La Presse Bisontine 115 - Novembre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 115 - Novembre 2010

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POLITIQUE

Yves Krattinger “Il ne faut pas que Besançon décide de tout”

Sénateur socialiste et président de la communauté de communes du pays riolais, Yves Krattinger est favorable à un rapprochement avec la C.A.G.B. Le débat sur la création d’une sorte “d’aire urbaine” est ouvert. Elle engloberait l’Agglo et une partie du Sud de la Haute-Saône qui jouerait sans doute un rôle de poumon économique.

de communes compte 33 communes et 11 000 habitants, nous devons conti- nuer à progresser. L.P.B. :Ce développement passe par l’économie. Il suffit pour cela d’observer l’évolution de Rioz. Des disponibilités foncières importantes, un prix de terrain attractif (9 euros hors taxes à Rioz), et une image dynamique. N’est-ce pas volonté politique qui provoque la réussite éco- nomique ? Y.K. : Les élus de Haute-Saône ont tou- jours été favorables au développement de leur territoire. Cela se traduit par la mise à disposition de terrain pour accueillir des entreprises.Nous essayons d’être à la fois compétitifs et le plus réactif possible. Quand une société prend une décision, il faut être capable de faire coïncider ce moment avec une offre exploitable immédiatement. Par exemple sur Rioz Nord, la disponibi- lité foncière est de 60 hectares. Plus d’un tiers est déjà commercialisé. L’hôtel d’entreprise de Rioz qui compte dou- ze cellules est toujours plein. C’est pourquoi nous avons en projet d’en construire un second qui sera dédié aux nouvelles technologies et auxmicro- techniques. D’un point de vue écono- mique, il y a du mouvement sur notre territoire qui s’accompagne d’un mou- vement de population. Entre 1999 et 2006, la population de Rioz a pro- gressé de 22 %. Les entreprises ne nous demandent pas que des terrains, elles veulent aussi connaître les services qui existent pour accueillir les familles dans de bonnes conditions. L.P.B. : Vous anticipez l’ouverutre de la gare d’Auxon qui devrait attirer des investisseurs.

carte à jouer. Je souhaite que Besan- çon ait une stratégie de long terme sur le nord, là où se trouve la gare d’Auxon. Tous les accès principaux à la capita- le régionale sont au nord. Je souhaite une stratégie de développement de ce territoire qui peut se faire en parte- nariat avec la Haute-Saône. Quand on trace un cercle de 30 km de rayon autour de la future gare, la Haute-Saô- ne représente 45 % de la surface. L.P.B. : Pourtant, la mise en 2 x 2 voies de la R.N. 57 entre Devecey et Besançon n’est tou- jours pas faite. Qu’est-ce que cela vous ins- pire ? Y.K. : Quand on dit aux Haut-Saônois qu’on peut travailler ensemble, il fau- drait commencer par leur permettre de se rendre plus vite à Besançon. Cela fait 20 ans qu’on attend la mise à 2 x 2 voies de la R.N. 57 Malheureuse- ment, j’ai le sentiment qu’il n’y a pas de véritable ambition de la part des élus du Doubs de faire avancer ce pro- jet. Nous, les Haut-Saônois, nous sommes amoureux de Besançon mais je ne suis pas sûr qu’on nous aime autant qu’on vous aime. L.P.B. : Certains prétendent que vous auriez l’intention de vous présenter à Vesoul aux pro- chaines élections municipales. Info ou intox ? Y.K. : J’ai entendu cela. Honnêtement, ce n’est pas le cas. Est-ce qu’à 62 ans je vais me mettre en tête l’idée de quit- ter le Conseil général de Haute-Saô- ne dont je suis président pour aller me présenter à la mairie de Vesoul en 2014 ? Si j’avais une ambition, ce ne serait pas celle-là. Propos recueillis par T.C.

N’êtes-vous pas sur ce point en concurrence avec l’Agglo qui doit amé- nager la zone d’activité autour de la gare, un pro- jet qui a du retard ? Y.K. : Les offres sont complémentaires. La zone d’activité autour de la gare d’Auxon sera plus dédiée à du tertiaire qu’à de l’industrie. Je crois qu’ici, en Haute-Saô- ne, nous ne jouons pas sur le même ter- rain que le Grand Besançon. C’est important que l’Agglo ait l’intention d’aménager des

