La Presse Bisontine 118 - Février 2011

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

VIE MUNICIPALE

Adjoint à l’urbanisme Imperturbable Michel Loyat D’une nature plutôt discrète, ce

I l serait “l’incarnation parfaite” des valeurs socialistes de Jean Minjoz d’après Joseph Pinard, historien et observateur de la vie politique loca- le. On chuchote même qu’il aurait le profil d’un futur maire. Le compliment lui ira sans doute droit au cœur, mais Michel Loyat ne prête guère attention à ce genre de spéculations. D’ailleurs, quand on lui pose la question sur les ambitions que certains lui prêtent, il l’esquive gentiment. Exhiber un plan de carrière n’est pas dans le tempé- rament de l’adjoint à l’urbanisme. Ce quinquagénaire est d’un genre plutôt discret. Il est tout le contraire du poli- tiquement bling-bling . Professeur d’économie au lycée Louis-Pergaud, il est réservé mais pas effacé. C’est un homme de dossiers, travailleur, dont les collègues reconnaissent volontiers l’engagement à la tête de la plus lour- de délégation. Il n’est pas dans l’esbroufe, mais dans le concret, les deux pieds sur terre. Cette posture est naturelle chez lui. Il l’assume comme un héritage de ses racines familiales paysannes. Fils de vigneron, Michel Loyat est originaire du Beaujolais ou sa parenté produit encore du vin. “Les vendanges, j’ai don- né” sourit-il avant d’ouvrir une paren- thèse sur ce produit du terroir. “Je res- sens toujours assez mal les critiques plutôt dures à l’égard du Beaujolais. Je connais ce vin, il reste bon dura- blement.” C’est dit ! Après tout, une pointe de chauvinisme n’est jamais Lui, ce qui le fait courir, c’est moins les calculs politiques que l’évolution urbaine de la ville. quinquagénaire est un des hommes forts du parti socialiste à Besançon. Certains disent de lui qu’il aurait l’étoffe d’un futur maire. Michel Loyat ne prête pas beaucoup attention à ces spéculations.

Michel Loyat est élu à la ville de Besançon depuis 1995.

Ce qu’il pnsent de lui…

de pouvoir expliquer à la population à quelle étape nous en sommes sur un dossier. Le risque est toujours que les gens pensent que le projet est finalisé quand il ne l’est pas.” Parfois, ce que l’on imaginait être un grand cru qui réjouirait les palais a finalement un petit goût de bouchon. Ce fut le cas sur le projet d’aménagement des Vaîtes, où la muni- cipalité a trouvé sur sa route des habi- tants qui n’étaient pas disposés à trin- quer avant d’obtenir des modifications sur ce projet d’urbanisation majeur de l’Est bisontin. Dans cette affaire très médiatisée qui a suscité la controver- se et durant laquelle la mairie a été triturée, Michel Loyat était en pre- mière ligne. Avec le recul, il plaide volontiers “une erreur de communica- tion” sur ce dossier qui finira par se concrétiser. “L’expérience est utile et nécessaire. Les Vaîtes font partie des expériences fortes et enrichissantes que j’ai pu vivre” estime l’élu qui ne culti- ve pas l’amertume. Même si une municipalité doit assu- mer ses choix, l’adjoint sait combien il peut être périlleux et inutile de pas- ser en force. Lui qui fait preuve de pragmatisme et de pédagogie se fami- liarise de plus en plus à la communi- cation envers les Bisontins et les élus. Des qualités qui le confortent dans son poste d’adjoint à l’urbanisme. Michel Loyat se passionne pour cette ville dans laquelle il s’est installé il y a une trentaine d’années. “L’aménagement de Besançon m’intéresse. Nous avons la chance de disposer d’un foncier au centre-ville comme dans les quartiers

qui nous permet de renouveler la ville et de l’étendre. Il y a dans cette fonc- tion que j’occupe à la fois le besoin de prospective, il faut voir les choses à long terme, formuler des hypothèses, et en même temps, il faut prendre des déci- sions très concrètes tant d’un point de vue opérationnel que réglementaire. Les programmes de renouvellement urbain engagés sur Planoise et Clairs- Soleils sont des opérations concrètes. Il y a des constructions, des décons- tructions, mais ça n’a pas de sens si tout cela n’est pas relié à un projet de vie sociale.” L’urbanisme est toujours en mouvement. À Besançon, les projets ne manquent pas si l’on se fie au P.L.U. (plan local d’urbanisme) qui définit dans le détail le profil de chaque quartier. “C’est de la dentelle” estime Michel Loyat qui est occupé jusqu’à la fin de son mandat. Et après ? Chaque chose en son temps.Du temps, ce père de deux enfants en pas- se beaucoup à potasser ses dossiers. C’est parce qu’il manquait de temps jus- tement et qu’il redoutait de se disper- ser qu’il a quitté son mandat régional pour se consacrer à la vie municipale sans délaisser son métier d’enseignant qui l’occupe à temps partiel. Il est certes discret mais Michel Loyat est un des hommes forts du parti socia- liste à Besançon où il a rencontré Jean- Louis Fousseret pour la première fois en 1982. Après trente-cinq ans passés au sein du P.S., l’élu ne bouderait pas son plaisir de voir gagner la gauche à la présidentielle de 2012, deux ans avant les municipales. Qui sait, ce sera peut-être un bon cru. La victoire n’aurait

Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture : “Michel Loyat est pédagogue et compétent” “Michel Loyat est quelqu’un de rigoureux et de travailleur. Il est fidèle au parti socialiste. Il a suivi un parcours sans esbroufe. C’est quelqu’un que nous estimons beaucoup. Il est pédagogue, compétent, il sait expliquer les choses. Cette qualité est sans doute liée à son métier d’enseignant. Michel Loyat connaît ses dossiers et les maîtrise de mieux en mieux. C’est essentiel lorsqu’on est adjoint à l’urbanisme.” soit une grande figure politique” “Michel Loyat est dans l’ombre du maire. C’est un homme de dossier un peu trop discret, un exécutant calme et réfléchi qui a la confiance de Jean-Louis Fousseret. Mais on ne peut pas dire qu’il soit une grande figure politique car il n’a pas l’intuition politique. Il est en charge de l’urbanisme, or, je me demande s’il est bien à cette fonction. Il fait part des projets sans réelle conviction. Son attitude est d’ailleurs la même en commission qu’en conseil municipal. Dans une entreprise privée, il n’occuperait ni un poste commer- cial, ni un poste marketing. Il passe inaperçu. Tout cela manque un peu de convictions et de modernité.” Martine Jeannin, opposition municipale : “On ne peut pas dire qu’il

mal venue. Le vin et l’urbanisme ont au moins ça en commun : le temps de la matu- ration. La morphologie d’une ville ne se change pas d’un claquement de doigts. Décider d’implanter un nou- veau quartier aux Vaîtes, en restructu- rer d’autres comme aux Clairs-Soleils et à Planoise, imaginer des aménagements dans des secteurs stra- tégiques tels que celui de la gareViotte impo- se de la réflexion, des études, des débats. “Le temps long est une dif- ficulté de l’urbanisme. Tout le problème est

“L’expérience est utile et nécessaire.”

sans doute pas la même saveur qu’en 1981, lorsque François Mitterrand dont on vient de fêter l’anniversaire de la mort s’est installé à l’Élysée. “À l’époque, nous avions une grande espérance. On pensait que le changement allait être

très important. C’était le sentiment d’une page qui se tourne. Mais il y a eu des désillusions.” Elles n’ont pas altéré les convictions de Michel Loyat. Socialiste pur jus. T.C.

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