La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

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RUREY

Des commandes publiques en baisse Franche-Comté Signaux à la croisée des chemins

L’entreprise de signalétique traverse une période compliquée dans un environnement économique en pleine mutation. Les éclairages du P.D.G. Sébastien Braems.

L’entreprise emploie 45 personnes à Rurey.

L a Presse Bisontine : Vous avez semble-t-il traversé une année 2010 compliquée avec une com- pression des effectifs (non-renouvel- lement de postes en C.D.D. et départs volontaires). Comment s’amorce 2011 ? Sébastien Braems : De manière générale, le marché est en recul tout simplement parce que la commande publique est en bais- se. Nous fonctionnons à 100 % avec les collectivités publiques. Par ailleurs, le maillage auto- routier français est aujourd’hui très dense. Le dernier chantier autoroutier que l’on vient de ter- miner, c’est l’A 65 entre Pau et Langon. Mais il reste très peu de projets autoroutiers en Fran- ce. Du fait de la baisse de la com- mande publique, on a été

contraint en effet de réduire notre effectif d’environ 10 %, soit une petite dizaine d’emplois. Il n’y a pas eu pour l’instant de licenciements secs. En 2010, nous avons beaucoup souffert du retard de la com- mande publique sur le début de l’année. C’est dû notamment aux élections régionales et à la sup- pression de la taxe profession- nelle qui a mis le doute dans toutes les collectivités locales sur leurs capacités financières futures. En 2011, on peut espé- rer voir le bout du tunnel. À un moment ou à un autre, il faudra bien que l’économie reparte. L.P.B. :Votre secteur d’activité a beau- coup évolué ces dernières années ?

Repères Franche-Comté Signaux en dates 1989 : Création de Franche-Comté Signaux par Sébastien Braems et son père Pierre et des investisseurs (groupe Thery-Hindrick). 1989-1990 : Chantier de lʼA 36. 1992 : Chantier Disney Land. 1993 : Traversée de Fresnes (Ile-de-France). 1994 : Inauguration du site de production à Rurey. 1995 : Franche-Comté Signaux devient indépendante (capital 100 % familial). 1998 : Chantier du Stade de France à Saint-Denis. 2000 : Création de la filiale S.N.M. (marquage au sol). 2004 : Création de Soenen Signalisation à Lille. 2007 : Création de S.P.E. travaux paysagers à Lille. 2007 : Création dʼune chaîne de peinture chez Franche-Comté Signaux. 2008 : Création de C.S.M. Exploitation chantier à Lille. 2008 : Passation entre Pierre et Sébastien Braems.

Sébastien Braems, P.D.G. de Franche-Comté Signaux.

Signaux, se par- tagent les 10 % qui restent. L.P.B. : Votre rayon d’action, c’est tout le territoire national ? S.B. : C’est la Fran- ce métropolitaine et les D.O.M.- T.O.M. Le dernier gros chantier réfé- rence qu’on a réa- lisé dans les D.O.M.-T.O.M., c’est la route des Tamarins sur l’île de La Réunion, où nous avons fabri- qué et posé

S.B. : Oui, nous sommes vrai- ment sur un secteur en pleine mutation. Nous nous orientons de plus en plus vers l’entretien de l’existant, plus que dans la création de nouvelles voiries. Une des voies de développement pour nous, c’est aussi d’accompagner les modes de déplacement doux, comme le T.G.V., le tramway… L.P.B. : Êtes-vous positionnés sur le tramway de Besançon ? S.B. : Naturellement, c’est à l’étude. On espère pouvoir tirer notre épingle du jeu sur ce chan- tier. Nous avons réalisé toute la signalétique du tramway de Gre- noble et quelques lots récem- ment sur un des tramways d’Ile- de-France. Plus localement, pour illustrer notre métier, nous venons de terminer la voie des Mercureaux, un beau lot de signalétique dynamique. Pour le reste, c’est devenu très com- pliqué avec les autoroutes. L.P.B. : Pour quelle raison ? S.B. : Tout simplement, avant, nous n’avions qu’un interlocu- teur, c’était l’État. Depuis que l’État a concédé les autoroutes à des gros faiseurs de T.P. com- me Vinci ou Eiffage, c’est deve- nu plus compliqué parce que ces gens-là ne sont pas soumis au code des marchés publics. Nous avons amorcé une nouvelle façon de travailler avec des projets basés sur des partenariats public-privé. L.P.B. : Le marché de la signalétique est-il très concurrentiel en France ? S.B. : C’est un marché fortement concurrentiel. Nous représen- tons entre 3,5 et 4 % du mar- ché français. En France, quatre entreprises leaders se partagent 90 % du marché et dix autres acteurs, dont Franche-Comté

“Un peu frustrant de perdre un marché local.”

l’intégralité des signaux et des structures (portiques, poteaux, hauts mâts). L.P.B. : Il n’est pas envisageable de travailler à l’étranger ? S.B. : Non, d’une part parce qu’il existe des agréments nationaux et la normalisation de la signa- létique est différente d’un pays à l’autre, et d’autre part parce qu’en France, nous avons le coût de main-d’œuvre le plus élevé d’Europe. L.P.B. : Quel est le chiffre d’affaires de Franche-Comté Signaux ? S.B. : Sur la fabrication de signa- létique et de panneaux, nous sommes entre 7 et 8 millions d’euros par an. Avec les autres entreprises du groupe (S.P.M. pour la pose, S.N.M. dans lemar- quage et trois entités sur le Nord de la France), nous faisons selon les années entre 10 et 15 mil- lions d’euros de chiffre d’affaires. L.P.B. : Et l’effectif salarié ? S.B. : Sur le site de Rurey, nous sommes 45 personnes. Il y a en plus une équipe de 10 poseurs qui se déplacent, 6 autres per-

nouveau positionnés dans l’appel d’offres. Pour nous, le marché du Doubs, c’est entre 350 000 et 650 000 euros par an, et là, nous avions été écartés pour 10 000 ou 12 000 euros d’écart. L.P.B. :Avec les difficultés conjonctu- relles que vous évoquiez, la pérenni- té de Franche-Comté Signaux est-elle menacée ? S.B. : Je le redis : nous ne sommes pas sur un marché où tout va bien, mais la gestion sage de cette entreprise depuis sa créa- tion en 1989 nous a donné les ressources nécessaires pour tra- verser la crise actuelle. Cette gestion sage nous permet de tra- verser les turbulences et nous avons aussi la chance d’être une P.M.E. qui a donc une certaine souplesse. Nous courbons l’échine en attendant des jours meilleurs. Propos recueillis par J.-F.H.

sonnes au marquage, et une vingtaine d’autres dans nos enti- tés du Nord, soit au total 80 salariés. L.P.B. : Vous avez perdu l’an dernier le marché de la signalétique du Doubs avec le Conseil général, au profit d’une

entreprise du Sud- Ouest. Où en êtes- vous avec le Dépar- tement du Doubs ? S.B. : Nous nous soumettons bien sûr aux règles des appels d’offres, mais c’est un peu frustrant de perdre unmarché local, on est for- cément un peu mauvais perdant. Mais la procédu- re a été relancée cette année et nous sommes à

“On peut espérer

voir le bout du tunnel.”

Franche-Comté Signaux vient de terminer la signalisation de la voie des Mercureaux.

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