gérés. La masse salariale augmente mécaniquement dans les hôpi-

me d’activité augmente, alors on baisse les tarifs pour que l’enveloppe reste stable. Mais le phénomène nouveau cette année, c’est que l’activité glo- bale du système de santé aug- menterait plus que prévu, notamment dans les cliniques privées et en médecine de ville. Si bien que pour préserver l’équilibre général de l’assurance- maladie, on a gelé puis suppri- mé un certain nombre d’enveloppes pour l’hôpital public, comme le financement

taux avec des effectifs stabili- sés. Ces déficits sont plutôt dus à des financements qui tendent à la stagnation. L.P.B. : La Franche-Comté serait un parent pauvre en matière de finance- ment de ses hôpitaux publics ? D.V. : Concernant la tarification à l’activité, la fameuse T2A, qui est un des deux modes de finan- cement des hôpitaux, il y a une tendance à la baisse des tarifs du fait dumécanisme prix-quan- tité : quand une année le volu-

“Pour la Franche- Comté, 4 millions en moins.”

té ? D.V. : Selon mes informations, le C.H.U. de Besançon ne sera pas beaucoup déficitaire cette année. Les principaux problèmes se situent dans le Jura parce que plusieurs hôpitaux sont touchés par une stagnation de l’activité car ils ont perdu beaucoup de médecins. Par conséquent, ils sont moins financés. L.P.B. : Pour 2011, l’objectif national d’augmentation des dépenses a été fixé à 2,9 %. Pas mal en ces temps difficiles ! D.V. : Oui, mais avec les diffé- rentes ponctions opérées, nous ne sommes déjà plus qu’à + 1,8 %. Cela ne permettra pas de maintenir le potentiel de soin dans l’ensemble des établisse- ments. L.P.B. : Ces restrictions budgétaires engendreront-elles des compressions d’effectifs dans les hôpitaux ?

Denis Valzer est depuis novembre 2010 le directeur régional Bourgogne- Franche- Comté de la Fédération Hospitalière de France. (photo archive L.P.B.).

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