La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

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POLITIQUE

La candidature aux législatives “Le niveau de l’opposition m’attriste”

L a Presse Bisontine : Même si on s’aperçoit que la classe politique oublie vite l’un des siens quand il s’est retiré depuis dix ans, l’heure est encore aux hommages à l’égard de Robert Schwint. Que retenez-vous de votre prédé- cesseur qui vous serve au quotidien dans votre fonction de maire ? Jean-Louis Fousseret : Nous n’avons pas la même histoire ni lemême parcoursmais j’ai été élevé à son école : celle de la recherche d’un consensus, recherche qu’on ne doit pas confondre avec inca- pacité de décider. On cherche le consen- sus et ensuite, il faut avoir le courage de trancher. C’est ce qu’il faisait très bien et que je m’efforce de faire. Par exemple en cemoment avec le tramway. L.P.B. : Parlons-en clairement du tramway. Dites la vérité aux Bisontins et que ce tram- way coûtera 36 millions d’euros aux contri- buables bisontins, c’est une somme inscrite au Plan Pluriannuel d’Investissements réac- tualisé ! J.-L.F. : Non ! Ces sommes sont bien ins- crites dans les prochains budgets de la ville mais la plupart des travaux engagés le sont parce qu’il fallait de toute façon les faire. Le pont Battant par exemple : dans quatre ans il aurait fallu le refaire. On a commencé aussi la déviation des réseaux justement là où de toute façon ils devaient être modernisés.À la Grette, on a déjà démo- li des garages mais c’est aussi dans le cadre du réaménagement global de ce secteur où je souhaite y installer une moyenne surface. En plus, le magasin ED va fermer, ce sont des travaux qu’il faudra faire. L’aménagement de l’entrée du C.H.U. (4,5 millions), elle était pro- grammée, pareil pour la mise à double sens du boulevard Diderot dont on par- le depuis 20 ans. Dire qu’il n’y a aucun chantier en lien avec le projet tram, ce serait bien évidemment mentir.Mais toutes ces sommes engagées le sont parce qu’il faudra faire ces travaux, tram ou pas. La chose vraie, c’est que Besançon verse une subvention de 20 millions d’euros pour soutenir le tram. Mais malgré cela, le projet tram n’entraînera strictement aucune haus- se d’impôt pour les Bisontins, je le répè- te haut et fort. L.P.B. : Ce n’est pas illégal de commencer des travaux alors que le commissaire-enquêteur n’a même pas encore rendu ses conclusions sur l’enquête publique “tramway” ? J.-L.F. : Dans ces chantiers, nous ne fai- sons strictement rien qui soit illégal. L.P.B. : Comment pouvez-vous garantir aujour- d’hui que l’enveloppe de 228 millions plus ou moins 5 % ne sera pas dépassée ? tramway, la concurrence de Dijon, les impôts, le budget… Et ne manque pas de donner un sérieux coup de griffe à son opposition. Jean-Louis Fousseret lâche les chevaux. Le maire de Besançon se défend là où il est le plus attaqué en ce moment : le coût du

Le maire de Besançon confirmera avant juillet son intention de s’aligner aux législatives de juin 2012.

la Caisse d’Épargne ne supprime pas aussi son siège régional à Dijon… Ma seule réponse vis-à-vis de tout cela c’est de continuer à développer l’attractivité de Besançon et que cela passe par des accords de coopération avec Dijon. Les contre-exemples exis- tent aussi : avec l’institut fédératif du cancer, nous aurons bientôt un des 5 meilleurs de France, loin devant Dijon… La Bourgogne et la Franche-Comté sont deux régions trop petites pour se bagarrer seules. Et je suis persuadé que le T.G.V. va permettre de rééqui- librer les choses. Je ne suis pas dans une démarche de repli mais, au contrai- re, de coopération. Ça va finir par payer.

