La Presse Bisontine 118 - Février 2011

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

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Le projet figurait déjà dans le programme électoral de Jean-Louis Fousseret en 2001. C’est dire si le 27 janvier aura été attendu par les amateurs de musiques actuelles de Besançon. Au-delà d’une simple salle de concert, la Rodia, le nom de scène de la S.M.A.C. (scène de musiques actuelles), veut s’imposer comme le quatrième grand pôle culturel de Besançon. La ville s’en est donné les moyens en investissant 7 millions d’euros dans l’équipement construit aux Prés-de-Vaux, posé au bord du Doubs. La S.M.A.C. est attendue par tous les amateurs de musiques actuelles de Besançon et de la région. Mais ils ne sont pas des dizaines de milliers. Il faudra donc que la Rodia dépasse largement son rôle initial de salle de concert et s’ouvre au monde. C’est le principal challenge que devra remplir l’équipe en charge de l’animation. Musique… LA RODIA N’EST PLUS UNE FRICHE

MUSIQUE

1,2 million de fonctionnement

La Rodia entre en scène La Salle des Musiques Actuelles et Contemporaines de Besançon ouvre ses portes le 27 janvier. L’outil est là, il s’agit désormais de le faire vivre. La Rodia apparaît déjà comme une des plus belles S.M.A.C. de France.

Frank Monneur, l’élu bisontin en charge des musiques actuelles.

F in décembre 2010 : énième réunion de chantier dans le grand hall du vaisseau dominant le Doubs. Les derniers ouvriers en bâtiment s’activent pour donner l’ultime couche de peinture. Dans les salles de réunion, les fauteuils orange ne sont encoremême pas déballés. Nous sommes à un mois à peine de l’ouverture. Mal- gré l’incendie récent d’une voiture au pied du vaisseau, il attend, inébran- lable avec sa tour de guet en verre, les premiers riff s de guitare qui déchire- ront le silence. Le 27 janvier, la Rodia ouvre ses portes. Trentenaires, quarantenaires bison- tins, nous sommes tous des orphelins du Montjoie. Cette salle de concert mythique et décatie à la fois, aux murs suintant de chaleur à chaque concert, a disparu du paysage musical bisontin en 1998. Depuis, pour les amateurs de musiques actuelles, plus rien. À l’exception bien sûr des bars de la capi- tale comtoise et du Cylindre de Larnod que la barrière de la côte de Larnod a

toujours empêché d’accéder au rang de vraie salle de concert pour les Bison- tins. La S.M.A.C. (Salle des Musiques Actuelles et Contemporaines) de Besan- çon a été baptisée du nom de la friche industrielle qui hante encore les lieux à quelques dizaines de mètres de là sur le site des Prés-de-Vaux. La Rodia (sans H) donc, est censée devenir le nouveau phare musical de Besançon non seule- ment, mais de toute la région. La Rodia n’a pas été créée pour être une maison de quartier de plus ou une salle asso- ciative. C’est un vrai projet culturel qui a guidé la conception de ce lieu qui aura vocation à attirer du public de toute la Franche-Comté, voire au-delà. “C’est la même chose que pour le théâtre de l’Espace ou le C.D.N. dans leur domai- ne. Avec le Théâtre Musical, la Rodia est désormais la quatrième structure culturelle de Besançon” affiche l’élu municipal FrankMonneur, papa de cet- te salle qui ouvre donc ses portes fin janvier. La Rodia fera partie du réseau

