La Presse Bisontine 114 - Octobre 2010

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 114 - Octobre 2010

CHAPRAIS De la contestation à la proposition Vivre aux Chaprais… le mieux possible Jean-Claude Goudot et l’association Vivre aux Chaprais ont longtemps tenté de mettre des bâtons dans les roues des décideurs. Aujourd’hui, l’association de quartier est plus une force de propositions.

D ouze ans que ça dure pour Jean- Claude Goudot. Depuis qu’un pro- moteur bisontin a projeté de construire à deux pas de la coproprié- té dans laquelle il réside rue de la Roton- de, un nouvel ensemble immobilier. Douze ans plus tard et après une for- te mobilisation des membres de l’as- sociation Vivre aux Chaprais, les co- propriétaires concernés sont obligés de se rendre à l’évidence : le projet immo- bilier en question est en train de se monter sous leur balcon. Vivre aux Chaprais a perdu son procès “pour une question de forme” souligne M. Gou- dot, mais l’association a plus que jamais des raisons d’exister.

rents à jour de cotisation” - “entendent jouer une fonction citoyenne. Nous sommes sans cesse accusés de rouler pour les Verts ou encore d’être une asso- ciation de droite. Une association peut très bien faire des interventions citoyennes sans être systématiquement accusée d’être d’opposition. Nous sommes une association citoyenne, un point c’est tout” martèle Jean-Claude Goudot. Depuis quelques années, le quartier des Chaprais est au cœur de profonds bouleversements : densification de l’ha- bitat, arrivée programmée du tram- way, transformation prochaine de la gare Viotte, aménagement des terrains Pomona, nuisances sonores… Autant de sujets d’actualité pour Vivre aux Chaprais qui multiplie les contacts et les réunions d’information. Plusieurs fois dans l’année, un journal tiré à 4 000 exemplaires est édité et les concerta- tions avec la ville sont de plus en plus nombreuses. “En ce moment, nous sui- vons de près la future destination du terrain Pomona qui doit accueillir des logements et du tertiaire. Nous sou- haiterions que l’on en fasse un mini- quartier écologique exemplaire, en évi- tant d’en faire une opération comme la Mouillère, catastrophique” illustre Jean- Claude Goudot.

La réhabilitation de la ligne ferroviai- re dite de Devecey, qui relierait la gare Viotte à la future gare T.G.V. d’Auxon est également un vrai sujet de préoc- cupation et de travail pour les membres de l’association. “Les riverains de la rue Nicolas-Bruand sont très inquiets des nuisances sonores et vibratoires à venir, avec 10 T.G.V. prévus par jour et 40 navettes. Nous avons réclamé des murs anti-bruit à R.F.F., ils nous sont refusés.” Interlocuteur régulier de la mairie, de R.F.F., membre du conseil consultatif d’habitants, porte-parole des riverains, Jean-Claude Goudot consacre “deux à trois jours par semaine” à cette activi- té de “militant” qui dit défendre une seule cause : le cadre de vie des Cha- prais. Douze ans d’implication… et maintenant ? “Il n’est pas question d’ar- rêter” tranche Jean-Claude Goudot qui ne cache pourtant pas sa volonté de passer la main à la tête de cette asso- ciation qui fait désormais partie inté- grante du paysage des Chaprais. Une chose est sûre : elle abat beaucoup plus de travail que les officiels mais telle- ment lourds conseils consultatifs d’ha- bitants. J.-F.H.

Jean-Claude Goudot : douze années d’implication pour défendre le quartier des Chaprais.

COMMERCE Le commerçant avec un cœur de “Battant” “Je suis une langue de vipère” Représentant des commerçants de Battant, Christian Mourey milite avec d’autres pour redonner vie et âme au quartier. Dernier bras de fer : le passage du tram. “T ous les matins, c’est réunion de chantier” s’amuse Christian Mourey, le représentant des commerçants de Battant. Autour d’un café, ils sont une poignée à se retrouver de manière infor- melle avant d’ouvrir leurs échoppes. Ils évoquent la vie du quartier, ses problèmes, ses changements. L’homme est un “Battant”. “Non, je suis une langue de vipère” corrige-t-il. Dans un espace soi-disant “oublié en terme d’équipements” , la mobili- sation est de mise : “Il faut être toujours à l’écoute de ce qui peut se pas- ser, être réactif” dit Christian Mourey qui a combattu pour que la rue Battant devienne piétonne. “Nous sommes allés au casse-pipe pour l’avoir mais aujourd’hui, je regrette la faible mobilisation des gens autour de sujets centraux. Regardez les conseils de quartier : ils ne fonc- tionnent pas !” L’homme a toujours une oreille qui traîne dans les coursives des ser- vices de la ville et “en ce moment, nous sommes vigilants sur ce que deviendra l’hôtel situé au 37, de la rue Battant. Il y a actuellement 17 boutiques fermées : il faut bouger !” La plus grande satisfaction est de savoir que le tram passera bien par le quartier : “On va fêter la Saint- Barthélémy car c’est grâce au préfet (N.D.L.R. : Jacques Barthélémy) que le tram passera” dit-il ironiquement. Responsable du magasin “Battant musiques”, Christian Mourey ne s’est jamais laissé bercer par les annonces des politiques : “En 1995,

