La Presse Bisontine 115 - Novembre 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 115 - Novembre 2010

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COMMERCE

Besançon veut-elle faire taire un commerçant ?

La moutarde monte au nez du pizzaïolo Pour dénoncer une concurrence qu’il juge “déloyale”, un commerçant ambulant a placardé une banderole revendicative mettant en cause la Ville. Cette dernière aurait fait du chantage pour qu’il l’enlève rapidement.

S ans jeu de mots, Jean Sillanfest a en travers la gorge une lettre arrivée du service de la Police municipale de Besançon. Dans la missive reçue le 30 septembre à son domicile, le vendeur de pizzas ambulant stationné depuis 35 ans à l’angle de la rue Résal et de la rue de Belfort à Besançon est sommé “de retirer dès réception du courrier” la ban- derole placardée sur son camion. S’il ne s’exécute pas, la collec- tivité menace de lui retirer son autorisation municipale d’occupation du domaine public au motif “qu’il trouble l’ordre public.” Pour éviter de compro- mettre sa petite entreprise, il a

rangé l’affiche de la discorde. Pas sa rancœur. “La ville fait du chantage” crie-t-il. Son différend avec Besançon débute fin juin lorsqu’il consta- te l’arrivée d’un autre marchand ambulant de pizzas dans sa zone.

Il ne comprend pas qu’une acti- vité identique à la sienne s’implante ici alors qu’il “exis- te tellement de place ailleurs.” Pourquoi Jean Sillanfest aurait- il le droit de tra- vailler ici et pas un autre ? Notre

Pour éviter des suites, Jean Sillanfest a fini par ranger la banderole de la discorde. Pas sa rancœur.

La mairie a bien tenté le dialogue.

commerçant âgé de 61 ans est- il allergique à la concurrence ? “Non, répond-il. Ce que je n’aime pas, ce sont les agissements de la mairie. Elle prend des déci- sions depuis ses bureaux sans prendre contact avec les per- sonnes concernées. On aurait pu me contacter avant.” Pour sa défense, la Police municipale a

bien tenté de le joindre pour expliquer sa position mais l’homme n’a pas donné suite. Son motif : “Je ne veux pas trai- ter avec la Police municipale car elle est juge et partie dans ce dossier. Je veux traiter avec le maire.” À 61 ans, Jean le pizzaïolo trou- ve injuste “cette manière d’agir”

lui qui a toujours payé ses 100 euros mensuels d’occupation d’espace. “Aujourd’hui, je n’ai heureusement plus de crédit ni d’enfants à élever mais imagi- nez qu’ils fassent cela à un jeu- ne qui s’installe ! C’est aller au massacre.” Le service de la Poli- ce municipale que nous avons tenté de joindre n’a pas donné

suite. Si notre commerçant dit avoir perdu 30 % de commandes, les clients de la rue Résal et de l’avenue Diderot ont deux offres supplémentaires. En matière de législation dans la restau- ration, chacun voit midi à sa porte… E.Ch.

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