La Presse Bisontine 111 - Juin 2010

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 111 - Juin 2010

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La Communauté d’Agglomération a-t-elle perdu la tête ? Un mois avant le vote décisif du dossier “tramway” qui aura lieu le 30 juin, on assiste à une véritable cacophonie autour de ce projet. Les langues se délient, les prises de position d’élus de tous bords se multiplient, chacun y va de son commentaire pour tenter de peser sur un débat que l’on pensait pratiquement tranché. Entre le MoDem qui appelle toujours au référendum, les Verts qui créent un collectif pour défendre le tracé de la Boucle, et les élus du Grand Besançon qui mettent en doute la pertinence du tracé qui passe par les quais, le plus vraisemblable pourtant, l’Agglo donne l’impression de ne plus savoir où elle en est. Dans ce brouhaha, Jean-Louis Fousseret surnage, d’ores et déjà prévenu que ce ne sera pas facile d’établir un consensus d’ici le 30 juin. À cette date, il faudra bien que les élus de l’Agglo se positionnent. Quel sort réservent-ils au tram ? En l’état actuel des choses, la question reste largement ouverte. TRAMWAY : L’HEURE DE VÉRITÉ POUR JEAN-LOUIS FOUSSERET

TRAMWAY

Avant le vote du projet “L’appel à la raison” des élus du Grand Besançon

Le président de l’Agglo n’a plus que le mois de juin pour convaincre les élus du Grand Besançon qui s’opposent au projet du tram tel qu’il leur est présenté. Objectif : dégager une majorité. Un troisième tracé se dessine.

centre-ville défendu par les Verts l’est encore moins. Ils mettent dans la balance l’existence d’un troisième tracé où le tram n’emprunte que les quais entre le pont de la République et la Cité Universitaire. La différence avec le tracé 2 est qu’il ne passe pas au centre de la Boucle. Ils souhaitent aussi que les deux extrémités de la ligne à l’est et à l’ouest soient réétudiées. “Côté ouest, le tram s’arrête au milieu de la Z.A.C. des Hauts-de- Chazal dont l’aménagement n’est pas terminé et où on ne peut pas stationner. Or, l’idéal est de pouvoir se garer en bout de ligne. Il faudrait donc que l’extrémité du tram se situe dans un espace où il sera possible de créer 1 000 places de parking. À l’est, c’est la même chose, le tram s’arrête à Carrefour” observe Jean-Pier- re Taillard. Avec d’autres, il demande donc une extension de la ligne. Selon lui, cette option ne remet pas en cause l’équilibre financier du projet. “Si on a le tram que nous voulons, nous serions même prêts à y mettre plus d’argent. Un tram bien fait est un crédit pour l’avenir. Il est là pour déplacer rapidement des personnes et les dissuader de prendre leur voiture. Pour moi, l’outil efficace, ce n’est pas le “train de la Citadelle”, mais une ligne est-ouest qui ne fait pas de circonvolution dans des espaces exigus” annonce Jean-Pierre Taillard. Le maire d’Avanne-Aveney souhaiterait qu’il y ait maintenant un “appel à la raison” , que les tracés 2 et 3 soient mis en perspective pour que les élus du Grand Besan- çon puissent juger en connaissance de cause. “Si on réalise le tram tel qu’il est imaginé, ce sera une gabegie financière. Je n’en veux pas.” Les élus du plateau de Saône ne sont pas aussi catégoriques. Représentés par Pierre Contoz, le maire de Montfaucon, ils ne contestent pas le tracé 2 sur le fond. Toutefois, ils ont quelques revendications. “L’idéal aurait été un T.C.S.P. connecté à la gare de la Mouillère. Ce que l’on souhaite aujourd’hui, c’est que des parkings-relais soient aménagés à terme le long du tracé et qu’on ait l’audace de supprimer les bus au centre-ville” note Pierre Contoz. À ces conditions, le président de l’Agglo pourrait comp- ter sur les élus du plateau de Saône. Juin s’annonce comme le mois du lobbying . Jean-Louis Fousseret devra peut-être aller chercher chaque voix pour décrocher une majorité le 30 juin. “Il y arrivera pronostique Jean-Pierre Taillard, car des élus n’oseront pas lui dire non. Mais ce ne sera pas le bon tram, et c’est bien ça le problème…” Pour Mireille Péquignot, de l’opposition munici- pale, les objections adressées à Jean-Louis Fousseret par des élus du Grand Besançon vont dans le bon sens. “C’est une bonne nou- velle que les élus du conseil communautaire se rebiffent. Ils pren- nent conscience qu’à leur tour ils devront rendre compte à leurs administrés sur le tram.” Le droit à l’erreur n’est pas permis dans ce projet annoncé à 240millions d’euros, surtout à une époque où les finances publiques sont malmenées. T.C.

L es élus du conseil communautaire voteront le 30 juin. Ce sera l’heure de vérité pour le tram. D’ici là, Jean-Louis Fousseret prendra son bâton de pèlerin pour convaincre les élus réfractaires au tracé par les quais qui est loin de faire l’unanimité. Le président de l’Agglo devra faire preuve de diplomatie et de pédagogie pour espérer obtenir une majorité de voix favorables le jour du vote. Les sceptiques ne sont pas rares, à commencer par les Verts. Ils ne démordent pas d’un tracé par le centre-ville malgré l’avis défa- vorable de l’État qui le rend irréaliste. S’ils s’entêtent, Jean-Louis Fousseret n’évitera pas le clash avec un des groupes les plus influents de la vie politique bisontine qui joue toujours un rôle prépondérant aux échéances électorales municipales. Néanmoins, à eux seuls, les Verts ne peuvent pas faire capoter le projet tel qu’il sera présenté. Par contre, les élus du Grand Besançon en ont les moyens puis-

qu’ils représentent 60 % des voix à la communauté d’agglomération. Or, actuellement, le Conseil communautaire est divisé sur la question du tram. Tous les membres ne sont pas disposés à don- ner un blanc-seing à Jean-Louis Fousseret pour un projet jugé

parfois comme étant trop bisonto-bisontin. Les perplexes ne veulent pas financer un T.C.S.P. qui n’aurait pas un véritable intérêt pour la C.A.G.B. Le président de l’Agglo va donc devoir monter en chaire pour expliquer à ses ouailles la pertinen- ce de son choix en faveur du tracé par les quais, d’ores et déjà contesté par Jean-Pierre Taillard, le maire d’Avanne. Il a été désigné pour animer un groupe de réflexion sur le tram réunissant les élus du sud-ouest de l’agglomération. Au terme de ces réunions, ils aboutissent à la conclusion que le tracé par les quais n’est le bon, celui par le

L’existence d’un troisième tracé.

Les élus du conseil com- munautaire sont partagés sur le projet tram.

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