La Presse Bisontine 114 - Octobre 2010

22 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 114 - Octobre 2010

ENVIRONNEMENT Un gendarme pas comme les autres

BESANÇON

Aménagement du quartier

Les Vaîtes ont la dent dure Cela fait cinq ans que l’association des Vaîtes est mobilisée pour faire reculer la mairie sur son projet d’aménagement du quartier. Elle a été entendue. Son seul arsenal pour faire bouger les lignes : une batterie d’arguments à laquelle s’ajoute la force du nombre. L’ action associative peut être un contre-pouvoir effica- ce à condition qu’elle soit structurée. Les citoyens des Vaîtes le savent mieux que d’autres, eux qui sont mobi- lisés depuis cinq ans pour défendre leur quartier appelé à être urbanisé. Tout a débuté en mai 2005, lorsque les habi- tants de ce secteur Est de Besançon ont découvert dans leur boîte aux lettres le projet d’aménagement de la municipa- lité. Sur le plan, la verte prairie qui s’étend encore sous leurs fenêtres était remplacée par un tapis de 2 000 loge- ments se déroulant jusque sur le versant de la colline des Vaîtes. Alors que l’affaire semblait parfaitement ficelée, ces Bison- tins se sont constitués en association, animés par la seule ambition de faire bouger les lignes. Réunions, manifesta- tions, recours aux médias, ils se sont mobilisés sans attendre contre ce projet. “Nous avions deux grandes demandes : la préservation de notre cadre de vie, et un prix d’indemnisation honnête des propriétaires qui vont perdre leur terrain” rap- pelle Éric Daclin, porte-parole de l’association des Vaîtes qui compte 300 adhérents. Face à cette poche de résistance, la municipalité a commencé par tendre l’oreille sans trop prêter attention à cette action naissante. Puis elle a désigné un interlocuteur qui a permis de faire avancer les requêtes des habitants du quartier et de faciliter les échanges. En cinq ans, la mor- phologie du projet d’aménagement a changé. “Je crois que l’on peut dire que nous avons été entendus. Le cadre naturel du quartier est préser- vé. Les aménagements auront lieu en trois phases. Nous devons néan- moins rester vigilants sur la concrétisation des choses. Je considère que la mairie est aussi gagnante dans cette histoire” indique Éric Daclin. Dès le départ, l’association a évité l’écueil de se laisser entraîner sur le terrain politique. Elle ne s’est pas trompée de combat. Pour faire reculer la mairie, elle ne dispose comme seul arsenal que d’une batte- rie d’arguments parfaitement affûtés à laquelle vient s’ajouter la for- ce du nombre. Jusqu’à présent, l’association a refusé de dégainer l’arme judiciaire. “Des adhérents l’auraient souhaité, mais nous gardons cela pour l’avenir…” Elle garde en réserve des munitions si d’aventure elle ne parvenait pas à obtenir gain de cause sur la seconde de ses demandes qui concerne le prix d’achat des terrains par la ville aux propriétaires privés. Pas question pour l’association de voir certains de ses adhé- rents spoliés avec un tarif à 3,81 euros le mètre carré comme cela a été envisagé. Dans un secteur où le prix des terrains constructibles se vend entre 100 et 150 euros le mètre carré, l’association commencera à dis- cuter avec la ville si le prix de départ se situe entre 50 et 80 euros. Dans le cas contraire, les Vaîtes montreront à nouveau les dents. Refus de dégainer l’arme judiciaire.

Flagrant délit, photos à l’appui !

La commission de protection des eaux est une des asso- ciations les plus actives en matière de protection de l’environnement. Elle n’hésite pas à recourir à la justice quand elle estime que les lois ne sont pas respectées.

zones humides. Sur la même période, elle a obtenu huit condamnations. “Elles sanctionnent des créations illégales de plans d’eau, des travaux en rivière exé- cutés dans des conditions non conformes à l’autorisation délivrée, des travaux de protection contre les crues réalisés sans autorisation, le dépassement de normes de rejets dans l’atmosphère par une installation industrielle, la pollu- tion avec mortalité de poisson suite au démoussage d’une toiture et la des- truction par tir d’une espèce protégée” énumère l’association. Sept plaintes ont été classées sans suites. Son bilan ne s’arrête pas là. Elle a déposé trois recours au tribunal admi- nistratif en 2009 et a obtenu cinq condamnations suite à des décisions administratives contestables comme des permis de construire et des arrê- tés illégaux. À cela s’ajoutent encore 70 affaires arrangées à l’amiable dont 9 pour des questions de décharge, 30 pour des problèmes de pollution et 10 pour des travaux en zone humide. T.C.

