La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

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Les élections cantonales permettront de renouveler 18 des 35 conseillers généraux du Doubs les 20 et 27 mars prochains. Dans le Grand Besançon, quatre cantons sont concernés, deux cantons urbains et deux ruraux. Actuellement, la gauche emmenée par Claude Jeannerot détient 20 des 35 sièges au Conseil général du Doubs. Alors que ce scrutin n’est attaché à aucun autre, que la moitié seulement des cantons est renouve- lable - deux cantons urbains sur les six cantons de Besançon -, la mobilisation est loin d’être massive à un mois du scrutin. Pourtant, pour la droite qui a perdu la majorité en 2004, c’est la dernière occasion de reprendre les rênes du Département avant la pro- bable réforme des institutions programmée en 2014. Avec cette élection “bancale” à l’issue de laquelle les conseillers généraux ne seront élus que pour trois ans au lieu de six, réforme oblige, c’est surtout à un vrai test national que les électeurs sont conviés, n’en déplaisent aux élus locaux qui arguent à juste titre que le Conseil général, avec son budget avoisinant les 534 millions d’euros cette année, intervient dans les tous les pans de la vie quotidienne des habitants du Doubs. La Presse Bisontine est allée à la rencontre de tous les candidats déclarés à la date du bouclage (14 février). La parole est à eux. CANTONALES 2011 : LES CANDIDATS SE DÉVOILENT

POLITIQUE

18 cantons renouvelables En gagner trois, sans en perdre un…

gré le désaccord élec- toral flagrant entre le P.S. et lesVerts, le par- ti écologiste n’a pas trouvé de candidats pour tous les cantons, si bien que les Verts ne pourront sans dou- te pas jouer aussi bien leur rôle habituel de trouble-fête. La gauche de la gauche a presque mieux réus- si sa stratégie de ras- semblement. Et à droite, unie pour l’occasion - on se sou- vient des dégâts qu’avait causée la division de 2004 -, tous les candidats sont issus de la même liste. Ce qui les diffé- rencie ? Certains, ils sont peu, affichent clairement leur appar- tenance à l’U.M.P. tan- dis que la plupart

yeux de la gauche. “Il ne devrait pas y avoir trop de souci” lâche un proche de Claude Jeannerot, le président du Conseil général concerné par le scru- tin de mars dans son canton de Besan- çon-Ouest. La gauche non seulement compte bien conserver sa majorité dans l’hémicycle départemental, mais elle a dans son viseur plusieurs cantons qu’elle compte bien faire tomber dans son escarcelle. Claude Jeannerot esti- me que “quatre ou cinq cantons sont à portée de main : Roulans, Pont-de-Roi- de, Le Russey, Morteau et Saint-Hip- polyte” énumère-t-il. De son côté, pour convaincre, la droite rassemblée pour ce scrutin insiste sur “l’explosion du recours à l’emprunt” pour fustiger les choix opérés par la gauche depuis qu’elle est au pouvoir dans ce département. Sur les quatre cantons duGrand Besan- çon, trois des quatre candidats sor- tants se représentent : Vincent Fus- ter sur Besançon-Nord-Ouest, Claude Jeannerot sur Besançon-Ouest et Jacques Breuil sur Quingey. Seul le canton de Roulans verra s’affronter des candidats nouveaux puisque le conseiller général sortant, Yannick Dessent (droite), ne se représente pas. De manière générale, dans tous les cantons renouvelables du Doubs, la plupart des sortants se représentent. À droite, seuls les conseillers généraux de Saint-Hippolyte, du Russey et donc de Roulans ont décidé de raccrocher. Du côté de la gauche, le non-renou- vellement de la classe politique est encore plus flagrant : sur les neuf can- tons renouvelables déjà détenus par la gauche, huit sortants sur neuf s’alignent à nouveau. Seul Éric Lan- çon à Montbéliard-Est est un nouveau venu sur la scène des cantonales. Du côté de la féminisation de la vie politique, c’est également raté : avec trois femmes seulement sur les 18 can- tons renouvelables, la gauche fait aus- si bien que la droite dans la misogy- nie. Dans chacun des deux camps principaux, on affirme avoir cherché des femmes, en vain. Le rapport de force gauche-droite risque d’être frontal les 20 et 27 mars dans la mesure où, contrairement aux can- tonales précédentes, les candidatures ne se bousculent pas. À gauche, mal-

