La Presse Bisontine 118 - Février 2011

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

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POINT DE VUE Danièle Poissenot “J’ai cet espoir que Planoise redevienne attractif” L’adjointe bisontine en charge de Planoise donne sa lecture de l’évolution du quartier qu’elle voudrait ouvrir davantage sur la ville et l’agglomération.

7 - Pauvreté : 22 % des ménages perçoivent des minima sociaux

Les indicateurs de pauvreté sont nettement plus élevés que sur l’ensemble de Besançon. 22 % des ménages relèvent d’un minimum social et le tiers se situe en dessous du seuil de pauvreté (33,4 % contre 16,1 % à Besançon). Dans le secteur Ile- de-France, 45,8 % des ménages sont sous le seuil de bas revenus (903 euros mensuels). À noter qu’à Cassin 29,1 % des ménages sont allo- cataires de minima sociaux alors qu’ils sont 8,9 % l’échelle de Besançon.

Danièle Poissenot : “Planoise est un grand réseau social.”

L a Presse Bisontine : L’image de Planoise continue-t-elle de se dégrader après les récents faits divers qui ont fait la une de la presse nationale ? Danièle Poissenot : On ne parle de Planoise que lorsque les choses ne vont pas. La prise d’otages qui s’est produite à l’école maternelle n’est pas une conséquence des difficultés du quartier. Elle aurait pu se produire n’importe où ailleurs. C’est certain que les deux derniers faits divers contribuent à dégrader un peu plus l’image de Planoi- se. Tout le reste de l’année, personne ne parle des choses qui vont bien, du travail des associations par exemple. Ces événements rui- nent tous leurs efforts.

8 - La majorité des Planoisiens ne se sentent pas en sécurité

L.P.B. : Des Planoisiens disent que ce quartier est suffisamment grand pour avoir sa propre mairie et un maire délégué. Ce serait la solution à un certain nombre de problèmes. Qu’en pensez-vous ? D.P. : La ville a engagé une réflexion à ce sujet. Un groupe de travail a été mis en place. Plusieurs pistes sont envisagées. Pour l’instant, aucu- ne n’a abouti. Parmi les possibilités, il y a en effet la création d’une mairie, mais cette option est improbable. Le problème d’une mairie à Planoise contribuerait à refermer ce quartier un peu plus sur lui- même alors qu’il faut au contraire l’ouvrir sur le reste de la ville et l’agglomération. Et puis lamunicipalité est représentée ici par l’adjointe de quartier que je suis. La finalité de la réflexion qui a débuté est de trouver le moyen de territorialiser les politiques publiques de la vil- le à Planoise. On peut imaginer que des services municipaux soient spécialement dédiés à ce quartier. L.P.B. :La délinquance est un des problèmes de Planoise. Paradoxalement,il semble que la police soit peu présente sur le quartier. L’État n’est-il pas en train de démis- sionner ? D.P. : Cassin a un poste de police. Mais ce n’est pas dissuasif. Je suis interpellée quand des mamans me disent qu’elles ne veulent plus sor- tir avec leur(s) enfant(s) après 18 heures dans le quartier car le com- portement de certains jeunes renvoie une image qui n’est pas bonne pour l’éducation qu’elles veulent donner à leurs enfants. La suppression de la police de proximité a été une bêtise qui reve- nait à ignorer tout de ce qui se passe à Planoise. Je sais que le mai- re a écrit au ministre de l’Intérieur pour qu’il remette en place une police de proximité préventive et dissuasive. Il n’a pas eu de répon- se concrète. De leur côté, la Ville, le Conseil général et les bailleurs sociaux ont cherché d’autres solutions de compensation en mettant en place les correspondants de nuit. L.P.B. : Le quartier de Planoise est-il fortement paupérisé ? D.P. : Ce quartier compte 95 % de logements sociaux ! C’est un quar- tier populaire. Les gens les plus modestes sont à Planoise. De plus en plus de personnes vivent en dessous des minima sociaux. C’est aussi un quartier où ont pu être logées décemment des populations immigrées parce qu’il y avait de l’habitat social. Mais ce n’est pas la seule raison de la paupérisation. Le problème aujourd’hui est que cet- te concentration de logements sociaux est un frein à la mixité. Les classes moyennes vont loger ailleurs. L.P.B. : Est-ce que l’opération de renouvellement urbain (O.R.U.) qui concerne Pla- noise peut changer en profondeur l’image sociale et urbaine du quartier ? D.P. : Le but de l’O.R.U. est de rendre ce quartier à nouveau attractif. Il y a aura des démolitions, des réhabilitations. L’idée est de valori- ser l’image du quartier. Il faut lui donner une dynamique et l’aider à respirer en l’ouvrant sur l’agglomération. Il commence à l’être avec une structure comme le centre NelsonMandela qui accueille des gens d’Avanne-Aveney entre autres. À Cassin, nous allons déconstruire le Forum, ce qui permettre d’accéder plus facilement au quartier. L.P.B. : Planoise a un des plus forts taux de chômage. L’emploi est aussi une condi- tion pour sortir ce quartier de l’ornière ? D.P. : Le problème de l’emploi, c’est qu’il y en a peu. Les jeunes diplô- més de Planoise ont toutes les peines pour trouver un travail. Quand ils écrivent un C.V., quel que soit leur niveau de qualification, dès qu’ils mettent leur nom et leur quartier, on leur annonce que leur profil ne correspond pas. Après deux refus, ils arrêtent de chercher. L’emploi des jeunes est une priorité. Nous avons en projet la création d’un forum de l’emploi à Planoise. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui disent que la municipalité ne fait pas assez sur Planoise ? D.P. : Dans d’autres quartiers au contraire, on dit que la mairie n’en fait que pour Planoise. Ce quartier est particulier. Il est bien conçu, il peut vivre de façon autonome avec ses commerces et ses services, il est dense. C’est le quartier le plus intéressant de la ville tant il pré- sente de caractéristiques particulières. C’est un secteur où chaque année il y a des projets financés par la municipalité.

En 2009, 51,9 % des Planoisiens ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier (20,4 % pour la moyenne bisontine). C’est le plus fort pour- centage enregistré depuis 2000. Par ailleurs, ils sont aussi 57,8 % à constater une dégradation de leur quartier alors qu’ils étaient 52,2 % en 2007 (et 31,8 % pour la moyenne des Bisontins en 2009).

Source ville de Besançon - C.C.A.S. / I.N.S.E.E. Pôle emploi

“Un forum de l’emploi à Planoise.”

L.P.B. : Comment voyez-vous l’avenir de ce Planoise ? D.P. : Avant la mise en place du plan de renouvelle- ment urbain, je dirais que ce quartier pouvait bas- culer du mauvais côté. Ce n’est pas le cas. Il y a le tramqui va considérablement changer l’image de Pla- noise. Ce quartier a un avenir plus positif qu’il y a cinq ans. J’ai cet espoir qu’il redevienne attractif. Pla- noise est un grand réseau social. Son côté populaire est un atout. Les gens qui vivent là y sont attachés. Malgré les manifestations extérieures avec lesquels ils ne sont pas d’accord, comme les cages d’escalier squattées, ils veulent que leur quartier reste sympa- thique. Propos recueillis par T.C.

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