La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

LE GRAND BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011

CHAMPLIVE La sécurité en question La côte de Champlive au fond des tunnels L’ origine de ces deux tun- nels et de la route qui les accompagne, la R.D. 30, remonte à la fin du d’avoir à passer par Besançon ou Baume-les-Dames. Les voies de communication revêtent déjà une importance fondamentale dans l’essor économique d’une région. Yannick Dessent, le conseiller général sortant du Cette liaison routière permet de rallier le plateau de Nancray depuis Laissey. Elle se singularise par la présence de deux ouvrages aussi singuliers que contraignants. XIX ème siècle. Il s’agissait d’établir une liaison entre la vallée du Doubs et le plateau en évitant

Le second ouvrage au sommet de la côte de Champlive est le plus long tunnel routier du Doubs avec 364 m de long.

canton de Roulans et ancienmai- re de Laissey, parle même de petite révolution. “Il s’avérait presque impératif d’ouvrir le pla- teau sur la vallée d’autant que le chemin de fer arrivait déjà à Laissey.” La jonction routière avec Champlive impliquait d’abord le franchissement du Doubs. Le bac qui permettait de traverser la rivière fut rempla- cé en 1876 par un pont suspen- du. Cet ouvrage s’intégrait dans la construction de la R.D. 30 qui relie toujours Rioz en Haute- Saône àVercel.Avec les guerres et l’évolution des gabarits rou- tiers, il a subi bien des rema- niements depuis sa création. Passer la côte de Champlive avec ses 150 mètres de dénive- lé n’avait rien d’une partie de plaisir. Surtout que la configu-

ration assez rocheuse de la val- lée du Doubs à cet endroit impo- sait le percement de deux tun- nels. Le premier situé sur la commune d’Ougney-Douvot cumule les singularités : en for- me de S dans une épingle à che- veux sur un profil montant. Autant dire qu’il vaut mieux prendre en compte les indica- tions fournies à l’entrée du pont de Laissey. Les panneaux signa- lent que la route n’est pas acces- sible aux véhicules faisant plus de 10mde long et 3,6mde haut. Semi-remorques, bus, passez donc votre chemin. “Ce n’est pas rare qu’un chauffeur routier bra- ve ces recommandations et qu’il se retrouve coincé dans l’escargot

(surnom du tunnel). Imaginez la manœuvre quand il faut remonter en marche arrière une étroite route de montagne sur plusieurs kilomètres” , indique André Vaubourg, le maire de Champlive. Le second ouvrage au sommet de la côte vaut éga- lement le détour. Il mesure 364m de long, ce qui en fait le plus long tunnel routier du dépar- tement. Son profil rectiligne et montant a son petit effet spec- taculaire. “Le creusement des deux tunnels avait mobilisé des ouvriers italiens qui sont venus s’installer dans le secteur. Cer- tains sont restés sur place” , note Yannick Dessent. La R.D. 30 revêt également un intérêt stratégique. Cet itiné- raire était utilisé pour le tran- sit des grosses pièces d’artillerie vers le camp militaire du Val- dahon qui avait pris beaucoup d’importance. En effet, la fron- tière avec l’Allemagne était à moins d’une centaine de km sui- te à l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Empire alle- mand. “Beaucoup d’automobilistes empruntent ce

raccourci commode entre le pla- teau et la vallée. Le trafic avoi- sinait environ 900 véhicules par jour d’après les comptages réa- lisés au début des années 2000” , estime André Vaubourg. La route semble donc chère aux habitants du secteur. En 1990, ils ont célébré le centenaire des deux ouvrages en organisant un banquet géant à l’intérieur du grand tunnel en présence de 700 convives. Ce tunnel a aussi ser- vi de cadre à la fête à l’accordéon. Quand on aime… Les deux tunnels ne sont plus au gabarit des poids lourds et des cars qui sont obligés de pas- ser par Besançon ou Baume-les- Dames. Soit un détour de 50 km non négligeable par les temps qui courent. “Je pense que cela peut être un handicap pour le développement touristique et cer- taines entreprises de travaux publics ou de transport” , conclut Yannick Dessent. Ce handicap est plutôt bien apprécié par les cyclistes ravis de pouvoir se fai- re les cuisses dans cette belle grimpette. F.C.

Le tunnel dit de l’escargot est en forme de “S” dans une épingle à cheveux.

GENEUILLE Un chantier à 5,3 millions d’euros Le centre de maintenance

à grande vitesse

L e compte-à-rebours est lancé : le 11 décembre 2011, les pre- mières rames du T.G.V. Rhin- Rhône circuleront entre Mul- house et Dijon, via Besançon et la nouvelle gare d’Auxon. À quelques centaines de mètres de la gare nou- velle, un grand bâtiment est en cours de construction : la base de mainte- nance d’où 80 techniciens dans un pre- mier temps surveilleront le bon fonc- tionnement des 140 km de ligne nouvelle. Cette base dont les travaux ont démar- ré en fin d’année dernière doit évi- demment être terminée avant la date fatidique du 11 décembre. “Et elle le sera” assure Patrick De Giorgi, le pré- sident de la société pontissalienne éponyme qui a décroché ce chantier d’un montant de 5,3 millions d’euros, malgré des délais plus que serrés. Le gros œuvre est en cours de réalisa- tion. maintenance de la future ligne à grande vitesse à hauteur de Geneuille. Une belle carte de visite. L’entreprise locale De Giorgi a été préférée aux géants du B.T.P. pour construire la base de

be des géants du B.T.P. “Ce genre de dossier en conception-réalisation nous permet de réaliser des chantiers de plus grande envergure, c’est très inté- ressant pour nous” ajoute M. De Gior- gi. Le bâtiment de 2 400 m 2 tout en lon- gueur qui est censé rappeler la dyna- mique du T.G.V., répond au cahier des charges strict imposé par le maître d’ouvrage R.F.F. (Réseau Ferré de France) qui a exigé des normes envi- ronnementales très poussées : démarche H.Q.E., certification B.B.C. Effinergie tertiaire (il sera le 5 ème bâti- ment de la région à être certifié selon cette norme), murs bioclimatiques, toiture végétalisée… Cette base de maintenance est une nouvelle carte de visite pour l’entreprise De Giorgi qui poursuit sa croissance, malgré une conjoncture plutôt com- pliquée depuis deux ans. “Nous avons eu la chance de traverser ces deux der- nières années sans trop de problèmes. L’entreprise est performante, ce qui nous permet de décrocher des chan- tiers intéressants” commente Patrick De Giorgi. L’effectif de l’entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 20 mil- lions d’euros atteint désormais les 140 personnes, intérimaires compris. “L’effectif continue à progresser” confir- me le patron pontissalien. L’entreprise De Giorgi poursuit son développement en dehors de ses fron- tières natales du Haut-Doubs. C’est bien dans le Grand Besançon qu’elle réalise désormais le plus gros de son activité. Parmi les chantiers en cours dans la capitale comtoise, un pro- gramme de 45 logements aux Clairs- Soleils (75 autres sont prévus) et le futur Institut régional fédératif du cancer qui sera construit dans le péri- mètre de l’hôpital Minjoz.

Le projet a été dessiné par un architecte de Mulhouse.

Avec des centaines de milliers de passagers qui passeront devant sur la ligne à grande vitesse, cette base de maintenance sera une véritable vitrine pour R.F.F., et évidemment pour De Giorgi qui ne cache pas sa fierté d’avoir décroché ce mar- ché, au nez et à la bar-

Un effectif salarié de 140 per- sonnes.

J.-F.H. Le gros œuvre de ce bâtiment de 2 400 m 2 est en cours de réalisation.

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