La Presse Bisontine 118 - Février 2011

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

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NANCRAY Ouvert depuis un mois Nancray se fait mousser Dimitri Morin et Lucie Leroux ont créé leur petite entreprise : une brasserie artisanale au cœur de Nancray. Les premiers hectolitres ont été écoulés pour les fêtes. Prometteur.

Dimitri Morin a aménagé sa brasserie et le magasin attenant dans une ancienne menuiserie de Nancray que la commune lui a trouvé.

Blonde ou ambrée, mais aussi blanche, la bière de Nancray se déguste sous toutes les couleurs.

D imitri Morin est un pur produit de Nancray. Tou- te sa famille maternel- le est née et a grandi ici, il était donc naturel pour le jeune ingé- nieur en agrolimentaire de choi- sir son berceau pour y implan- ter son entreprise. À 27 ans et après six ans et demi passés en tant qu’ingénieur production

dans de grosses sociétés, il se lance dans le grand brassin de la création d’entreprise. “Créer mon entreprise a toujours été mon objectif, note le dirigeant de la Bière du Doubs. Durant notre dernière année d’études, avecmon amie à l’écoleAlimentec de Bourg-en-Bresse, nous avons beaucoup travaillé sur le maté- riel de brasserie. On s’est plon- gé à fond dans le sujet, on a ren- contré énormément de brasseurs et monté ce projet qui avait mûri pendant deux ans et demi.” Le couple a investi 30 000 euros dans la rénovation d’une ancien- ne menuiserie à Nancray et l’aménagement des locaux dans lesquels il a installé les cuves. À l’accueil, un bar où le public est accueilli pour l’instant du mercredi au samedi de 16 heures à 19 heures. Les premiers hectolitres de biè- re ont été fabriqués fin octobre, ils sont sortis des cuves de fer- mentation quatre semaines plus tard. La première gorgée était plutôt angoissante. Le verdict du brasseur : après quelques dosages, l’angoisse a laissé pla- ce à un large sourire. “Tout part du goût du propre brasseur, c’est comme en cuisine, explique Dimi- tri Morin. On adapte ensuite les variétés de malt et de houblon et selon le dosage, on obtient plus ou mois d’amertume. J’ai choi- si de fairemes bières assez douces, légèrement houblonnées. Ç a a l’air de plaire beaucoup.” La preuve, puisque le brasseur de

Nancray a écoulé en trois semaines plus de 800 bouteilles de 75 cl depuis l’ouverture de la brasserie le 13 décembre. “Et quand on voit les clients reve- nir, c’est plutôt bon signe.” Lucide, Dimitri Morin sait qu’il ne dégagera pas son premier salaire avant quelques mois. Mais la façon dont il aborde le métier, avec humilité et passion, présage d’un décollage rapide de la “Bière du Doubs”. Le bras- seur a déjà décliné plusieurs gammes de bière à partir dumot Doubs : la “Doubs Blonde”, la “Doubs Ambrée”, la “Doubs-lou- reuse”, la “Doubs-ceur” (une blanche), la “Doubs-biste” (cuvée de printemps) ou encore la “Doubs-doune”, un brassin de Noël. Pour l’instant, des cuves de la Brasserie du Doubs sor- tent chaque semaine entre 4 et 5 hectolitres. Dimitri Morin est dans l’attente d’une licence IV pour pouvoir ouvrir plus large- ment son magasin au public et à la dégustation sur place. La Franche-Comté qui abritait plus de 80 brasseries dans le passé avait peu à peu perdu sa tradition brassicole. Grâce à quelques jeunes entrepreneurs plein de bonne volonté, la biè- re retrouve peu à peu ses lettres de noblesse en Franche-Com- té. Notre région compte à nou- veau 17 brasseries, dont 8 dans le Doubs. Le signe indéniable d’un retour en force du terroir et des circuits courts. J.-F.H.