L a commission de protection des eaux est la hantise des agricul- teurs, des entreprises, des collec- tivités, de l’État, plus rarement des particuliers, bref de tous ceux dont l’action peut à un moment donné por- ter atteinte à

destruction d’espèces protégées. Elle agit dans le seul but de faire respec- ter les lois encore trop souvent bafouées quand il est question d’environnement. Pour cela, elle s’appuie sur un réseau d’informateurs sur le terrain qui sont attentifs à tous les faux pas du mon- de qui les entoure. Flagrant délit, pho- tos à l’appui ! La C.P.E. met les pieds dans le plat et dépose plainte si nécessaire. Peu impor- te que son action puisse retarder un chantier, s’il y a entorse au règlement, l’intéressé devra prendre ses respon- sabilités. Le tir est sans sommations. La preu- ve, en 2009, la commission de protec- tion des eaux a déposé 26 plaintes au pénal, dont 12 dans le Doubs, notam- ment pour atteinte aux ruisseaux et

l’environnement. Cette association installée rue Beauregard à Besançon gendarme dès qu’elle constate une pollution comme ce fut le cas récemment dans la val- lée de la Loue, une décharge sauvage, un épandage agricole effec- tué hors des périodes autorisées, le remblaie- ment d’un marais, ou la

26 plaintes au pénal en 2009.

BEURE

Projet de passerelle Vélos en galère, vélos en colère “Tous sur le pont” est un collectif sympathique auquel adhèrent les adeptes du vélo. Mais il change de ton quand il s’agit d’aller défendre devant les autorités compétentes la nécessité de sécuriser la traversée du pont de Beure.

C haque jour, ils croisent les doigts pour qu’un cycliste ne se fasse pas renverser dans sa traversée du pont de Beure.Aux heures de pointe, entre les camions et les automobilistes qui ron- gent leur frein, “on prend des risques énormes pour aller travailler à vélo. C’est presque irresponsable. Plusieurs fois on a déjà frôlé l’accident” déploreMarie-CélineMaillot. Avec Hélène Buchallet, elles font partie desmembres actifs du collectif “Tous sur le Pont” né de l’exaspération d’une situation presque incom- préhensible à l’époque où l’on prône le développement durable et les transports en mode doux. Rien n’est prévu pour per- mettre une circulation sécu- risée des cyclistes à Beure dans le cadre de l’aménagement de la voie des Mercureaux qui sera mise en service l’été prochain. Pas l’ombre d’une piste cyclable sur le pont qui n’est pas assez large pour cela, pas plus qu’un raccordement au réseau cyclable actuel. Or de nom- breux cyclistes passent quo- tidiennement par là pour aller travailler à Planoise par exemple. C’est sur la base de ce constat que le collectif qui compte aujourd’hui une centaine d’adhérents agit pour sensi- biliser les élus locaux, l’État et ses services à cette situa- tion dangereuse. Leur mobi- lisation qui dure depuis un an ne semble pas sans effets sur les décideurs. S’il fut un temps où ces adeptes du vélo auraient été considérés com-

Hélène Buchallet et Marie- Céline Maillot galèrent plus encore à vélo depuis les travaux

engagés à Beure.

me des râleurs écolos et mar- ginaux n’intéressant per- sonne, leur propos est désor- mais crédible. Les mentalités évoluent. La pétition que le collectif a lancée a déjà réuni 1 000 signatures. Son blog particulièrement bien réfé- rencé sur Internet et fourni en renseignements fait par- tie de ses outils de commu- nication. Le collectif a organisé des manifestations spectaculaires pour se faire entendre. “Nous avons vu beaucoup de mon- de, nous avons été reçus en préfecture, à la communau- té d’agglomération.À chaque fois nous avons mis en ligne le compte rendu de ces ren- contres” précise Hélène Buchallet. Une bonne orga- nisation participe aussi à la réussite de ce genre de mou- vement. Ces citoyens ont frap-

pé à toutes les portes, quit- te à passer pour des casse- pieds, pour obtenir finale- ment une réunion entre tous les partenaires concernés par le projet des Mercureaux afin qu’une solution soit envisa- gée. Elle a eu lieu le 14 juin. Le collectif n’a pas été invité à la table des négociations, mais pour alimenter le débat, il avait transmis au préa- lable ses propres propositions réunies dans une étude. “Nous sommes dans une atti- tude constructive” rappelle Hélène Buchallet. En effet, “Tous sur le Pont” a deman- dé à deux bureaux d’études d’étudier la possibilité d’installer une passerelle cyclable qui enjamberait le Doubs à Beure en profitant de la présence de deux anciennes piles en béton qui

trônent au milieu de la riviè- re et qui ne seront pas utili- sées dans le cadre de l’aménagement de la route des Mercureaux. Coût de l’opération : entre 525 000 et 770 000 euros. Les services de l’État ont été sensibles à cette initiative. Ils travailleraient à leur tour sur l’opportunité de construi- re une passerelle dont le financement est un des ver- rous. “Ce qui est sûr, c’est que si la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du loge- ment (D.R.E.AL.) nous annon- ce que ce n’est pas possible de faire quoi que ce soit à Beure, notre mouvement va se radicaliser” annoncent Hélène Buchallet et Marie- Céline Maillot. Gare à l’opération escargot ! T.C.

Les représentants des Vaîtes estiment avoir obtenu gain de cause.

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