La Presse Bisontine 114 - Octobre 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 114 - Octobre 2010

35

RETRAITES Le privé mobilisé Leur première grève Neuf salariés bisontins d’une société de transport ont fait grève pour la première fois tout en évitant de pénaliser leur employeur et ainsi limiter les reproches.

O n ne fait pas la grève dans le privé comme dans le public. “Le matin du jour de grève contre la réforme des retraites, nous avons fait notre tournée normale- ment avant de rejoindre la mani- festation l’après-midi une fois le travail terminé…” explique Vin-

cent, salarié de la société Exapaq à Besançon. “Il n’y a pas de préavis mais nous avons prévenu notre employeur” ajoute-t-il. Si le débrayage deVincent, Damien, Sébastien, Willy, Emmanuel, Lau- rent, Nicolas, Gaël et Roger - tous salariés d’Exapaq - n’a pas eu de

conséquences négatives sur le fonctionnement de leur entreprise, il n’empêche que leur pré- sence aux côtés des mani- festants du public est révélatrice d’une prise de conscience de la part de

François : “Je ne veux pas revoir mes projets et partir à la retraite plus tard.”

tous les salariés. Non, la grève n’est plus l’apanage des fonctionnaires. “Il faut continuer, montrer que tout le monde est mobilisé. En tant que chauffeur, nous manipulons plus d’1 tonne de marchandises par jour. Il faudrait reconnaître la pénibili- té” dit Vincent, heureux d’assister à une “forte” mobilisation le mar- di 7 septembre place de la Révolu- tion. Certes, sur les 10 000 personnes qui ont battu le pavé dans la capi- tale régionale (chiffre des syndi- cats), environ 80 % du cortège était composé de travailleurs du public. “Je pense que les salariés du privé ont peur des représailles. C’est com- préhensible” avance une gréviste syndiquée, professeur des écoles. Derrière les drapeaux C.G.T., S.U.D.,

S.N.U.I.P.P., F.S.U. (…), des ano- nymes ont donc crié leur mécon- tentement face à une politique qui les oublie voire les dénigre : “Moi, je suis banquier et si je suis venu faire grève, c’est tout simplement parce que je ne veux pas continuer jusqu’à 62 ans, relate François T. Il y a de plus en plus de pression et même les jeunes banquiers ne tien- nent plus !” assure-t-il. Tout près de la retraite, il avait déjà bâti des projets pour retrouver sa femme, à la retraite depuis peu. L’éventuel prolongement des années de coti- sation pourrait l’obliger à revoir sa copie. “Dur à avaler” conclut-il sans toutefois être totalement résigné. Privé ou public, la lutte est la même. E.Ch.

La manifestation contre le report de l’âge légal des retraites a mobilisé, chose rare, des salariés du privé. Ici,

des chauf- feurs d’une société de transport.

Made with FlippingBook flipbook maker