La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

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La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

LIVRE

“Une éducation algéroise” Mustafa Haciane replonge dans ses racines L’ancien journaliste de France 3, autrefois dramaturge, sort un roman plein d’émotion où il raconte sa jeunesse à Alger, au temps béni de l’insouciance. Poignant. Une éducation algéroise Mustafa Haciane Éditions Encre d’Orient

D ès les premières pages, on sent immédiatement l’atmosphère. Cette Alger encore française où l’insouciance règne en maîtresse et l’odeur du jasmin flotte délicatement dans l’air de cette ville qui connaîtra

des années plus tard le déchirement que l’on connaît. Nous sommes au début des années cinquante. Le jeu- ne héros s’éveille à la vie. Cette édu- cation algéroise est à double niveau : sexuelle d’abord, politique ensuite. Mustafa Haciane, qui est né dans cet-

te Alger la blanche, retranscrit com- me nul autre l’atmosphère de douce torpeur qui régnait alors. Il embarque son lecteur dans cette sorte de “Roméo et Juliette algérois” comme il le défi- nit lui-même. Et peu à peu débar- quent la guerre et ses attentats qua-

si-quotidiens que Mustafa Haciane s’emploie à relater avec l’œil objec- tif de l’Algérois qui estime que la vie d’avant, quand bien même elle s’organisait sous la houlette des Fran- çais, eh bien ce n’était pas si mal que ça. “Il y avait beaucoup de pauvres, peu de riches. Malgré tout, c’était une époque bénie. J’ai vécu cette période des années cinquante comme un grand malentendu” estime Mustafa Hacia- ne qui a mûri son roman pendant près de dix ans. Évidemment, comme dans tout roman, il y a une grande part de soi dans le récit, aussi romancé soit- il. “C’est vraiment un roman qui racon- te l’éveil d’un jeune homme dans tous les sens du terme. Ce livre est un hym- ne à la jeunesse, à l’amour et à la paix” ajoute l’auteur. Retraité de France 3 - il a travaillé sur l’antenne franc-comtoise de Fran- ce 3 de 1983 jusqu’à sa retraite en 2000 -, Mustafa Haciane a eu un par- cours pour le moins riche : auteur dès les années soixante de plusieurs pièces de théâtre dont une, “À quoi bon fixer le soleil ?” qui aura eu un beau suc- cès d’estime, puis baroudeur - il aura notamment bourlingué au Brésil -, il se lance dans les métiers du journa- lisme après des études littéraires à la Sorbonne. Jeune journaliste à Fran- ce Afrique, il retourne ensuite en Algé- rie à la radio-télévision algérienne, avant de revenir à Paris où il colla- bore à R.F.I., puis à F.R.3., avant de

Un roman empreint d’émotion et de nostalgie.

s’établir définitivement dans la capi- tale comtoise en tant que journaliste reporter d’images. En pleine période de trouble chez les voisins tunisiens et égyptiens, com- ment ne pas interroger l’observateur algérien sur la situation politique actuelle ? “En Algérie, la situation est différente dans le sens où Bouteflika est le pion de l’armée. Là-bas, ce sont

les généraux qui dirigent le pays. Le jour où les généraux disparaissent, ça bougera. La popula- tion contribuera alors à assommer le régime” ana- lyse Mustafa Haciane qui suit évidemment de près l’actualité qui secoue l’autre rive de la Médi- terranée à laquelle il res- te profondément attaché. “Une éducation algéroi- se” a été tirée à 2 000 exemplaires. J.-F.H.

Auteur de plusieurs pièces de théâtre.

Mustafa Haciane a travaillé sur France 3 Franche- Comté jus- qu’à sa retraite en 2000.

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