La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

BESANÇON 20

La Presse Bisontine n° 120 - Avril 2011

Jean-Claude Roy, l’homme du rail Sa décision est prise. Il ne reviendra pas dessus. En 2014, Jean-Claude Roy quittera la vie municipale après deux mandats passés aux côtés de Jean-Louis Fousseret. Il termine son parcours sur un des plus gros chantiers bisontins dans lequel il s’est beaucoup investi : le tram. VIE MUNICIPALE Vice-président de l’Agglo

S a bicyclette s’est effacée devant son emploi du temps d’élu. Pneus dégonflés, elle est pendue au fond du garage de son domici- le de Velotte. Jean-Claude Roy confie volontiers son envie de remonter sur le vélo. Mais il est encore trop tôt. Il pourra l’envisager une fois dégagé de ses obligations d’homme public. Ce sera fait en 2014. Il se l’est promis, à cette date, il décrochera de la vie poli- tique locale après deux mandats pas- sés aux côtés de Jean-Louis Fousse- ret. “Tout le monde est utile mais personne n’est irremplaçable” ironise le conseiller délégué à la police muni- cipale et à l’occupation du domaine public. Parole de Jurassien : cette fois, rien ne le fera changer d’avis ! Pas même le tram, le projet qui en 2008 l’avait fait revenir sur sa décision de rendre son tablier pour laisser sa pla- ce à un autre. “J’ai eu des remords. Toutes les études d’avant-projet étaient engagées. Je me suis dit que ce serait frustrant d’abandonner là alors que nous allions entrer dans la phase opé- rationnelle.” Cette fois-ci, c’est diffé- rent. “Même si le tram n’est pas en ser- vice à la fin de ce mandat, je saurai qu’il est sur les rails. Je passerai le flambeau avec émotion mais avec la satisfaction du travail accompli.” Il quittera la ville mais aussi l’Agglo dont il est le vice-président en charge des transports. Une mission taillée sur mesure pour cet ancien cheminot et pour laquelle il se passionne, animé par l’envie de faire vivre le service public. Tant dans son parcours poli- tique que dans sa carrière profession- nelle, il n’aura vécu que pour cela. C’est Robert Schwint, qui le premier lui met le pied à l’étrier en 1995. Jean- Claude Roy est alors en poste à la gare Viotte. Il avait pris également l’habitude d’assister aux conseils municipaux en tant que citoyen bisontin. Quand M. Schwint prend le train pour le Sénat, les deux hommes se reconnaissent et bavardent souvent ensemble sur le quai de la gare. “Un jour, il m’a demandé si je voulais être sur sa liste” raconte Jean- Claude Roy. Sympathisant de gauche, il ne déclinera pas l’invitation mais imposera une étrange condition : appa- raître en fin de liste pour être sûr de

l’aménagement et des transports.” Un siège pas très confortable,mais suf- fisamment pour per- mettre à Jean-Clau- de Roy de patienter jusqu’à l’arrivée du prochain train élec- toral conduit cette fois par Jean-Louis Fous- seret. Si l’opportunité doit se présenter, il montera dedans sans hésiter, d’autant que depuis 1997 il est retraité de la S.N.C.F. et donc dégagé de ses obligations syndi-

“Personne n’est irremplaçable.”

cales. Et puis les deux hommes se connaissent car cette même année, Jean-Claude Roy participe activement à la campagne de Jean-Louis Fousse- ret et de Paulette Guinchard qui bri- guent chacun un mandat de député. Ils seront élus tous les deux. Symboli- quement, le 14 juillet 1997, il adhère au parti socialiste. De sympathisant de gauche, il devient militant. En 2001, Jean-Claude Roy ne se fera donc pas prier pour accompagner Jean- Louis Fousseret aux municipales. “En tant que syndicaliste, comme d’autres, j’ai tellement eu d’envie d’une société à construire que je n’ai jamais pu concré- tiser, que je me suis dit, si par l’action municipale je peux apporter ma pierre à un édifice, alors ça m’intéresse.” L’élu décroche un billet en première classe. Il est nommé adjoint à la voirie, au déplacement et au stationnement. À l’Agglo il devient président chargé du transport et des déplacements. “L’aventure commence.” Son envie d’agir est forte. Pas question de pantoufler pour Jean-Claude Roy qui mesurait sa chance de faire partie d’un exécutif. Le premier grand dossier dans lequel il s’investit est la création du réseau de transport Ginko desservant les com- munes de la communauté d’agglomération. Après un an de tra- vail, le dispositif est opérationnel. “Il fallait rapidement que les gens sentent l’utilité de la C.A.G.B. À mon sens, le réseau Ginko a créé le premier senti- ment d’appartenance à l’Agglo.” L’homme assume sa fonction, ne redou- te pas le contact du terrain.Au contrai- re, il n’hésite pas à aller à la rencontre de ses concitoyens pour “dire les choses, les expliquer et réexpliquer au besoin. Mais une fois cette phase d’écoute pas- sée, l’élu doit être capable de décider dans l’intérêt général.” Jean-Claude Roy a souvent été chahuté en réunion publique sur des sujets aussi impor- tants que le tram, un dossier qu’il a porté et défendu avec ferveur. Ses prises de position ont été parfois interprétées plus comme une volonté d’imposer les choses que de dialoguer. “Quand on est jeune conseiller, on pense qu’on va ral- lier tout le monde à sa cause. Mais c’est impossible. Être élu, c’est être humble. Nous sommes là pour servir les gens.

