La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

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LA VÈZE

Parcours d’un pilote baroudeur Thierry-Pierre Corberand, une vie “hélico” presto !

D evenir pilote, le rêve de beaucoup de mômes. C’était aussi celui de Thierry- Pierre Corberand. Si l’envie de voler s’estompe avec le temps, parfois à regret, chez la plupart des gamins, elle est restée tena- ce jusqu’à devenir réalité chez ce garçon né à Vesoul dans une famille de gendarmes il y a 45 ans.Aujourd’hui, c’est toujours avec le même plaisir qu’il s’installe aux commandes de son hélicoptère, un Écureuil AS 350. “On dit que c’est le plus beau bureau du monde” déclare-t- il. Son bureau justement, il le promène un peu partout en France et à l’étranger pour de mul- tiples missions qu’il honore dans le cadre de sa société Hélit’air basée à La Vèze. Lorsque Thierry-Pierre Corberand ouvre une à une les fenêtres de son quotidien pour racon- ter en quoi consiste son job, il peut rapidement faire pâlir de jalousie l’auditoire. Monsieur pas- se une partie de l’été à Saint-Tropez pour trans- porter des V.I.P. qui se déplacent évidemment en hélico sur la Côte d’Azur. Parmi les per- sonnalités qu’il a accueillies à bord de son appa- reil, il annonce Leonardo Di Caprio et Dany Boon. Excusez du peu ! Mais ce ne sont pas les strass et les paillettes qui occupent le plus notre pilote de “taxi pour il s’est reconverti dans le civil en créant Hélit’Air, son entreprise. Transport de V.I.P., cinéma, lutte incendie, aux commandes de son hélicoptère, Thierry-Pierre Corberand est sur tous les fronts. Sa vie de pilote d’hélicoptère se regarde comme un film d’aventure. Pilote de chasse pour commencer, membre des forces spéciales françaises,

Thierry- Pierre Corberand a commencé sa carrière en tant que pilote de chasse dans l’armée de l’air.

(photo Magali Teyssier).

mettre en scène l’hélicoptère. Il retrouvera sur place les hommes du G.I.T.C. (groupe d’intervention pour la télévi- sion et le cinéma). “Cette acti- vité audiovisuelle s’est vrai- ment développée depuis que R.F.F. a fait appel à nous pour filmer le chantier de construc- tion de la ligne à grande vites- se. Cela nous a donné un pas- sif pour le cinéma” reconnaît Thierry-Pierre Corberand. Lorsqu’il est en tournage pour réaliser des images aériennes, il est plus qu’un pilote, il est aussi un cadreur.

re de prestations techniques, il réalise aussi de la télémétrie laser qui permet de modéliser un terrain par ordinateur après l’avoir survolé. Le procédé est utilisé pour la mise en œuvre de grands aménagements routiers entre autres, ou ferroviaires. De toute évidence,Thierry-Pier- re Corberand s’est positionné sur tous les domaines qui peuvent demander l’intervention d’un hélicoptère. Ajoutons encore à la liste le sport et le cinéma. “Nous sommes fournisseurs d’images pour beau- coup d’événements sportifs” explique l’entrepreneur. Il a survolé le Tour de France ou plus récemment le départ de la Route du Rhum. Entre ses compétences et le matériel technique dont il dispose, il finit par se faire un nom dans le monde fermé de l’audiovisuel. Le 7 ème art fait appel à ses services soit pour des vues aériennes, soit pour des séquences qui mettent en scène un hélicoptère. Il a participé ainsi au tournage des Rivières Pourpres réa- lisé par Mathieu Kassovitz. En 2010, il a sur- volé le château de Joux pour les besoins du film d’animation “Les Krostons” du réalisateur Fré- dérik Du Chau. Il a collaboré également à “la vie sauvage de nos animaux domestiques” un film de Frédéric Goupil et Dominique Garing. Prochainement, il s’envolera dans le sud de la France pour le tournage de la nouvelle saison de la série policière “Sur le fil” où il s’agira de

depuis longtemps les forces spéciales françaises dans lesquelles il est resté quinze ans durant. Le militaire fut engagé sur l’opération “Tur- quoise” menée par la France, sous couvert de l’O.N.U., en 1994 au Rwanda, à la fin du géno- cide. Cette opération avait pour but de proté- ger les populations menacées. Thierry-Pierre Corberand est assez discret sur cette période de sa vie dont il consigne actuellement les temps forts dans un livre qui doit être publié au prin- temps. Sa carrière militaire s’arrête en 2000. Avant de revenir en Franche-Comté, le baroudeur est parti s’installer en Guyane. C’est là qu’il a créé la sociétéHélit’Air pour les besoins des orpailleurs et des administrations qui devaient se dépla- cer dans la jungle. Cela fait six ans maintenant que Thierry-Pier- re Corberand a retrouvé sa région natale et autant de temps qu’il se démène pour déve- lopper sa société de service. Il poursuit le rêve brisé du pilote Dominique Jeanclerc, mort acci- dentellement, qui avait créé à LaVèze l’entreprise Héli-Est. Thierry-Pierre Corberand voudrait passer un autre cap. Il réfléchit à l’implantation d’un petit héliport dans le Grand Besançon, pourquoi pas à proximité de la nouvelle gare T.G.V, afin de développer un véritable service de transport aérien. T.C.

L’implantation d’un héliport dans le Grand Besançon.

milliardaires” comme il le souligne avec humour. Autre contrée, autre prestation. Thierry-Pierre Corbe- rand est spécialisé dans la lutte incendie. Cette fois-ci, c’est aux com- mandes d’un hélicoptère bombar- dier d’eau (800 à 1 000 litres) qu’il se déplace sur les feux de forêt. “Cela représente 50 % de mon acti- vité” dit-il. Pour le reste, on peut l’apercevoir sur un chantier à lever des charges avec sa machine, lar- guer des parachutistes ou survoler des zones habitées dans le cadre de vols thermographiques pour déterminer les déperditions de cha- leur des habitations. Dans ce gen-

“Le Graal de l’être humain.”

Ce quadragénaire a plutôt bien réussi sa recon- version. Car comme la plupart des pilotes civils, c’est à l’armée qu’il a commencé sa carrière. “C’était en 1985. J’étais alors jeune pilote de chasse dans l’armée de l’air.” Mais animé par l’envie de découvrir d’autres machines volantes, Thierry-Pierre Corberand a abandonné l’aviation pour devenir pilote d’hélicoptère militaire en 1993. “Ce qu’il y a de magique avec ces machines, c’est de pouvoir réaliser un vol stationnaire. Avoir la sensation de voler comme un oiseau, voilà le Graal de l’être humain.” Lorsqu’il a changé d’arme, il avait déjà rejoint

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