La Presse Bisontine 115 - Novembre 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 115 - Novembre 2010

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CRIMES ET DÉLITS Fini l’aveu, place à la science Les experts à Besançon Les méthodes utilisées par les gendarmes et policiers bisontins ne sont pas si éloignées des téléfilms américains pour faire parler une scène de crime, vol ou atteinte aux biens. Immersion.

Un technicien d’identification criminelle passe un objet dans la cuve de fumigation pour voir des traces. La Police de Besançon peut en moins d’une heure identifier une empreinte digitale.

F inalement, les 11 gen- darmes de la brigade départementale de ren- seignement et d’investigation judiciaires (B.D.R.I.J.) basés à Trépillot et les 6 agents de Police scienti- fique de Besançon n’ont rien à Les résultats Gendarmerie. 500 empreintes relevées en un an dans le Doubs. Environ 200 identifi- cations. Police. 1 473 transports (dépla- cement et travail sur le lieu) depuis janvier. 950 traces rele- vées depuis janvier. 280 exploi- tables après élimination des familiaux. Identification. Les coupables ne sont pas toujours identifiés notamment les profils primo- délinquants ou primo-crimi- nels, cʼest-à-dire non réperto- riés dans des bases de fichiers automatisés.

envier à Horatio Caine, le fameux héros de la série télé “Les experts Miami” qui fait un carton sur TF1. Pour résoudre des scènes de crimes et autres vols, ils ont toutes les panoplies, du “blue-star” au fichier A.D.N. Différences avec la télé : pas de filles à forte poitrine à côté des détectives, ni de Hummer pour se déplacer, encore moins de revolver à la ceinture, très rare- ment une affaire bouclée en 45 minutes et aucun rôle dans l’enquête judiciaire à la diffé- rence des Américains. Sans rire, police et gendarmerie travaillent avec le nec plus ultra à Besan- çon. “La seule chose de différent comparé au téléfilm, c’est la vidéo. Nous n’avons pas les techniques pour extirper d’une vidéo de très mauvaise qualité des détails infimes comme un téléspecta- teur peut le voir” note Frédéric Dupuche, directeur national de l’Institut national de la Police scientifique (I.N.P.S.) qui diri- ge les laboratoires de Lille, Paris, Lyon, Marseille et Toulouse. Ces séries, c’est le côté brillant de la médaille. “Cela nous per- met de mieux communiquer auprès des jeunes”, constate de

son côté le lieutenant de gen- darmerie Claudio Breda, chef de la B.D.R.I.J. du Doubs. Pro- blème, il y a un revers selon lui puisque “ça dévoile nos tech- niques. C’est la raison pour laquelle je ne rentre pas trop dans les détails” dit-il. Pour une atteinte aux personnes comme aux biens, les moyens utilisés en zone gendarmerie (campagne) ou police (ville) seraient les mêmes ainsi que les précautions d’usage. Photo-

graphies en 3 dimensions de la scène de crime, pri- se d’empreintes pour un vol, blue- star pour faire res- sortir le sang si celui-ci a été net- toyé sont les pro- cédés utilisés. “En 4 heures, nous pou- vons retrouver une empreinte “A.D.N. riche” après envoi au laboratoire d’Écully. Pour une trace papillaire, il faut compter 3/4 d’heure” annonce David, chef du ser-

vice de la police scientifique de Besançon. Pour la gendarmerie, les résul- tats sont les mêmes. Les deux services utilisent d’ailleurs les mêmes laboratoires : l’I.R.C.G.N. (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) et le laboratoire de la police natio- nale scientifique à Lyon. Les fichiers d’empreintes digitales et génétiques sont mutualisés également. En revanche, seule la Police possède le “Canonge” permettant à une victime d’identifier et reconnaître un quidamgrâce à une base regrou- pant 15 000 personnes fichées dans le Doubs.

Forcément, ce recours à la scien- ce à un prix pour le contribuable. “Nous avons tout de même réus- si à diminuer le coût des consom- mables (poudres…) de 20,50 euros à 12 euros” assure le directeur national de la Poli- ce scientifique. Pour devenir technicien en iden- tification criminelle (T.I.C.), et se balader avec une mallette d’investigation comme le fait l’adjudant Philippe Pintapary, “il faut devenir sous-officier. Un cursus scientifique, c’est le mieux” dit le gendarme bisontin égale- ment spécialisé en N-tech (infor- matique, télécom, photo…). Pour la Police, c’est un concours

de niveau Bac + 2.Avis aux ama- teurs. S’ils ne travaillent pas dans des “labos” hi-tech comme aperçu dans les séries, les détec- tives parviennent à dénouer de nombreuses affaires. Une récom- pense. Encore faut-il avoir le cœur accroché avant d’entrer sur une scène de crime : “J’ai vu le cadavre d’un enfant la tête plongée dans un bidet. C’était à Devecey et la petite fille avait le même pyjama que la mienne. Je vous assure que vous vous le pre- nez en pleine gueule !” conclut un gendarme. Passionnant mais dur métier en somme. E.Ch.

“Vous le prenez en pleine gueule !”

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