La Presse Bisontine 115 - Novembre 2010

La Presse Bisontine n° 115 - Novembre 2010

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COMMENTAIRE

la banque d’investissement. Serge Maître “Les banques n’ont jamais cessé d’avoir de l’appétit tarifaire” Pour le président de l’association des usagers des banques

(A.F.U.B.), il n’y a pas de doute : l’absence de véritable concurrence est une explication à l’envolée des tarifs supportés par les clients.

L.P.B. : Pourquoi les usagers ne quittent pas leur banque pour aller au plus offrant ? S.M. : Car il y a des grands freins à la mobilité com- me le crédit immobilier. Si on possède une assu- rance-vie, le compte doit rester domicilié dans le même établissement bancaire. L.P.B. :L’usager dispose-t-il d’une véritable marge de manœuvre pour se faire rembourser des frais par sa banque ? S.M. : Il peut nous solliciter. Une fois encore, nous déposons environ 2 000 recours dont 80 % aboutis- sent à la condamnation des banques dès lors que les règles sont violées. C’est gratuit et simple de contester les frais. Les établissements remboursent tout ou partie de ce que l’on conteste. Il y a encore des banques où quand un client tape du poing sur la table, il peut se faire entendre. Une des solutions est de négocier la tarification à l’instant même où l’on devient client d’une banque. Un usager a enfin la possibilité d’intervenir lors- qu’il reçoit la nouvelle plaquette tarifaire. Dans ce cas, il doit envoyer une lettre recommandée à la banque en précisant qu’il refuse la grille de tarifi- cation et qu’il veut négocier. Il a deux mois pour le faire. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Bisontine : U.F.C.-Que choisir vient de rendre une enquête sur les tarifs bancaires qui révèle des écarts importants d’un établissement à l’autre. Est- ce que ce genre d’analyse peut encourager les usa- gers à changer de banque ? Serge Maître : C’est une enquête importante, moins pour l’aide à la décision des usagers qui n’ont en général pas envie de changer de banque, que pour ce qu’elle dénonce. Elle pointe du doigt les irrégu- larités manifestes dont se rendent coupables les banques. Chaque année, nous accompagnons en moyenne 2 000 recours d’usagers contre les éta- blissements bancaires. 80 % se soldent par une condamnation de la banque. Et ce n’est pas pour autant que les choses changent. Depuis la libéra- tion des tarifs, les banques n’ont jamais cessé d’avoir de l’appétit tarifaire. L.P.B. : Ce que vous dénoncez, c’est donc l’absence de concur- rence réelle entre les banques ? S.M. : Les écarts annoncés par cette enquête prou- vent que les tarifs sont éminemment exagérés pour que les banques s’enrichissent. Le problème n’est pas celui de la transparence, mais du manque de concurrence entre les établissements bancaires.

Aujourd’hui, ils s’entendent pour tondre les mou- tons. Il faut maintenant créer de la rivalité et pour cela, il faut la stimuler. L.P.B. : Comment stimuler cette concurrence ? S.M. : L’État doit la stimuler. S’il dit non, Bruxelles pourrait le faire. L’Europe a pointé du doigt le fait que les banquiers français soient les plus chers du marché. Des explications leur ont été demandées. Pour l’instant, les banquiers ne se sont pas justifiés.

L.P.B. : L’État est intervenu pour épauler les banques dans la crise financière. Ne peut-il pas attendre un retour qu’ils fas- sent un effort sur les frais bancaires sup- portés par les usagers ? S.M. : On pourrait espérer que les banques renvoient l’ascenseur.Mais pour le moment, nous craignons que les pouvoirs publics ne profi- tent pas de la situation pour faire le nécessaire. Il faut savoir que la tarification est une des mamelles de la banque de détail, qui elle- même participe au financement de

“Les banquiers français sont les plus chers d’Europe.”

www.afub.org

Éliane Laurent

(à gauche), responsable de l’étude et Monique Bisson, présidente d’U.F.C.- Que Choir Besançon.

rance des moyens de paiement, accès aux opérations par Internet…). Le coût individuel de ces opérations a été com- paré avec le prix des packages. Résul- tat sans appel : 11 banques sur les 12 étudiées facturent en moyenne un sur- coût de 26 %. “Inutile de se demander

enfin le non-respect par les banques locales d’un engagement pris pourtant par toutes les banques françaises en 2009 : la procédure simplifiée de chan- gement de banque où concrètement, la banque d’accueil s’occuperait de tout. 62 % des conseillers évitent d’en par- ler à un client qui vient pourtant les démarcher pour venir dans leur banque. “De toute façon, les guichets disparais- sent dans les banques. On met à l’ac- cueil un jeune généralement en C.D.D. qui est là pour prendre toutes les engueu- lades” avoue un ancien grand banquier bisontin qui déplore cette dérive. Et même à La Banque Postale, pourtant assez épargnée par l’étude bisontine, les conseillers financiers ont fait grè- ve début octobre pour dénoncer la pres- sion que leur met la direction pour vendre des produits financiers. Qui a dit que la banque était un service public ? J.-F.H.

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RAPPEL PODIUM 2004 : 1 2 3 CCF SOCIETEGENERALE La Poste

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pourquoi les conseillers bancaires insistent si lourdement pour que les clients prennent un package… et parfois ne leur laissent même pas le choix.” Finalement, les banques sont en Fran- ce les seuls commer- çants qui “se permet- tent de retirer de l’argent à leurs clients sans leur demander la moindre autorisation” ajoute Éliane Laurent. U.F.C.-Que Choisir Besançon dénonce

11 banques sur 12 facturent en moyenne un surcoût de 26 %.

CIC

HSBC

BNP PARIBAS

CREDIT DU NORD

SOCIETE GENERALE

LA BANQUE POSTALE

LCL - LE CREDIT LYONNAIS

CREDIT MUTUEL CENTRE-EST EUROPE Le palmarès 2010 des banques bisontines. En euros, somme de 8 services bancaires courants

CREDIT AGRICOLE FRANCHE-COMTE

BANQUE POPULAIRE BOURGOGNE FRANCHE-COMTE

CAISSE D'EPARGNE DE BOURGOGNE FRANCHE-COMTE

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