La Presse Bisontine 120 - Avril 2011

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 120- Avril 2011

ÉDUCATION Un encouragement financier

Jusqu’à 22 000 euros de prime pour les recteurs Les syndicats d’enseignant ne décolèrent pas. Selon eux, la modification de la prime au mérite attribuée aux recteurs est une manière de les encourager à suprimer des postes. Le rectorat prétend que les critères d’attribution de cette récompense ne sont pas économiques mais pédagogiques et éducatifs.

Le montant de la prime que percevra cette année le recteur Éric Martin comme ses 29 homologues en France n’est pas encore arrêté.

D ans le milieu enseignant, onmurmure déjà qu’Éric Martin, le recteur d’académie de Besançon, serait promis à une prime au mérite de 22 000 euros cette année. Une coquette somme qui correspond au maximum de la récompense allouée par l’État à ses fonctionnaires à condition bien sûr qu’ils remplissent les objectifs qui leurs sont assignés. Pour l’instant, le montant de cette prime annuelle ne relève que de la rumeur. Il ne sera défi- ni que plus tard dans l’année. Néanmoins, il est possible que le recteur de Besançon, comme ses 29 homologues en France perçoivent ces 22 000 euros. Mais il n’est pas exclu non plus que le montant de l’enveloppe soit inférieur depuis que le cal- cul de la prime au mérite a été modifié. Jusqu’ici, tous les rec-

teurs étaient soumis au même traitement : 19 000 euros pour chacun. Ce système est caduc depuis novembre 2010. L’indemnité exceptionnelle se décompose désormais en deux volets : une part fixe de 15 200 euros et une part variant de 0 à 6 840 euros qui dépend de la réalisation des objectifs fixés par le ministère de l’Éducation Nationale.

syndicats, il ne fait aucun dou- te que cette prime vient encou- rager les recteurs à supprimer les postes. “Cette carotte est une manière de les inciter à agir sans état d’âme. Les recteurs sont dans une fonction obéissante. S’ils n’obéissent pas assez, l’État a la possibilité désormais de jouer sur l’aspect financier” s’indigne Nadine Castioni, co-secrétaire départementale du S.N.U.I.P.P. Et des postes, jamais l’Académie de Besançon n’avait eu à rendre autant paraît-il que cette année. 285 au total, primaire et secon- daire confondus. “Dans le second degré, on rend 177 postes alors que les effectifs attendus pour la rentrée prochaine sont en haus- se de 183 élèves. Au lycée Victor- Hugo, ce sont 7,5 postes qu’il faut rendre. Pourtant, les effec- tifs ne bougent pas. On n’est plus en train de dégraisser le mam-

Cette évolution exaspère les syn- dicats enseignants. “C’est une prime à la casse adaptée à l’Éducation natio- nale” estime Denis Baron, secrétaire départementale de la F.S.U. qui enseigne au lycée Victor-Hugo à Besançon. Pour les

postes. Les objectifs fixés aux recteurs sont d’un ordre “édu- catif et pédagogique” , et pas éco- nomique. “Apporter aux élèves une aide individualisée dès le plus jeune âge et tout au long de la scolarité, élever le niveau de formation des jeunes, faire réussir tous les élèves ou préve- nir le décrochage scolaire” , c’est sur ce genre de critères que serait évalué le montant de la prime au mérite.

Pour les syndicats, ce discours est en parfaite contradiction avec la politique actuelle. “Fran- chement, le Rectorat se moque des professionnels que nous sommes, des élèves et de leurs parents explique Denis Baron. Car associer la prime au bien- être des jeunes dans les classes alors que par ailleurs on sup- prime des postes, c’est quand même fort de café !” T.C.

mouth, cette fois-ci on a attaqué la moelle des os” peste Denis Baron. Le Rectorat est habitué à ce gen- re d’attaques portées par les syndicats enseignants. Néan- moins, sur la question de la pri- me au mérite, l’administration de la rue de la Convention à Besançon tient à recadrer les choses. Selon les services du Rectorat, son calcul n’a aucun lien avec les suppressions de

“On a attaqué la moelle des os.”

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