Sportif, Jean-Claude Roy va pouvoir reprendre la pratique du vélo qu’il a laissé de côté pour se consacrer à la municipalité.

Ce qu’ils disent de lui…

Il faut aussi savoir reconnaître quand on ne parvient pas à atteindre un objec- tif. C’est le cas par exemple pour les aménagements à destination des per- sonnes à mobilité réduite.” À une escale de sa retraite politique, ce conseiller âgé de 68 ans affiche une satisfaction contenue lorsqu’il fait le point sur son parcours. Être élu à Besan- çon… Jamais ce gamin du petit villa- ge de La Marre dans le Jura n’aurait imaginé l’être un jour. Lui, ce fils de cultivateurs, qui a dû quitter l’école à 14 ans pour devenir charpentier alors qu’il n’avait qu’une idée en tête, celle d’étudier. Lui le cheminot qui est entré à la S.N.C.F. à une époque où on lui proposait aussi La Poste ou la gen- darmerie. Lui, le chef de gare qui a roulé sa bosse de Morteau à Franois avant de s’arrêter à Besançon. Enfin lui l’animateur sportif qui a encadré des gamins au football en leur ensei- gnant que le “sport collectif est l’éducation de la vie.” L’explication à la réussite qui accompagne son par- cours n’est pas celle de l’ascenseur social qui aurait fonctionné, mais du sens qu’il a donné à sa vie, guidé par les mots de Louis David, son ancien instituteur. Jean-Claude Roy n’a pas oublié que ce maître lui a donné la foi. L’envie d’aller de l’avant. T.C.

Christophe Lime, adjoint au maire “Jean-Claude Roy a une vraie connaissance de ses dossiers” “Jean-Claude Roy est quelqu’un de très rigoureux, de très pointu sur l’ensemble des dossiers dont il a la charge. Il est très professionnel dans son travail d’élu, peut-être un peu trop parfois. En effet, Jean-Claude Roy fait souvent apparaître plus l’aspect technique des choses que politique lors de ses interventions. Mais cela a au moins un avantage, c’est qu’il a une vraie connaissance de ses dossiers. C’est aussi quelqu’un d’agréable, de sympathique. Jean-Claude Roy est un élu sur lequel on peut compter.” Édouard Sassard, opposition municipale “Le tram était son projet” “Jean-Claude Roy est l’élu qui a travaillé sur le tram. Même si nous ne sommes pas foncièrement contre ce moyen de transport, nous avons toujours considéré qu’il existait d’autres dispositifs moins coûteux qui méritaient d’être étudiés. J’ai trouvé Jean-Claude Roy peu à l’écoute des autres propositions. Le tram était son projet. Il s’est toujours donné comme objectif de le faire aboutir. Ceci étant, c’est un technicien, il connaît bien son dossier. Que l’on soit d’accord ou non, il a fait son travail. Mais il lui manque une vision globale sur ce projet. En dehors de cela, il faut reconnaître que cet élu n’est pas politique, il a une grande morale.”

ne pas être élu. Bigre ! En fait, dans ses sta- tuts, le syndicat C.F.D.T. auquel il adhé- rait depuis 1965 lui interdisait de cumu- ler sa fonction de délé- gué avec celle d’élu d’une collectivité. Jean- Claude Roy se plie au règlement pour des rai- sons d’éthique et de camaraderie. “Je n’ai pas été élu,mais Robert Schwint m’a tout de même nommé au sché- ma directeur. Je me rendais déjà à la com- mission qui traitait de

Il a dû quitter l’école à 14 ans.

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