La Presse Bisontine 118 - Février 2011

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

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COMMERCE

Un équilibre fragile Intermaché, le poumon commercial de Cassin

L’activité revient dans le centre commercial de Cassin depuis que Raymond Bernard a pris la tête d’Intermarché. Il a mis en place un certain nombre d’outils pour que cet espace retrouve un peu de sérénité.

C e n’est pas rose tous les jours, mais Ray- mond Bernard le dit tout net : “Je suis atta- ché à ce quartier et à ce magasin. Le vendre, pour moi, ce serait un échec.” Quand il est arrivé à Planoise il y a quatre ans, l’Intermarché qu’il dirige actuellement était au bord de la fermeture. Mais avec son équi- pe de cinquante collaborateurs, il est parvenu à redresser la bar- re et à remettre à flot cet espa- ce commercial de 2 000m 2 essen- tiel à la vie du quartier. “Pour moi, c’est un challenge perma- nent” dit-il. Cet entrepreneur de 39 ans qui

l’impression d’avoir toujours vécu ici. Il est intégré et respecté. Les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain. Il a fallu instaurer à l’intérieur de la gale- riemarchande, le climat de sécu- rité qui fait souvent défaut à Pla- noise. “Depuis que j’ai mis des caméras dans la galerie mar- chande, je n’ai plus de problèmes” explique le P.D.G. Ce dispositif de surveillance s’est greffé à une équipe de vigiles qui veillent en permanence. Des clients qui avaient fini par aller faire leurs courses ailleurs reviennent progressivement à Cassin. “Mais il faut se battre pour faire venir dumonde” ajou- te-t-il. Raymond Bernard est allé pra- tiquement au bout de ce qu’il pouvait faire à son niveau pour redonner du souffle à ce maga- sin qui travaille principalement avec une clientèle de proximité. La dernière initiative qu’il vient de prendre est la création d’une nouvelle association de com- merçants du “centre commer- cial Cassin”. Pour l’instant, elle ne compte que trois adhérents : Intermarché, le buraliste et l’échoppe de produits chinois.

“Je l’ai montée pour redonner du dynamisme au commerce dans le quartier. La ville nous épaule dans cette démarche” déclare-t- il. L’entrepreneur attend désor- mais que les collectivités pren- nent le relais pour améliorer l’environnement de ce secteur de Planoise. Il n’a pas de moyens pour agir, en revanche il a des idées. “Si demain on s’occupe de ce quartier et qu’on l’embellit en rénovant les façades des immeubles, en installant pour- quoi pas une fontaine sur la pla- ce, on peut arriver à des résul- tats. Des caméras place Cassin pourraient permettre de résoudre pas mal de problèmes. C’est la même chose pour le parking public adjacent à Intermarché qui appartient à la ville. Les clients trouvent que l’éclairage est glauque. La nuit, ils s’y sen- tent mal à l’aise. Il y a aussi un problème d’accès à ce parking qui reste à régler” observe Ray- mond Bernard. Il faudrait que la ville de Besan- çon s’appuie sur ces bonnes volon- tés pour intervenir sans trop tar- der sur ce secteur au risque qu’elles ne se découragent. Car

Marie-Tercille et Raymond Bernard gèrent le magasin Intermarché de la place Cassin depuis 4 ans.

la vie n’est pas si douce à Cas- sin. Il faudrait maintenant que chacun accepte de regarder la réalité en face. “À chaque fois que je discute avec des politiques, ils ne veulent pas de vagues. Le dis- cours officiel est “Tout va bien à Planoise.” Raymond Bernard mesure chaque jour que l’équilibre du quartier est fragi- le. Il doit composer avec de la

petite délinquance qui empoi- sonne le quotidien. “On a des coups durs qui parfois nous font mal.” En décembre, il y a eu trois tentatives de braquage de la sta- tion-service du magasin. Il y a des bagarres et dans un autre registre des caddies qui dispa- raissent tout simplement parce que des clients rentrent avec. Régulièrement avec son équipe

il va les récupérer dans les caves des immeubles. “Nous perdons cent cadis par an. Chaque année, j’en rachète pour 10 000 euros.” Une exception dans le paysage commercial bisontin. Pour l’instant,RaymondBernard tient bon, et le magasin vit parce qu’il a à sa tête un homme comme lui. T.C.

est également pré- sident du “Boxing club Planoise”n’est pas dugenre à bais- ser les bras. Il a appris à connaître le quartier,ceux qui y vivent, à analy- ser ses forces et ses faiblesses pour agir. À le voir saluer ses clients, prendre le temps de discuter avec eux,Raymond Bernard donne

“Nous perdons cent cadis par an.”

INFORMATION

Le journal du quartier

La Passerelle veut combler les fossés Le journal de quartier se bat contre les clichés, met en valeur un lieu riche en animations, en associations, en personnes. Mais quand il faut balancer, il balance.

L eur quartier, c’est com- me leur vie, avec des hauts, des bas.Une dizai- ne de Planoisiens se réunis- sent plusieurs fois par mois pour éditer “la Passerelle”, un journal de quartier gratuit tri- mestriel d’environ 30 pages distribué à 9000 exemplaires. Dernier coup d’éclat en date, signée de la plume de Joëlle Cailleaux, la directrice de la publication dans le numé- ro 101, le départ de l’enseigne “Caisse d’Épargne” qui quit- te les Époisses pour s’installer dans un bâtiment flambant neuf, pas très loin de l’hôpital. La responsable éditoriale n’a pas hésité à faire tomber de son arbre le petit écureuil ban- caire : “De la part de cette ins- titution qui se disait proche des petits épargnants,on aurait

tous les sujets. Certains sont- ils bannis ? “Par exemple, on ne parlera pas de la prise d’otages. On n’est pas allé fai- re du voyeurisme le jour de ce fait-divers. Il aurait pu très bien se passer dans une autre ville.” Une bénévole d’ajouter : “Quand il y a un fait-divers commis par quelqu’un, on dit son origine géographique s’il vient de Planoise.Mais quand un habitant par exemple de Bregille commet quelque cho- se, on ne dit donne pas qu’il est de Bregille.Arrêtez avec les clichés !” Les commerçants locaux jouent le jeu en achetant quelques publicités. Sans prétention, la Passerelle avec ses lignes montre l’autre image de Pla- noise : celle d’un quartier avec une âme.

pu espérer un comportement plus solidaire plutôt que la froide logique comptable d’une banque “ordinaire”. Encore une illusion qui s’envole” écrit Joëlle Cailleaux dans son édi- torial. La Passerelle ose : “Cela nous arrive de ne pas faire que du lisse. Et encore, les gens disent que l’on ne va pas assez loin” dit la chef d’édition, regrettant au passage que les belles décorations deNoël aient été “destinées à ceux qui contournent Planoise et non à ceux qui vivent à l’intérieur” tout comme elle regrette que le Conseil consultatif d’habitants (C.C.H.) ne soit que l’ombre de lui-même. La vie des gens, des associa- tions, la rencontre avec les veilleurs de nuit, la culture… La Passerelle essaye d’évoquer

Les bénévoles de la Passerelle réunis au centre Mandela.

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