La Presse Bisontine 114 - Octobre 2010

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 114 - Octobre 2010

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ANNIVERSAIRE

Une psychiatre pas si illuminée “Je suis folle et je les aime”

E lle aurait pu se complaire dans son cabinet de médecin-psy- chiatre. Examiner les patients la journée, retrouver son foyer le soir venu. Tout ceci était presque écrit d’avance sauf que sur une des pages de la vie de Marie-Noëlle Besan- çon une phrase est venue s’inscrire. Elle disait ceci : “C’est une utopie : il s’agit de créer une communauté faite de personnes dites intégrées et de per- sonnes ayant des difficultés de rela- tion.” Ces mots qui se sont entrechoqués dans l’esprit de cette femme ont donné l’association “Les invités au Festin”. C’était en 1990, date d’une nouvelle vie, presque un sacerdoce. “À l’hôpital, j’ai constaté avec effroi la façon dont les malades étaient traités. Enfermés, bour- rés de médicaments… et leur prise en psychiatre pour créer “Les invités au festin”, association qui œuvre depuis 20 ans en faveur des personnes touchées par des troubles psychologiques. Marie-Noëlle Besançon a lâché une vie confortable de

Marie-Noëlle Besançon dans sa deuxième maison, celle des Sources à Besançon. Ce n’est pas un lieu de soin mais un lieu qui soigne.

la structure : elle mise sur de la psy- chiatrie citoyenne où des bénévoles apportent leur aide afin que les per- sonnes souffrantes puissent vivre libre- ment. “J’en avais marre de soigner des patients sans aucune relation humai- ne…Je ne pouvais plus” explique-t-elle. Le mot “fou” est quasi proscrit dans cet espace situé au centre-ville, ancien cou- vent des Capucins. Ici, on parle de per- sonnes, comme vous et moi. On les écou- te, les laisse libre avec des règles toutefois à ne pas enfreindre. Quant aux traitements, ils ne sont pas aban- donnés. Voilà pour le décor. En pra- tique, Marie-Noëlle est un peu lamaman de tout ce petit monde. Les résidents l’appellent effectivement “Marie-No- No”. Il y a de l’amitié, du respect, de l’amour. “Moi, je suis folle (rires) et je les aime. Les gens normaux ne m’intéressent pas !” lâche la directrice

et présidente qui œuvre avec son mari. Son regret : que les lumières se focali- sent sur sa personne alors que son com- pagnon “mérite autant.” Une vraie his- toire de famille puisque son fils Jérôme travaille à l’association. Il gère la par- tie communication, juge sa maman un peu trop “humble” mais ne lui en veut pas d’avoir voué sa vie à cette cause qu’est la psychiatrie citoyenne. C’est vrai que Marie-Noëlle en dit peu sur le fait qu’elle fut désignée “Femme formidable” en 2007 par le magazine “Femmes actuelles”. Surtout, ne pas dire non plus qu’elle figure dans le “Who’s who” (dictionnaire biographique de ceux qui comptent en France) com- me elle ne dit pas qu’elle fait la cou- verture de grands journaux. Derniè- rement c’était le journal “La Croix”, avant “Le Pèlerin”. “Je n’aime pas les mondanités !” s’esclaffe la dame de 62

ans aux cheveux noir et gris. Ce qui lui importe : que l’on parle de ce combat “pour que les “fous” soient traités com- me des personnes normales” dit-elle. Son idée de mêler les bénévoles à ces gens “pas comme les autres” se propa- ge en France. Grâce à des dons, elle a ouvert un accueil dans la région pari- sienne. Une bataille gagnée, mais pas la guerre car “si nous avons prouvé que notre idée marchait, que ça coûtait moins cher à l’État, nous ne sommes pas - encore - entendus car nous avons dix ans d’avance.” À 62 ans,Marie-Noëlle Besançon a une énergie à revendre et “sans ça, je ne pourrais pas vivre.” Son motif de satis- faction est de voir des personnes quit- ter la maison pour rejoindre la vie “nor- male”. “Marie-No-No” soigne avec le cœur. Bien vu pour un “Psy” ! E.Ch.

En bref Psychiatre et écrivain : “Arrêtons de marcher sur la tête. Pour une psychiatrie citoyenne” (Ed. de lʼAtelier, 2009), “ On dit quʼils sont fous, j e vis avec eux” (2007) Renseignements : www.lesinvitesaufestin.fr Rendez-vous : 6 et 7 décembre, 1 er colloque international de psychiatrie citoyenne au Grand Kursaal à Besançon

charge aggravait leur psychose. En 1989, j’ai rencontré un homme dans la rue. C’était un enfant de la D.D.A.S.S. Je l’ai invité à déjeu- ner. Ce jour-là, je me suis décidée à organi- ser des rencontres pour rompre l’isolement de ces gens.” Vingt ans plus tard, la structure accueille 13 personnes souffrant de solitude et d’exclusion liées à des troubles d’ordre psychologique, rue de la Cassotte à Besançon, et 14 per- sonnes à Pouilley-les- Vignes. Originalité de

“Je n’aime pas les mondanités !” s’esclaffe la dame.

A

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Mensueld’informationdeBesançonetdescantonsd’Audeux,Boussières,Marchaux,QuingeyetRoulans JUILLET-AOÛT2010 N°112 2 € MERCUREAUX,MALATE,CITÉDESARTS,COURBET… CHANTIERS PUBLICS : QUAND LA FACTURE DÉRAPE ERREURSDECALCULS,FAILLESDANSLESÉTUDES, IMPRÉVOYANCEDESÉLUS

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