La Presse Bisontine 118 - Février 2011

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

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CONSOMMATION

Une dizaine de salons agroalimentaires Le monde en pincerait-il pour les produits francs-comtois ?

Fromages, salaisons, limonade, condiments, confiture, les entreprises agroalimentaires franc-comtoises jouent la carte de l’export. Le C.P.P.R. accompagne certaines d’entre elles sur des salons internationaux.

L e 14 janvier, le Comité de Promotion des Produits Régionaux accompagne plusieurs entreprises franc-com- toises à San Francisco auWin- ter Fancy Food Show, un salon international qui réunit les pro- fessionnels de l’agroalimentaire. La destination américaine est la première d’une dizaine de rencontres auxquelles compte participer cette année le C.P.P.R. à travers la planète pour pro- mouvoir les fromages, les vins, les salaisons, les limonades, les vinaigres ou les confitures qui font la fierté de la gastronomie franc-comtoise.“ Les salons sont choisis en fonction des attentes des entreprises agroalimentaires” explique Michel François, direc- teur du C.P.P.R. Les décisions sont prises sur la base d’une enquête réalisée auprès des entreprises dans le cadre d’un club export auquel siègent des professionnels, l’association

régionale de l’industrie agroa- limentaire, et la C.C.I. Inter- national. Les sociétés se prononcent sur les marchés où elles souhaite- raient se développer. “Il faut au moins trois entreprises pour par- ticiper à un salon. Nous orga- nisons un stand collectif. Le C.P.P.R. s’occupe de toute la logis- tique. Les professionnels qui décident d’y participer perçoi- vent une aide du Conseil régio- nal” précise Michel François. En un an, cet organisme accom- pagne une trentaine d’enseignes franc-comtoises sur des salons à travers le monde. En 2010 à Singapour, elles n’étaient que trois alors qu’elles étaient 19 à Paris. “Ce n’est pas forcément une question de distance. Il faut qu’il y ait une adéquation entre le produit à commercialiser et le marché local. L’export est assez difficile” ajoute-t-il. De toute évidence, il est impensable que les salaisonniers vendent des saucisses de Morteau, et les vignerons du vin du Jura sur un salon à Dubaï. En revanche, des produits comme le miel et les vinaigres y ont leur place. C’est la raison pour laquelle en 2010, La Ferme d’Alizée enHau- te-Saône, spécialisée dans la confiture, a fait le déplacement. L’entreprise Vilux de Mérey- sous-Montrond, qui commer- cialise des vinaigres et des condi- ments était également présente au Gulfood de Dubaï. Elle réa- lise 100 % de son chiffre d’affaires à l’export et partici- pera en 2011 à un grand nombre de salons internationaux. Cette année, la fromagerie Per- rin de Cléron va mettre l’accent sur son développement à l’étranger. 90 % de son chiffre d’affaires est généré par le mar- ché français. Les 10 % restant résultent de l’export, une acti- vité encore marginale pour cet- te société. “Mais stratégique- ment, aller vers d’autres pays est un nouveau moyen pour se développer” expliquent les bureaux de la Fromagerie Per- rin. Les États-Unis restent son

premier mar- ché. Voilà pour- quoi elle parti- cipera aux deux salons agroali- mentaires qui se déroulent chaque année dans ce pays, à commencer par celui de San Francisco. La difficulté des entreprises qui veulent vendre des produits ali- mentaires à l’export est qu’elles doivent se plier à la

“On adapte le packaging.”

réglementation de chaque pays qui rend possible ou non leur commercialisation. “Certains pays comme l’Australie n’acceptent pas les fromages au lait cru. Par contre, aux États- Unis, on peut par exemple expor- ter des morbiers à condition qu’ils aient plus de 60 jours d’affinage. On ne crée pas des produits pour chaque région du monde, en revanche ce que l’on adapte, c’est le packaging ” pour- suit la Fromagerie Perrin. À l’étranger, les produits ali- mentaires français jouiraient toujours d’une réputation qua- litative. Cette crédibilité est essentielle pour tenter de conquérir de nouveaux marchés tels que l’Asie comme s’apprête à le faire la société fromagère qui participera aux salons de Tokyo et Shanghai. Les Chinois et les Japonais qui chérissent le luxe français, ne sont pas de grands consommateurs de fro- mages, mais qui sait, ils pour- raient peut-être le devenir. En 2008, l’agroalimentaire repré- sentait 4,6 % des exportations franc-comtoises, soit 0,3 point de plus qu’en 2007. C’est enco- re loin derrière l’industrie auto- mobile (38,6 %), mais il y a du mieux. En 2008, parmi la liste des douze produits les plus exportés de Franche-Comté, on retrouve à la onzième place les produits laitiers et les glaces.