ÉCONOMIE

Une zone économique bloquée “1 million d’euros dort à Chaudefontaine” La commune de Chaudefontaine bloque la création d’une zone d’intérêt communautaire pour récupérer une déviation routière. Le vice-président de la C.A.G.B. lance un appel à la raison. L a Presse Bisontine : Présentée comme la future grande zone économique de l’Est bisontin, la zone d’intérêt communautai- chefs d’entreprise souhaitent s’installer à proximité de l’autoroute. Chaudefon- taine est également piégé car elle ne récupère aucune taxe foncière.

tion) n’est plus d’actualité aujourd’hui.À unmoment, il faut savoir le reconnaître et sortir la tête haute. D’autres villages ont plus besoin d’une déviation que Chaudefontaine pour le moment. L.P.B. : Ce refus vous empêche de commercialiser les 70 hec- tares de terrains achetés par la communauté d’agglomération à des agriculteurs. C’est une perte économique sèche car les entreprises s’installent ailleurs alors que l’espace est idéalement situé, à deux pas de l’autoroute.

re prévue depuis plus de dix ans à Chaudefon- taine n’a toujours pas vu le jour alors que 90 % des terrains ont été achetés par la collectivité. Pourquoi ? Jean-Pierre Martin (vice-président de la Com- munauté d’Agglomération du Grand Besançon, en charge de l’économie) : La mairie de Chaudefontaine bloque la réalisation car elle souhaite une déviation de son village en voulant garder une bande de terre afin d’y prévoir une déviation. Or, il n’y aura jamais de déviation et on ne veut pas d’une bande de terre qui res- semblerait à une friche qui nous coû- terait 1 million d’euros ! Si Chaude- fontaine veut sa déviation, qu’elle achète, mais on sait qu’elle n’a pas les moyens de le faire. Les choses ont changé et ce qui avait été promis à la commune il y a plusieurs années (N.D.L.R. : la dévia- Zoom “Remplissons par tranches ” P lutôt favorable à la création de la zone, le maire de Chaudefontai- ne ne souhaite pas de nouvelle polé- mique, dʼautant que le sujet divise toujours le conseil municipal de ce village de 220 âmes. Ce dernier a même failli éclater durant lʼété. Pour Jacky Louison, maire, la solution est simple : “On demande simplement une réserve foncière qui longerait l’autoroute afin de prévoir l’avenir. Imaginons que la zone se développe fortement : on sera bien contents dans dix ans d’avoir gardé ce bout de terrain pour dévier le flux de véhicules. Pourquoi vouloir rem- plir les 70 hectares d’un coup ? Com- mençons à remplir par tranches et voyons après.”

L.P.B. :C’est également un coup dur pour l’activité économique des autres villages ? J.-P.M. : Effectivement. Ce refus bloque également Marchaux qui souhaitait fai- re son réseau d’assainissement en lien avec Chaudefontaine. Rien ne bouge. Pour nous C.A.G.B., un autre problème va se poser puisque nous manquerons de terrains à l’avenir car la zone de Mamirolle est remplie à hauteur de 9 hectares (40 %) et nous ne pourrons pas l’agrandir à 40 hectares. L.P.B. : L’argument de Chaudefontaine de ne pas vouloir de camions dans son village est toute- fois louable. J.-P.M. : Oui, sauf que 80 % des camions ne traverseront pas le village mais sor- tiront de l’autoroute. Propos recueillis par E.Ch.

“Ce refus bloque

également Marchaux.”

La Brasserie du Doubs - 26, Grande rue à Nancray Tél. : 03 81 56 85 75 - 06 07 26 18 04

J.-P.M. : Pour le moment, 1 million d’euros dort ! (budget comprenant les études archéologiques et l’achat des terrains). Je lance un appel à la raison. Notre C.A.G.B. est jeune, il faut que toutes les communes se sentent concernées par l’intérêt de cette zone. C’est frustrant car toute la communauté en pâtit.Aujour- d’hui, je suis clair, c’est tout ou rien. J’ai trop donné. On a mis quelques crédits au budget en 2011 avec espoir qu’il y ait un élan de solidarité côté Chaude- fontaine. L.P.B. : La seule solution pour que la situation se débloque est-elle un nouveau conseil muni- cipal ? J.-P.M. : À ce stade, oui, il faudra attendre 2014. L.P.B. : C’est une sacrée déconvenue pour l’agglomération ! J.-P.M. : Pour l’instant, il n’y a pas péril en la demeure car toutes les études sont faites. Si la situation venait à se déblo- quer, nous aurions juste à appuyer sur le bouton pour que tout démarre. Main- tenant, tout est suspendu à une déli- bération du conseil municipal et nous ne lançons pas de prospections auprès des entreprises sachant que tout est bloqué. C’est une aberration car des

Chaudefon- taine aime- rait garder une réserve foncière à droite de l’autoroute.

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