La Presse Bisontine 112 - Juillet-Août 2010

DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 112 - Juillet-août 2010

EXPÉRIENCE

20 kg par ruche Les abeilles bisontines font le “buzzzz”

L’expérience menée par la ville de Besançon en plein cœur de ville est concluante : les six ruches installées rue Isenbart, non seulement donnent du miel, mais prouvent aussi la bonne santé de ces abeilles citadines.

U n paradoxe actuel : les abeilles vivent mieux en ville qu’à la campagne ! C’est pour montrer que l’air de la ville est sain, et surtout que les abeilles y trouveront du pol- len, que la ville de Besançon s’était engagée en 2007 dans l’opération “Abeille, sentinelle de l’environnement”. Lancée par l’Union Nationale de l’Apiculture Française (U.N.A.F.), l’action est égale- ment faite pour alerter l’opinion sur un drame écologique : 30 à 40 % des abeilles ont été déci-

mées en moins de 10 ans. Pour la France, ce sont 350 000 ruches en moins, soit 14 milliards d’abeilles mortes prématuré- ment. Le coupable s’appelle “Gaucho” ou “Régent”, pesti- cides désormais interdits, récem- ment remplacés par le “Pro- téus”, tout aussi nocif pour l’insecte pollinisateur. Face à ce constat, “beaucoup d’apiculteurs amateurs jettent l’éponge” obser- ve Christel Bonnafoux, membre de l’U.N.A.F. À Besançon, quelques-uns s’adonnent enco- re à cette passion avec réussi- te comme Michel Louis-Tisse- rand à Bregille ou Gérard Brugger aux Chaprais. Même le maire Jean-Louis Fousseret s’y serait mis récemment… C’est sur le site d’Isenbart que la ville a installé avec le syndi- cat apicole du Doubs, six ruches. “Cette année, chaque ruche a produit une vingtaine de kilos de miel. C’est beaucoup moins que l’année dernière mais cette baisse est uniquement liée au mauvais temps de ce printemps” note Dominique Salomon, api- culteur à Franois et vice-prési- dent du syndicat. Au-delà de la récolte, c’est l’analyse des miels qui est inté- ressante. “Sur l’analyse de quatre métaux lourds, nous sommes largement en dessous des normes. L’analyse du miel de Besançon a aussi permis de constater qu’une vraie biodiversité s’installe en ville. Les pollens présents sont de plus en plus variés” se félicite Dominique Salomon. Le miel bisontin a judicieuse- ment été baptisé “Butinam”, en référence à la devise de la vil-

le “Utinam” (“plaise à Dieu”). La dernière récol- te a été officielle- ment présentée le 19 juin dernier au cours d’une opération de sen- sibilisation du public. Le miel bisontin récolté par les apicul- teurs locaux est ensuite distribué dans les maisons de retraite ou écoles de la ville. Au-delà du carac- tère bucolique de l’opération, c’est une vraie expéri-

Christel Bonnafoux (union de

l’apiculture) et Dominique Solomon du syndicat apicole du Doubs.

“Une vraie biodiversité s’installe en ville.”

PORT DOUVOT Dans trois ans Besançon retrouve sa vigne Les collines de Besançon étaient autrefois couvertes de vignes. Plus rien de ce passé viticole suite au phylloxéra de 1882. La ville vient de lancer une nouvelle expérience sur 30 ares. La première cuvée est en devenir.

mentation scientifique qui est menée depuis trois ans sur le site d’Isenbart. Attention, “l’idée n’est pas de dire que l’avenir des abeilles est en ville, là où il n’y a pas de pesticides à outrance, mais bien de refaire en cam- pagne ce qui se fait actuellement en ville” note Christel Bonna- foux. Peut-être faut-il se remettre en tête que 35 % de la nourriture humaine dépend directement de la pollinisation, et donc des abeilles. Un scientifique génie de son siècle n’avait-il pas affir- mé que si les abeilles dispa- raissaient complètement, l’espèce humaine n’aurait plus que quatre ans à vivre ? Grâce notamment à cette action, la ville de Besançon postule au concours pour être élue au titre de “capitale française de la bio- diversité”. Réponse en octobre.

I l faut imaginer qu’au milieu du XVIII ème siècle, Besançon “ne trou- vait ses ressources que dans les vignes” selon les écrits historiques. Quelques décennies auparavant, la ville avait compté jusqu’à 6 000 vigne- rons ! C’est l’achèvement du canal du Rhône au Rhin et l’arrivée des vins du Midi par bateaux entiers qui son- na le déclin du vin bisontin. Les Bous- bots à Battant ont bien fait de la résis- tance jusqu’au milieu du XIX ème siècle mais c’est ensuite le mildiou puis le phylloxéra en 1882 qui condamna défi- nitivement l’activité viticole locale. La plantation à Port Douvot d’une parcelle de vigne le 19 mai dernier est pour le moins symbolique de la volon- té de la ville de renouer avec son pas- sé. Sur les contreforts du fort de Pla- noise, la parcelle bénéficie d’un ensoleillement plein sud. Une cabor- de (cabane en pierre traditionnelle des vignerons) présente près du site témoigne encore de la présence de vignes ici. 1 800 pieds de vignes ont été plantés sur cette parcelle de 30 ares. Du char- donnay pour le vin blanc, du pinot et du trousseau pour les vins rouges : ce sont les pépinières Guillaume de Char-

Le projet de vigne est né d’une volonté du maire de Besançon. L’initiative est

suivie par Françoise Presse, l’adjointe

J.-F.H.

bisontine aux espaces verts.

selon les saisons. Un jeune viticulteur jurassien, Géraud Fromont, est chargé de mettre en œuvre les pratiques culturales qui permettront de presser, d’ici quelques années, les premiers raisins bisontins. Dans un souci de respect de l’environnement, l’entretien du sol se fera par la méthode traditionnelle naturelle sans emploi de désherbant. Le suivi de cette vigne sera assuré par une association créée pour l’occasion présidée par Gérard Tattu, vigneron amateur à Avanne. Alors à quand la première cuvée de vin le Bisontin ? Pas avant trois ans. Et certainement que “la première cuvée servira à faire du vin pétillant” confie le maire de Besançon. Ensuite, la qua- lité du vignoble sera certainement suf- fisante pour produire un vrai “vin municipal.” “Le vin produit sera ser- vi par la ville lors des vins d’honneur organisés par la municipalité, ou offert en cadeau à ses invités. En aucun cas et conformément à la réglementation applicable aux vignes culturelles, le vin ne pourra être vendu” précise néan- moins la ville de Besançon. Certai- nement qu’en secret le maire pense- t-il déjà pouvoir arroser son troisième mandat avec du vin de sa ville… J.-F.H.

cenne (Haute-Saône) qui ont procédé à la plantation. La société Guillaume réalise 15 millions de greffes par an. Des greffes qui sont exportées partout dans le monde : Chili, Canada, Brésil, Uru- guay, Japon, Chine, Inde… “Le soleil ne se cache jamais sur les vignes Guillaume” lan- ce avec humour Henri Guillaume, 87 ans, qui a tant œuvré pour le développement de cet- te société familiale aujourd’hui gérée par ses fils et qui emploie jusqu’à 120 salariés

Henri et Marie-Louise Guillaume, de Charcenne : c’est à eux que l’on doit le rayonnement

Produire un vrai “vin municipal.”

mondial de cette entreprise

haut-saônoise dédiée au vin.

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