La Presse Bisontine 115 - Novembre 2010

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 115 - Novembre 2010

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UNESCO Chez nos voisins suisses

La Chaux-de-Fonds : “Une dynamique positive” Depuis son inscription le 27 juin 2009, un autre regard est porté sur la ville suisse. Une collabo- ration touristique avec Besançon est engagée.

“L orsque nous avons lan- cé le train touristique dans la ville, les habi- tants l’ont regardé avec de gros yeux !” , se souvient Jean-Daniel Jeanneret, architecte du patri- moine de la Ville de La Chaux- de-Fonds. Il est clair que la vil- le du canton de Neuchâtel en

Suisse, perchée à 1 000 mètres d’altitude, n’est pas réputée pour son tourisme mais plutôt pour son industrie horlogère. Pourtant, elle tend à devenir touristique suite à l’inscription au patrimoine mondial pour son “urbanisme horloger” : “Même s’il n’y a pas eu de réelles études

touristiques, il est clair que nous voyons des cars de touristes arri- ver alors que ce n’était pas le cas avant. On voit des Japonais” poursuit l’auteur du dossier d’inscription. Inscrite le 27 juin 2009, la cité placardait dès le lendemain d’immenses affiches publicitaires

La Chaux-de-Fonds n’est pas réputée pour son tourisme mais le devient grâce à l’Unesco sans que cela ne pose de problème en matière de développement industriel.

Pour l’Unesco, PATRIMOINE Funiculaire, téléphérique… tout est encore possible Ce n’est pas parce que la Citadelle est inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité que tous les projets imaginés pour y accéder sont compromis. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.

dans toute la suisse et inaugu- rait trois jours plus tard l’espace “Unesco”. “Nous avons été très réactifs et voulons prouver que ce n’était pas qu’un buzz ! Nous continuons notre dynamique de conquête” dit l’architecte. Et de poursuivre : “Avec Besançon, la Saline Royale d’Arc-et-Senans et Salins-les-Bains, nous allons travailler sur des produits pro- motionnels communs mais je ne peux en dire plus.” Avec ce statut, La Chaux-de- Fonds aurait gagné en terme

d’images et “en plus de la bon- ne image au niveau de la popu- lation, nous avons désormais un écho auprès des entreprises qui voudraient s’implanter ici.” L’inscription a coûté

“On se rend compte que les gens ont compris la valeur de cette inscription puisque nous obser- vons une dynamique positive dans le patrimoine bâti avec la réfection d’immeubles.” La clas- sification ne serait donc pas un problème dans le développement économique de la ville “car nous ne sommes pas inscrits comme une villemusée à l’image deVeni- se.” Pour l’heure, La Chaux-de- Fonds ne voit donc que des effets positifs. E.Ch.

500 000 euros. Quant aux retom- bées, la Ville les juge difficilement calculables mais les Chaux-de-Fon- niers ont un filon et ils comptent bien l’exploiter :

“Une rénovation du bâti.”

L e label Unesco n’est pas incompatible avec un projet d’équipement pour accé- der à la Citadelle. “L’inscription au patri- moine mondial de l’Humanité ne rajoute pas une couche de protection supplémentaire du monument déjà protégé par la législation en vigueur dans le pays. On peut tout imaginer, à condition que le projet ne nuise pas aux caractéristiques pour lesquelles le bien a été inscrit” rappelle Marie-Noëlle Tournoux de l’unité des projets spéciaux à l’Unesco. Cet- te institution n’est donc pas là pour faire res- pecter la loi. Elle joue le rôle d’aiguillon pour que les travaux engagés se fassent dans l’intérêt de la sauvegarde du patrimoine. Dans le cas contraire, elle se réserve le droit de déclasser le site. C’est par exemple le cas de Dresde en Allemagne qui a été déchue de son titre suite à la construction d’un pont. Bordeaux a également failli être déclassé après que le pont du Pertuis ait été démoli. L’Unesco ne gendarme pas, mais place une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous ceux qui modifient l’environnement des sites inscrits. La règle veut donc qu’à chaque fois qu’un site fait l’objet d’un aménagement particulier, l’Unesco soit consulté pour formuler un avis. Cela devra être le cas à Besançon où pour l’instant, l’institution n’émet pas de contre- indication à la construction d’un équipement quel qu’il soit pour accéder à la Citadelle. Il est probable que la municipalité soit davan- tage orientée dans ses choix par des contraintes techniques et budgétaires que par les exi-

gences de l’Unesco qui ne s’est pas opposée à la réalisation d’un ascenseur ou d’un télé- phérique sur des sites classés. On accède par exemple au château de Cas- telgrande à Bellinzona (Tessin suisse) par un ascenseur imaginé par l’architecte Aure- lio Galfetti. La ville de Coblence (Koblenz) en Allemagne, inscrite en partie au patri- moine mondial de l’humanité, investit dans un téléphérique pour rejoindre la forteresse Ehrenbreitstein. Cet équipement s’étire sur 850 mètres. Les cabines qui survolent le Rhin disposent d’un plancher en verre. L’Italie qui est le pays qui compte le plus grand nombre de sites inscrits en Europe ne scandalise pas l’Unesco lorsque des ascenseurs fonctionnels sont aménagés. La condition est que le pro- jet s’intègre dans l’environnement. “L’Unesco ne bloque pas. Tous les scénarios pourraient être imaginés à Besançon. On connaît les difficultés techniques pour accé- der à la Citadelle” note un délégué de l’institution. Par exemple, ce qui rend diffi- cile la construction d’un ascenseur à Besan- çon, c’est la hauteur (110 m entre Rivotte et la Citadelle alors qu’elle est de 40 mètres à Bellinzona) et la nature calcaire du terrain. “Avant même d’engager des sommes pharao- niques, il faut voire quelles solutions ont été apportées d’autres sites qui avaient des contraintes similaires” confie-t-on à la ville. Le maire Jean-Louis Fousseret serait très attentif aux dispositifs qui ont été mis en pla- ce dans d’autres villes. T.C.

Un téléphérique sera bientôt installé pour accéder à la forteresse Ehrenbreitstein à Koblenz

(Allemagne), site classé à l’Unesco.

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