La Presse Bisontine 118 - Février 2011

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

22 DOSSIER

LIEN SOCIAL Rencontre avec le curé de Planoise Prêtre en H.L.M. “Si les Chrétiens devaient quitter le quartier, il y aurait des problèmes” prédit Gérard Thévenin, l’unique prêtre. Il ne vit pas au presbytère mais au cœur de Planoise. Positif, il admet néanmoins que la laïcité est menacée.

D epuis le neuvième étage de son appartement H.L.M., Gérard Thévenin ouvre fiè- rement l’une de ses trois fenêtres surplombant le quartier : “C’est une belle vue !” s’exclame-t-il. Quand la plupart de ses confrères vivent dans un presbytère, lui habite le cœur de la cité. Un prêtre comme les autres, voilà comment cet homme d’église de 65 ans se définit. Il a accepté de nous recevoir dans sa deuxième maison, la première étant celle de Dieu, l’église Saint-François d’Assise inaugurée en 1972 où Gérard Thévenin officie plusieurs fois par semaine notamment le dimanche à 10 heures Une centaine de fidèles y participe. Plutôt que d’un quartier, il préfère par- ler d’une “petite ville” , avec ses charmes, ses problèmes. “Ici, il ne manque qu’un conseil municipal pour que l’on devien- ne une ville” dit-il, tout en n’occultant pas le fait “que les gens se sentent oubliés.” Déchristianisé, Planoise n’en demeure pas moins épaulé par l’aide des catholiques, le Secours Catholique en tête et “si les Chrétiens devaient

quitter le quartier, il y aurait de graves problèmes” annonce le prêtre qui n’assure n’avoir jamais étémenacé dans l’exercice de son culte.De quatre, l’unité pastorale est passée à un seul prêtre. En 1970, il était même question de créer une seconde église. Les temps ont bien changé. Le prêtre parle d’un quartier assez tolérant sans occulter ses pro- blèmes : “Planoise se dégrade…On sent une paupérisation croissante avec tou-

jours plus de misère. Dans mon immeuble, beaucoup de personnes déménagent. Il y à deux avis tranchés : ceux qui aiment Planoise et ceux qui le détestent.” Inquiet, Gérard Théve- nin l’est sur le respect de la laïcité. “Pour moi, elle est en péril, annon- ce-t-il. Personne ne s’offusque lorsque les murs de l’église sont tag- gés ! C’est arrivé récem- ment sur l’un des murs de l’église Saint-Fran- çois d’Assise. On m’a

“Les murs de l’église taggés”

Gérard Thévenin, responsable de l’unité pastorale de Planoise, depuis son appartement.

financiers. “Je suis le curé le plus heu- reux” lâche Gérard Thévenin qui sou- haite une chose pour cette nouvelle année : “Du travail pour tous.” L’emploi, voilà sans doute le Messie qu’attend Planoise. E.Ch.

demandé de porter plainte au commis- sariat. Si on taggait lamosquée, je pen- se que les réactions ne se feraient pas attendre. Mais ne faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne suis pas là pour opposer l’Auvergnat aumusulmanmais pour les six jeunes qui préparent leur confirmation (70 vont au catéchisme),

ce n’est pas facile. Ils se sentent parfois montrés du doigt” précise le curé qui voit une fois par an l’imam de Planoi- se. Les rencontres sont courtoises. Avec une trentaine de baptêmes par an et très peu d’enterrements (entre 15 et 20), l’unité pastorale “vivote” mais le bonheur comble lemanque demoyens

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