C’est la délicate équation que devra résoudre la droite les 20 et 27 mars si elle souhaite reconquérir le Conseil général du Doubs. Mission impossible selon la plupart des observateurs. D’autant que la mobilisation n’est pas encore au rendez-vous.

D eux amis discutent dans un café de la rue de Vesoul à Besançon : “Tu vas voter dimanche ?” “Pourquoi j’irais voter, il n’y a pas d’élection !” “Mais si, tu n’as pas reçu les docu- ments ?” Ce genre de discussion de comptoir est loin d’être improbable. L’explication : d’un côté de la rue de Vesoul, c’est le canton de Besançon- Nord-Ouest qui renouvellera son conseiller général les 20 et 27 mars, de l’autre côté du trottoir, on est sur le canton de Besançon-Nord-Est, dont l’élection du conseiller général a eu lieu il y a trois ans et qui n’est donc pas renouvelable. Non seulement ce

sey, Pierrefontaine-les-Varans, Ornans, Roulans et Saint-Hippolyte) et 9 par la gauche (Besançon Ouest et Nord- Ouest,Montbéliard Ouest et Est, Quin-

prochain scrutin cantonal ne déchaî- ne pas les passions, mais l’organisation du scrutin basé sur le renouvellement des cantons par moitié tous les trois ans, est un facteur aggravant évident de l’abstention. Pour autant, ces cantonales sont pour la droite la dernière chance qu’elle a de reconquérir la majorité perdue en 2004. 18 des 35 cantons du Doubs sont renouvelables cette année, dont 4 à Besançon et dans le Grand Besançon : Besançon-Ouest, Besançon-Nord-Ouest, Quingey et Roulans. Sur les 18 cantons renouvelables, 9 sont détenus par la droite (Le Russey, Montbenoît,Morteau,Mouthe, Le Rus-

gey, Étupes, Pontarlier et Vercel). Pour réus- sir son pari, la droite devra gagner dans 12 des 18 cantons renou- velables, autrement dit reconquérir trois can- tons sans en perdre un seul. Ce scénario que peu de monde à droi- te reconnaît comme probable, est tout bon- nement impossible aux

La gauche aussi misogyne que la droite.

“Le leader- ship à droite ? Il m’a échappé…”

d’entre eux préfèrent parler de “droi- te” ou de “droite républicaine”. En cas de victoire comme de défaite, il reste- ra surtout à la droite de se trouver un leader . “S’il y a un leadership à droi- te, il m’a échappé” ironise le président du Conseil général. Enfin l’extrême- droite, fidèle à son habitude, a atten- du le dernier moment pour dévoiler la liste complète de ses candidats. Le par- ti de Marine Le Pen espère ouverte- ment, comme la gauche le souhaite sans doute mais plus discrètement, que le contexte national franchement hostile au gouvernement, fasse tré- bucher les candidats de la droite.Autant en milieu rural on choisit un homme ou une femme avant un parti, autant en ville où la majorité des habitants ne connaissent même pas le nom de leur conseiller général, on vote d’abord une couleur politique. En cela, et à cau- se de la méconnaissance encore large de ce scrutin, les cantonales risquent fort de se transformer en galop d’essai national. C’est en effet la dernière élec- tion au suffrage universel direct avant la présidentielle de mars 2012. J.-F.H.

La majorité de gauche a été confortée en mars 2008 lors des dernières cantonales. Jusqu’au 20 mars prochain, la gauche détient 20 sièges sur les 35 (photo archive L.P.B.).

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