La Presse Bisontine 119 - Mars 2011

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 119 - Mars 2011

VIE MUNICIPALE

Élu du MoDem Philippe Gonon, l’économie est dans sa nature V.R.P., cadre financier, patron de P.M.E., cet élu a toujours eu un pied dans le monde de l’entreprise. Alors quand Jean-Louis Fousseret met en cause

P hilippe Gonon n’a pas digéré la remarque que lui a lancée Jean-Louis Fousseret en conseil communautaire à propos du développement économique de l’Agglo. “Je me suis fait traiter d’incompétent et de démagogue.” Nos élus ont beau avoir le cuir dur, toutes les petites phrases assassines ne glissent pas sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard. “Je l’ai pris comme une insul- te méprisante” poursuit le porte-dra- peau du MoDem à Besançon, un poil vexé. S’il y a bien un domaine dans lequel ce leader d’opposition estime avoir des qualités pour intervenir lors des assem- blées municipales et communautaires face à une majorité à demi-attentive à son propos, c’est bien l’économie. Dans les rangs des conseils, ce gaillard, la cinquantaine pimpante, est sans doute est un des plus fins connaisseurs de la discipline. Il a à son crédit son parcours professionnel riche d’expériences diverses. Des études à Besançon, un D.E.S.S. de droit des affaires à Dijon, tout juste libéré de ses obligations militaires, il commence sa carrière à la Chambre de Commerce au service de la promo- tion des produits francs-comtois en France et à l’étranger.Après avoir joué les V.R.P. à travers la planète pour vendre pêle-mêle l’industrie du bois ou l’agroalimentaire, il quitte le job en 1986 pour rejoindre le milieu bancai- re. En peu de temps, à 36 ans, il est propulsé directeur des affaires géné- rales de Franche-Comté à la Caisse d’Épargne. “Je gérais notamment les contentieux. Ça a été une période très dure pour moi, mais très formatrice. Pendant cinq ans, j’ai travaillé en binô- me avec un cabinet comptable pour tout apprendre de la gestion des risques. Après être passé dans un tel service, vous devenez méfiant, on ne peut plus vous raconter de salades” dit-il. Le che- min de la finance est souvent fréquenté par de drôles d’énergumènes qui osent tout pour de l’argent, comme cette fem- me qui demandait à Philippe Gonon des millions de francs pour faire de la ses compétences sur les dossiers économiques, le pragmatique Philippe Gonon sort de ses gonds.

Ce qu’ils disent de lui…

Né en Algérie il y a 57 ans, Philippe Gonon a commencé à fréquenter le milieu politique en 1984. Il fut directeur de campagne de Michel Jacquemin (U.D.F.), ancien député de la 2 ème circonscription du Doubs.

Martine Jeannin, élue d’opposition “Je le vois bien rejoindre la gauche moderne” “Philippe Gonon est un homme que j’ai appris à connaître depuis qu’il a été élu au Conseil municipal en 2008. Nous sommes tous deux au conseil d’administration de la Citadelle. C’est un homme bien fait de sa personne. Il présente bien, il est charmeur, poli, courtois. Ses interventions en conseil municipal sont très efficaces. Elles sont chiffrées. Il démontre des excès de dépenses que personne n’a prévus. Il était contre le tram. Depuis que j’ai consulté son blog, je le sens plutôt à tendance droite. Je le verrais même bien nous rejoindre à la Gauche Moderne, un parti qui laisse la parole libre. Il gravirait les échelons plus vite qu’au MoDem. ” Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon “Il est capable des approximations les plus criantes” “Philippe Gonon a une personnalité intéressante, je ne m’en lasse pas ! Le schéma est à mes yeux toujours identique : il travaille quelques dossiers de la municipalité, mais lorsqu’il s’agit de s’exprimer en public de faire connaître sa position, de se faire connaître, il est capable des approximations les plus criantes pour faire son effet. Véritablement “accro” aux nouvelles technologies, il n’hésite pas à “streamer”, “twitter”, “facebooker”, ce qui n’est pas critiquable en soi, des informations qu’il n’a pas vérifiées, l’essentiel étant de faire le scoop ! Je regrette sincèrement cette propension à s’attacher plus à la forme qu’au contenu car à mes yeux Philippe Gonon peut apporter au débat. Globalement, ses idées ne me choquent pas, son mode de pensée incarne bien ce que le MoDem proposait à la dernière élection présidentielle. Seulement voilà, pour exister, il commet souvent des erreurs, des faux-pas qui ne le servent ni lui, ni ses idées…”

me des couettes, des oreillers et des cana- pés de salon plutôt haut de gamme. “Nous sommes passés de 27 à 61 salariés. Nous avons même créé une seconde usine” racon- te Philippe Gonon avec une pointe de fierté. Mais dans le secteur du textile, la vie économique n’était pas franchement douillette. Elle était même devenue aussi raide que du crin, avec l’avènement des