technique) et Jean-Pierre Cote-Colis- son (dit Tico), le responsable de la pro- grammation. La S.M.A.C. bisontine dispose d’un par- king de 250 places. Le petit plus qui la démarque encore de ses consœurs des autres régions : l’incomparable terras- se de 600 m 2 dominant le Doubs. Boi- re un verre en regardant les étoiles sous la silhouette de la Citadelle… Indé- niablement, la Rodia est une réussite tant par son emplacement que sa confi- guration. Aux responsables désormais de faire briller le bijou qu’ils ont entre leurs mains. J.-F.H. Qu’est-ce que les musiques actuelles ? Par musiques actuelles, il faut entendre tout ce qui nʼest pas classique ou lyrique. Cʼest dire si on peut mettre de tout dans cette appellation arc-en-ciel. À la Rodia, on pourra très bien voir des concerts de jazz que de la chanson française, de lʼélectro, du hip-hop, du rap, de la pop ou du rock. “La Rodia n’a pas été faite pour les jeunes qui viennent s’énerver sur des guitares électriques. Ce n’est pas non plus une salle réservée aux étu- diants. Elle sera ouverte à tous ceux qui aiment les musiques actuelles” préci- sent ses concepteurs. Le prix des concerts à la Rodia se situe- ra dans une fourchette de 10 à 20 euros. 27 euros pour les plus chers excep- tionnellement, certains seront aussi à moins de 10 euros.

en premier lieu laVil- le de Besançon,le tiers restant devant prove- nir de l’autofinancement, c’est-à-dire de la billet- terie et des recettes des bars. Le capitaine du navi- re Rodia est un Bison- tin bien connu des amateurs demusiques actuelles puisqu’il n’est autre que Manou Comby. Chargé de mission à la ville à 50 % pour le suivi du

des scènes demusiques actuelles recon- nues par le ministère de la Culture. Pour trouver un équivalent à la Rodia, il faut aller du côté de Nancy, de Reims ou de Strasbourg. La Vapeur de Dijon et sa salle vieillissante de 600 places prendra un sacré coup de vieux. “ÀDijon, ils sont en train de nous envier” relate un spécialiste bisontin des musiques actuelles. LaRodia est bâtie autour de trois piliers : la diffusion, la création artistique et l’information-ressources. “Ce troisième pilier est fait pour accompagner les groupes et les artistes qui démarrent” ajoute FrankMonneur. Dans le Doubs, plus de 500 groupes sont répertoriés, dont 300 rien qu’à Besançon. Avec ses deux salles, la Rodia est aus- si un outil destiné aux professionnels ou aux pré-professionnels de lamusique. En haut des escaliers, à gauche, la pre- mière grande salle,de 950 places debout. Pas de siège, une réelle proximité entre la scène et les spectateurs. À droite, la deuxième salle, de 330 places, “qui sera plus réservée aux groupes locaux. Dans le cahier des charges, nous avons impo- sé d’avoir 30 % de diffusion régionale.” Celle que l’on considère déjà comme une des plus belles S.M.A.C. de Fran- ce aura coûté 7 millions d’euros T.T.C. Chaque année, son fonctionnement coû- tera 1,2 million d’euros supplémen- taires. Parmi les principales dépenses, la programmation évidemment, mais aussi les 8,5 salaires équivalents temps plein : directeur, directeur technique, programmateur, chargée de communi- cation, comptable, secrétaire, respon- sable des actions culturelles…Les deux tiers proviendront de l’argent public,

Boire un verre en regardant les étoiles.

projet, l’ex-responsable du Cylindre a été de facto choisi pour diriger la Rodia. Et si les grincheux déplorent que la vil- le n’ait procédé à aucun recrutement officiel ni aucun concours,l’adjoint bison- tin rétorque que “dans la plupart des S.M.A.C., ça se passe ainsi. Il fallait quelqu’un dumilieu pour suivre le pro- jet. Manou Comby faisait l’affaire, ce n’est pas un “baltringue”. De fait, il était donc logique qu’il devienne directeur. C’est le principe de réalité qui s’est appli- qué” tranche Frank Monneur. Comme le Théâtre Musical ou désor- mais la Citadelle, la Rodia est une régie autonome personnalisée, c’est-à-dire que la Ville, propriétaire du bâtiment, fait partie du conseil d’administration de la S.M.A.C., elle a signé un contrat de droit privé de trois ans avec le direc- teur (Manou Comby), à charge ensui- te pour lui de former son équipe. Pas étonnant que l’on retrouve dès lors des fidèles lieutenants de Manou Comby que sont Mario Lontananza (directeur

La salle de réunion située en haut de la

tour de verre. Un must que des collecti- vités récla-

ment déjà pour leurs propres réunions.

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