Quand je repense à ces vrais opposants qu’étaient Marcel Pochard, Raymond Tourrain ou Michel Jacquemin, ce qui se passe aujourd’hui au conseil m’attriste. Je pense sincèrement qu’on a besoin d’une vraie opposition. Celle d’aujourd’hui n’est pas utile à la ville, dans le sens où elle n’apporte rien. L’opposition doit avoir un rôle de vigi- lance, d’aiguillon aussi, mais pas de destruction systématique non argu- mentée. Quant à ses dissensions internes, elles m’attristent, elles ne m’amusent même pas. L.P.B. : Serez-vous oui ou non candidat aux législatives de l’an prochain ? J.-L.F. : J’annoncerai ma position avant juillet prochain. L.P.B. : Mais encore ?… J.-L.F. : Je pense que je peux être utile en défendant les dossiers bisontins au niveau national comme le font mes col- lègues de Lyon, de Dijon, de Mulhou- se, de Nancy, deMontbéliard, deVesoul, de Lons ou de Chalon. Depuis 2002, j’ai toujours dit que j’étais favorable au non-cumul et j’y reste. Mais à par- tir du moment où une loi l’impose à tout le monde. Les choses ont changé depuis avec une réforme des collecti- vités territoriales qui a complètement étouffé les villes comme les nôtres par des réglementations, lois et désenga- gements divers de l’État vis-à-vis des- quels on est impuissant. Si une loi met- tait toutes les villes au même niveau avec les mêmes chances, je ne réflé- chirais même pas à une candidature aux législatives. Propos recueillis par J.-F.H.

J.-L.F. : Je le certifie.Tout le monde nous dit qu’1 km de ligne coûte 20millions d’euros. Pour nos 14 km, ce tram aurait dû coûter 280 millions et il ne dépassera pas 228 mil- lions. C’est grâce à une somme d'éléments. Exemple : quandAngers a fait son tram, la ville a construit un pont pour 35 millions d’euros. Ici, la reconstruction du pont Battant ne dépas- sera pas les 8 millions. Autre exemple : sur notre centre de main- tenance, nous gagne- rons 10 à 12 millions d’euros par rapport à un centre de mainte- nance d’autres villes car

aussi une histoire de solidarité mais avant tout, c’est la loi qui nous a impo- sé ce système de financement du tram. C’est le ministère du Budget en 2004 qui a supprimé les aides aux T.C.S.P. et remplacé ces aides d’État par un nou- vel impôt pour les entreprises avec le “versement transport”. C’est la loi, dans toutes les villes de France, de droite comme de gauche. La mobilité devient une question capi- tale : pouvoir se déplacer rapidement et bon marché, c’est l’enjeu de demain. Voilà pourquoi le tramest si important. L.P.B. : Autre dossier “chaud” en ce moment, le devenir de R.F.F. à Besançon. À l’occasion de la venue du premier ministre sur la ligne à grande vitesse, avez-vous eu des garan- ties ? J.-L.F. : Le président national de R.F.F. m’a garanti que Besançon garderait sa direction régionale. L.P.B. : Un nouveau croque-en-jambe de vos amis de Dijon ? J.-L.F. : Il faut arrêter de voir Dijon en terme de concurrence. Dijon et Besan- çon sont complémentaires. L’Université par exemple. L’Université de Franche- Comté a près de 20 000 étudiants, c’est une petite université. Dijon avec ses 23 000 étudiants est aussi une petite université. Les deux réunies, là, ça devient une grande université. Même chose avec nos C.H.U. qui jouent la complémentarité, c’est une stratégie essentielle si on veut devenir visibles de Paris et de l’Europe. Enfin pour des dossiers comme R.F.F. ou la Caisse d’Épargne, ce sont des stratégies à court terme. Il n’est pas dit qu’un jour

“Je certifie que l’enveloppe du tram sera respectée.”

“Plus aucune augmentation d’impôt jusqu’en 2014.”

L.P.B. : Le budget 2011 est voté depuis le 14 février : vous confirmez donc aus- si que malgré le tram, les impôts n’augmenteront pas à Besançon ces prochaines années ? J.-L.F. : Sauf si le gou- vernement agit pour massacrer les finances publiques des collecti- vités locales, il n’y aura plus aucune augmen- tation d’impôt jusqu’en 2014. L.P.B. : Un commentaire sur votre opposition municipa- le dans laquelle un nouveau “groupuscule” centre-droit a été créé ? J.-L.F. : Le niveau de cet- te oppositionm’attriste.

on le fera plus modeste. D’autre part ici, les rues sont moins larges que dans d’autres villes, donc il y a moins de coûts d’aménagement, etc. Je ne suis pas un magicien.Toutes ces économies s’expliquent. L.P.B. : Que dites-vous au chef d’entreprise de la périphérie de Besançon qui paiera le tram- way alors qu’il ne passera jamais devant son entreprise ? J.-L.F. : Je lui réponds que moi, je n’ai plus d’enfants en crèche mais que je continue à payer les crèches avec mes impôts. Comme des Bisontins âgés paient leT.G.V. qu’ils n’utiliseront peut- être pas ou que les jeunes actifs paient pour les services aux personnes. C’est

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