Le Comité de Promotion des Produits Régionaux accompagne en moyenne chaque année une trentaine d’entreprises franc-comtoises agroalimentaires sur les salons internationaux.

TRANPORT Le spécialiste du froid Un nouveau chauffeur

pour l’entreprise Charité

Damien Gay passe du statut de salarié à gérant de la société de transport Charité basée à Saules (vers Étalans) après le départ en retraite de Maurice Charité, le père fondateur. Le repreneur veut prouver que le transport peut être rentable.

L e trajet, il le sait long, tortueux, semé d’embûches. En chauffeur de poids lourds expérimenté, DamienGay sait pertinemment qu’une feuille de route bien pensée est le meilleur moyen pour ne pas se disper- ser. Depuis le 16 décembre, ce Doubis- te de 36 ans est passé du statut de sala- rié des transports et entrepôts Charité à gérant de l’entreprise créée en 1964 parMaurice Charité, lequel a fait valoir ses droits à la retraite. En l’espace de 46 ans, Maurice Charité aura bâti un empire grâce notamment à la spécia- lisation de son activité dans le trans- port frigorifique et le stockage de den- rées alimentaires dans des salles réfrigérées.Dans ses entrepôts, desmil- liers de palettes de fromages, de sau- cisses, de plats préparés attendent au frais avant de rejoindre les usines d’agro- La société en bref Secteur dʼactivité : transports frigori- fiques et logistique. Chiffre dʼaffaires : 4,5 millions dʼeuros (cʼest la première entreprise de trans- ports frigo en Franche-Comté). Salariés : 49 dont 36 chauffeurs et 2 mécaniciens. Lʼentreprise est basée à Saules, ouver- te 365 jours par an. Elle dispose de 11 950 m 3 de stockage, de 4 chambres froides et une tour réfrigérée où 1 500 palettes dʼalimentaire peuvent être entreposées à - 20 °C. Parc de camions : 24 camions, 2 por- teurs, 3 véhicules légers.

alimentaire ou des grandes surfaces.Aujour- d’hui, l’enseigne rendue célèbre grâce à son logo bleu floqué du nom“Cha- rité” en blanc pèse 4,5mil- lions d’euros de chiffres d’affaires, emploie 49 per- sonnes, dont 36 chauf- feurs. ÀDamien Gay de garder la cadence pour ne pas

frigorifique et à notre capacité de stoc- kage. L’alimentaire ne connaît pas la crise.Pour résumer,on fait 100 000 euros de positif avec le stockage et 100 000 euros de négatif avec le transport” calcule-t- il. Son souhait : améliorer encore les outils de stockage frigorifiques, tra- vailler davantage sur le local en éta- blissant des partenariats avec les pro- ducteurs locaux,que ce soit les fromages ou la charcuterie, promouvoir égale- ment le transport “plus écologique.” Charité a un nouveau chauffeur. À lui de trouver la bonne carburation pour assurer un trajet que tous souhaitent le plus long possible. E.Ch.

“Le frigorifique

est une niche.”

rester à quai. Il bénéficiera des conseils - dans le domaine de l’expertise et de l’organisation - de DominiqueMainier, dentiste de profession à Valdahon, qui s’est porté actionnaire à hauteur de 37%des parts. Les deux hommes, amis dans la vie, ont créé une holding nom- mée “Logistique frigorifique comtoise”. À 36 ans, Damien Gay a gagné la confiance des banquiers et il est par- venu à reprendre la société sans licen- cier : “Je me suis lancé dans la reprise de l’entreprise lorsque j’ai vu que tous les projets de rachat n’aboutissaient pas. Ici, j’ai commencé il y a treize ans au plus bas de l’échelle pour gravir tous les échelons.Depuis deux ans et le retrait de Maurice Charité, on peut dire que je dirigeais l’entreprise.” Il n’y aura donc pas de virage à 180 degrés, “mais un travail dans la continuité. Je suis un petit de lamaison” , rappelle-t-il à l’envi, comme il souligne que Charité a un vrai savoir-faire. Il veut s’appuyer là- dessus tout en modernisant. “En Ita- lie, on nous appelle la Scuderia Chari- té, en Angleterre, c’est la Blue One. Et lorsque nos camions arrivent à Rungis, tout le monde sait que nous livrons le comté.” Si la société parvient à tirer son épingle du jeu, c’est grâce “à la niche

Damien Gay (à gauche), le gérant des Transports Charité avec Dominique Mainier, actionnaire.

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