Cette bataille judiciaire qui a fait l’actualité de Vivre aux Chaprais pen- dant près de dix ans a fait souvent passer ses membres pour des empê- cheurs de tourner en rond et pour des oppo- sants systématiques à lamunicipalité. Si ce pos- tulat était en partie vrai, le président Goudot assu- re aujourd’hui que les membres de Vivre aux Chaprais - “120 adhé-

“Il n’est pas question d’arrêter.”

LOGEMENT

Son combat pour les loyers Bernardette, très chouette avec locataires Un des combats de la retraitée : lutter contre l’augmentation du prix des loyers H.L.M. à Besançon. Elle a lancé des pétitions à tour de bras.

S a première lutte, Ber- nardette s’en souvient comme si c’était hier. C’était en septembre 1968, époque où les étudiants des- cendent dans la rue. Berna- dette et son mari emména- gent au 3, rue de Dijon à Planoise et décident de mobi- liser leur quartier en orga- nisant la première réunion

d’habitants dans leur hall d’immeuble. “Nous étions les premiers locataires, se sou- vient-elle. On avait les pieds dans la boue et les loyers étaient chers. Le hall de l’im- meuble était bondé pour cet- te réunion. Aujourd’hui, on ne verrait plus ça” regrette la dame. Commence alors un militantisme actif “pour le

quartier” entre échange avec les habitants et mise en pla- ce de nombreuses pétitions. “La pétition, c’était notre méthode ! On en a fait une pour réclamer une cabine télé- phonique rue de Dijon dans les années soixante-dix. Ça paraît bizarre aujourd’hui mais personne n’avait de télé- phone alors qu’il y avait 600 logements. Finalement, on l’a eue !” Puis, il y a eu la lutte pour l’obtention des volets aux fenêtres sur les immeubles de Planoise : “Problème, les H.L.M. vou- laient nous faire payer un surcoût de loyer. On a refu- sé… ils ont étalé les travaux et pu mettre des volets aux fenêtres mais ils ont arrêté trois ans après les travaux car il n’y avait plus d’ar- gent. C’est le problème pour les H.L.M.” Si elle dit être “toujours com- battante” , la retraitée avoue que son “militantisme n’est plus au niveau de ce qu’il l’était en raison de sa san- té.” Cela ne l’empêche pas de continuer à s’opposer avec les membres du Collectif National logement (C.N.L.) basé à Besançon aux aug- mentations de loyers H.L.M. “On interpelle la préfectu- re, on contacte la presse : c’est toujours la grande bagarre

contre ces augmenta- tions et contre les expul- sions” assure Bernadette. Encartée au Parti commu- niste, elle n’est jamais rentrée dans la vie munici- pale car “écar- tée de son groupe après

nous nous étions battus pour que les Bains douches ne deviennent pas un accueil de jour pour S.D.F. Nous étions 200 devant les portes de la mairie et cela a payé. Bat- tant a toujours été un faubourg mais il ne faut pas fai- re d’un quartier de pauvre un pauvre quartier. Monsieur le maire avait promis qu’il ne concentrerait pas toute la misère… (il soupire).” Ses prises de position lui ont valu des inimitiés. “En 1987, j’ai eu la moitié des commer- çants sur le dos pour les travaux de la rue piétonne. Vous savez, la vie d’un quartier c’est comme les montagnes russes” conclut l’homme. Avec l’arrivée du tram, Bat- tant espère remonter la pente. E.Ch.

“Battus pour une cabine télé- phonique.”

“Il y a actuellement 17 boutiques fermées.”

une prise de parole.” Une grande gueule en somme. C’est à partir de cet épisode que Bernadette dit avoir pris conscience “que les politiques se battaient pour des sièges et non des idées. Heureuse- ment, ils ne sont pas tous comme cela !” Son combat, elle l’imagine aux côtés des “gens”. Son plus grand regret : avoir quitté Planoi- se non pas par souhait mais par obligation : “Je ne pou- vais plus, trop de bruit, de musique. C’est dur d’avoir été obligée de quitter son quar- tier. Mais trop, c’est trop.” En retraite active, Berna- dette Curty ne regrette rien de son combat qui lui a pris “un demi-poste de travail” et coûté quelques amitiés. La lutte, ça forme la jeunesse. E.Ch.

Christian Mourey, comme Jouffroy- d’Abbans, a un œil sur tout ce qui se

trame à Battant.

Bernadette Curty estime “qu’il est plus difficile de mobiliser des personnes autour d’un combat.”

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