La Presse Bisontine 114 - Octobre 2010

ÉCONOMIE

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La Presse Bisontine n° 114 - Octobre 2010

DÉPENSES Le business des chiens Ces chers toutous Près de 1 000 chiens ont défilé à Besançon pour obtenir une confirmation au livre des origines français. Fixée à 31 euros, l’inscription s’avère vite juteuse pour l’association organisatrice.

M édor avait sorti pour l’occasion son plus beau col- lier, sa plus belle laisse. Dimanche 5 septembre, environ 1 000 chiens de toutes races ont déambulé à Besançon pour une manifestation pas comme les autres : la confirmation au livre des ori- gines français, plus connu sous le nom de L.O.F. Grâce à ce précieux sésame, le chien est confirmé comme standard à sa race permettant à l’éleveur de s’assurer une vente plus rémuné- ratrice des chiots par exemple. Pour d’autres (la majorité), c’est sim- plement pour faire “perdurer la race.” Venu avec Évora, joli cocker mar- ron, François Roca est passé devant les juges pour inscrire son animal de compagnie. Les 31 euros d’inscription versés à l’association canine de Franche-Comté n’ont pas l’air de le gêner : “Vous savez, lorsque vous avez un chien, ce n’est pas ça le plus coûteux” dit le maître qui en plus des 31 euros devra ver- ser 23 euros supplémentaires à l’association afin que le tampon figure bien sur le livre de son tou- tou. Président de l’association canine de Franche-Comté, Daniel Schwarz se défend de faire de la spécula- tion : “Si on note une explosion des confirmations, on n’est pas riches pour autant. Une association n’est pas là pour faire de l’argent. Pour exemple, nous organiserons le 17 et 18 septembre 2011 une grande expo- sition canine à Micropolis Besan- çon. À plus de 40 000 euros la loca- tion de l’espace, je peux vous assurer que nous n’accumulons pas l’argent. Nous nous assurons simplement un roulement.” Force est de constater que l’univers du chien est devenu un énorme business . Un chiot dont les parents sont inscrits au fameux L.O.F. se monnayent minimum à 600 euros mais le plus souvent à 900 euros. Les races en vogue : “Le Golden retriever, le Cavalier King- charles, le Sharpeï” dit Daniel Schwarz. D’autres en revanche dis- paraissent, à l’image du “Dober- man, du Rottweiller ou du Husky” constate amèrement le président. “L’homme a sacrifié des races ! C’est une hérésie d’interdire de couper les oreilles aux Dobermans. Si l’homme coupait les oreilles de ce chien, c’était pour une raison de fonctionnalité : cela limitait les bles- sures et les infections” argumente- t-il. La France, rare pays à possé- der un L.O.F., veut maîtriser et protéger les races. En résumé, la qualité, ça se paye. C’est ce qu’on appelle brosser dans le sens du poil. E.Ch.

Éva Dumont venue pour confirmer son Pinscher nain.

La manifestation a attiré des milliers de visiteurs. Certains ont

Le président Daniel Schwarz juge un Berger des Pyrénées sur son apparence, la qualité de son poil…

craqué en voyant les boules de poils.

Un vétérinaire en a assez d’être montré du doigt Vétérinaire, une vie de chien ? Pourquoi le sac de croquettes est-il si cher chez le vétérinaire ? “Demandez aux industriels” répond sèche- ment un vétérinaire qui ne souhaite pas être cité. “Sur un sac de croquettes qui coûte 70 euros, je gagne 8 euros dans le meilleur des cas et 4 euros dans le pire, alors arrêtez de tirer sur notre profession” dit la blouse blanche des animaux. “Parce que ce sont des animaux, on dit que c’est cher alors que personne ne dit rien lorsqu’il va chez les garagistes pour sa voitu- re” argumente le professionnel. Et de poursuivre : “Chez moi, la césarienne coûte 300 euros : elle n’a pas bougé depuis 10 ans. Un jour, nous ne ferons plus que des actes car c’est là que nous gagnons et ne vendrons plus de médicaments. Le vétérinaire fait 5 années d’études, se déplace pour 26 euros lors d’une intervention avec un remboursement de 1,65 euro du kilomètre.Vous croyez qu’un chauffagiste ou un gara- giste se déplace pour ce prix-là ?” interroge le “véto”. Nous avons rencontré un producteur de croquettes en Alsace afin de savoir pourquoi les aliments étaient si coûteux. Réponse : “Nos croquettes permettent à l’animal de vivre deux ans de plus. C’est prouvé scien- tifiquement. Nos produits sont sains” dit le profes- sionnel qui nʼa pas souhaité commenter les écarts de prix. “Je suis producteur et non pas distributeur : la loi m’interdit de dire la marge réalisée par les revendeurs.” La qualité a un prix. Récemment, un vétérinaire des environs de Besançon a constaté quʼune chienne quʼil suivait était stérile en raison de la consommation de croquettes venues de Chine et dont le poulet, viande de base, était élevé aux hormones. Le changement de gamme a permis à lʼanimal de mettre bas.

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