face, j’ai décidé de vendre les deux usines. Je suis revenu à Besançon, je ne pouvais plus me voir en production, à gérer du personnel, j’étais usé.” Aujourd’hui, la page est tournée. L’homme a rebondi en même temps qu’il a renoué avec la politique locale. Depuis 2004, Philippe Gonon s’est lan- cé dans l’immobilier.Marchand de biens et promoteur, il s’est spécialisé dans le contrôle technique des bâtiments par la thermographie. Il est en cours d’habilitation pour réaliser les tests d’étanchéité à l’air. L’élu du MoDem a donc les deux pieds bien ancrés dans la vie active contrairement à ce qu’avancent parfois les mauvaises langues politiques. À la lecture d’un tel curriculum vitae , on peut comprendre son amertume suite au commentaire cinglant de Jean- Louis Fousseret à son égard. S’il ne prétend pas détenir la vérité, et enco- re moins donner des leçons d’économie, ce fidèle de François Bayrou entré au conseil municipal en 2008, n’est pas disposé non plus à en recevoir de la part d’une majorité qui abuserait de sa position dominante. Trop de ses questions posées en conseil municipal sont restées sans réponse pour qu’il accepte en plus de se laisser tacler par des remarques hors de propos. Mais Philippe Gonon tient peut-être sa revanche sur le maire avec le dos- sier du tram qui selon lui prend le che- min d’un “gouffre financier” comme il l’avait prédit. “Ce projet ne tiendra pas dans l’enveloppe des 228 millions d’euros annoncés. On sera plus près des 300 millions d’euros. La Ville a inscrit au budget 36 millions d’euros pour des travaux préalables au chan- tier du tram. Ils s’ajoutent aux 24 mil- lions d’euros de l’année dernière. Je voudrais que l’on m’explique si l’on est toujours dans le budget ? On découvre les problèmes les uns après les autres. C’est le pont Battant qu’il faudra abais-

“Le pont Battant qu’il faudra abaisser.”

35 heures pour commencer. “Nous y sommes passés aux forceps. Le seul point positif de cette réforme est qu’elle nous a obligés à tout réorganiser.” Et puis il y a eu cet accord de l’O.M.C. négocié dès 1995, mais applicable dix ans plus tard, visant à supprimer pro- gressivement le droit de douane des produits importés de Chine. Ce fut la porte ouverte à une concurrence féro- ce et le début d’un combat perdu d’avance pour des sociétés françaises de textile. Amer, Philippe Gonon ne mâche pas ses mots à l’égard de ceux qu’il considère comme les “fossoyeurs de cette industrie” , pointant du doigt entre autres Pascal Lamy, directeur de l’O.M.C. “Il a appliqué cet accord en 2005.Avec Dominique Strauss-Kahn au F.M.I., ces deux hommes sont à la tête des institutions les plus néolibé- rales qui soient. Et ce sont des socia- listes !” Du bureau de sa P.M.E. bourguignon- ne, il a mesuré les premiers effets dévastateurs d’une politique ultrali- bérale sur l’emploi. Pour cette raison, il ne supporte pas aujourd’hui qu’on lui colle parfois une étiquette de libé- ral dès qu’il parle d’économie. “En 2001, voyant que je n’arriverais pas à faire

Rhodia “unWorldTra- de Center.” Le banquier a flairé l’entourloupe. À l’époque, le jeune cadre qu’il était aurait pu continuer à évoluer dans le milieu ban- caire pour y faire car- rière. Mais à un confort professionnel tout tracé, il a préfé- ré tenter l’aventure de chef d’entreprise en 1994 en reprenant, en Bourgogne, la Manu- facture de Plumes et Duvets deTournus. La P.M.E. fabriquait des articles de literie com-

“Un World Trade Center à la Rhodia.”

re dont elles sont dépensées. “Nous devons être économes des fonds publics dans un contexte où tout le monde se serre la ceinture. On évitera beaucoup de débordements” estime l’entrepreneur. “Incompétent et démagogue” donc. Rira bien qui rira le dernier. Quand l’heure du bilan de la majorité aura sonné, Philippe Gonon pourra toujours ren- voyer le compliment à Jean-Louis Fous- seret si les chiffres lui donnent rai- son. Et toc. T.C.

ser et qui deviendra potentiellement inondable. Je suis à l’affût de toutes les bombes à retardement qu’il y a dans ce dossier.” Sur ce chantier, le leader du MoDem marque la majorité à la culotte, question de principe et de res- pect de l’utilisation des deniers publics. C’est aussi au nom de la “bonne ges- tion” qu’il ne serait pas choqué que la municipalité exerce un devoir de contrô- le sur les associations qui perçoivent des subventions supérieures à 20 000 euros afin de vérifier la maniè-

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