L a Presse Bisontine : La communau- té d’agglomération du Grand Besan- çon a lancé l’idée d’une sorte de vas- te syndicat mixte qui intégrait le sud de la Haute-Saône pour créer une entité forte, notamment autour de la gare d’Auxon. Quelle est votre position dans ce débat qui émerge ? Yves Krattinger : Il y a un dialogue avec la C.A.G.B. Il faut maintenant que l’Agglo prenne pleinement conscience que les élus de Haute-Saône ont besoin de se regrouper, de se retrouver, de se mettre d’accord avant d’aller plus loin dans la discussion. Car le jour où nous allons nous associer avec la commu- nauté d’agglomération duGrand Besan- çon dans une structure qui reste à défi- nir, il ne faut pas que l’on soit marginalisé. Je veux savoir comment Besançon regarde notre territoire. Nous n’avons pas vocation à être une cité dortoir. Nous ne prétendons pas non plus vouloir gouverner l’Agglo. De part et d’autre, il faut faire jouer les com- plémentarités. Nous devrons écrire les choses avant de nous pacser. Si nous partageons la même vision de l’avenir, nous n’aurons pas de mal à construi- re une structure. L.P.B. : À vous entendre, les collectivités du sud de la Haute-Saône et l’Agglo ont intérêt à travailler ensemble. C’est un enjeu vital pour l’avenir ? Y.K. : Nous devons nous fédérer au béné- fice de la réussite de ce territoire. Besan- çon doit se développer. Si la capitale régionale se porte bien, ceux qui sont autour iront mieux. Je considère que la réalisation du T.G.V. Rhin-Rhône place la capitale régionale dans une situation privilégiée. Cette ligne qui doit être entièrement réalisée nous donnera une position-clé et fonda- mentale entre Strasbourg et Lyon. Les discussions engagées avec la C.A.G.B. sont porteuses d’avenir, et nous sou- haitons que cela réussisse. Nous devons aller plus loin dans la coopération, mais il ne faut pas que Besançon déci- de de tout. Il s’agit d’un travail en com- mun et pas d’une mise au pas. L.P.B. :Vous avez engagé un travail de réflexion avec cinq communautés de communes du sud de la Haute-Saône. Est-ce le préalable avant de coopérer avec l’Agglo ? Y.K. : Nous sommes concernés par la proximité de Besançon, de la gare d’Auxon, de l’autoroute A 36. Le but est de savoir quel avenir nous voulons pour le sud de la Haute-Saône. Une dizaine de réunions ont déjà eu lieu. On essaie de dégager des sujets qui méritent d’être traités sur un plan local et ceux qui devraient être pilotés sous une houlette intercommunautaire. Par exemple, sur le sud de la Haute-Saô- ne, au rang des équipements collectifs majeurs, il manque une piscine cou- verte. Par ailleurs, sur un certain nombre de thèmes, on convient qu’il faut travailler avec le Doubs. Par exemple, la moitié des élèves du col- lège de Marnay sont originaires du département voisin. C’est l’inverse à Rougemont. On se demande s’il ne faut

“Pas sûr qu’on nous aime autant qu’on vous aime.”

pas créer un collège de plus sur cette partie du territoire haut-saônois. Nous traitons aussi des zones d’activité. Le but est d’envisager des scénarios de long terme. L.P.B. : Vous parlez de complémentarité. S’il y a un argument que Rioz et la communauté de communes du pays riolais peuvent faire valoir, c’est le développement économique. Comment expliquer que ce territoire qui avait une image rurale attire autant d’entreprises ?

bureaux autour de cette gare. Nous, nous accueillerons des entreprises inté- ressées par la proximité duT.G.V. mais qui n’ont pas besoin d’avoir un accès immédiat. Nos clients sont différents. Nous ne sommes pas concurrents mais complémentaires. L.P.B. : La réflexion lancée par l’Agglo n’a-t- elle pas pour objet de construire une aire urbai- ne, pour contrebalancer celle de Belfort-Mont- béliard qui pèse en Franche-Comté et qui continuera à prendre de l’ampleur avec le T.G.V ? Y.K. : Je suis favorable au concept d’aire urbaine. Mais pour l’instant, celle du nord Franche-Comté n’est pas encore unie. Elle le sera lorsqu’une agglomé- ration de l’aire urbaine aura été créée. Cela deviendra un pôle très fort, plus fort que la C.A.G.B. Nous avons une

Y.K. : Notre situation est plutôt favorable mais pas plus que les autres bourgs autour de Besançon. Rioz est bien situé. Il y a la R.N. 57, il y aura bien- tôt le T.G.V. qui des- sert le nord de Besan- çon. Ces éléments de contexte sont favo- rables, mais ils ne sont pas suffisants. Il y a une volonté chez les élus d’atteindre un seuil critique. Notre communauté

“Nous ne prétendons pas vouloir gouverner l’Agglo.”

Yves Krattinger : “Nous devrons écrire les choses avant de nous pacser avec l’Agglo.”

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