La Presse Bisontine 111 - Juin 2010

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 111 - Juin 2010

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BESANÇON Bruna Rémond Vie de forain, son manège à elle… Épouse de forain, Bruna Rémond se déplace de fête en fête à travers toute la Franche-Comté. Les manèges s’installent en famille, le quotidien se vit en caravane et ça fait quarante ans que ça dure.

P luie sur la Foire Comtoise, salle temps pour les forains…Les allées sont un peu tristes en ce milieu d’après-midi sans les odeurs de barbe-à-papa, les manèges qui s’agitent dans tous les sens pour titiller les passagers hilares, les lumières, la musique et les enfants ivres de plaisirs aux yeux écarquillés devant un tel spec- tacle. Quant aux plus grands qui ont gardé leur âme de gosse, ils trépignent d’impatience à l’idée de s’envoyer en l’air en embarquant à bord d’une de ces machines à sensation. Une ambiance de fête foraine, clinquante et joviale, le soir sous un ciel étoilé. Mais le compte n’y est pas tant l’horizon est gris.

Pour Bruna Rémond, la Foire omtoise est une des plus belles fêtes foraines.

té” s’amuse-t-elle. La liberté d’être partout et nul- le part, de se sentir toujours un peu chez eux là où ils installent leur caravane et leurs deux manèges le temps d’une fête foraine forcément éphémère. “On prend nos habitudes, on change de lieu mais pas d’habitation. Nous sommes tou- jours dans nos meubles, c’est le voisinage qui chan- ge” sourit Madame. Aujourd’hui, à Besançon, demain à Louhans, ensuite à Champagnole, puis à Pontarlier et Morteau, les Rémond passent ain- si de ville en ville de mars à novembre, là où les attendent les municipalités. En dehors de la tour- née saisonnière, pas de vacances, le reste du temps est dédié à l’entretien des machines. Les barrières en inox sont polishées , les peintures sont soignées, la mécanique est révisée, Énergy et La Pieuvre, leurs deux manèges qui sont aus- si leur outil de travail sont bichonnés à longueur d’année. “Du plaisir, presque de l’amour !” et hop c’est reparti pour un tour. Tout le monde met la main à la pâte à commen- cer par Philippe et Freddy, les deux fils de Bru- na et Georges. Âgés de 38 et 32 ans, ces gaillards doivent reprendre le flambeau derrière leurs parents. C’est comme ça dans la grande famille des forains, le virus de la fête “et de l’amour du travail” se transmet de génération en généra- tion. On tombe dedans tout petit, et on s’arrête quand le manège de la vie cesse de tourner. “La retraite ? Jamais ! lance Bruna. Mon beau-père

pluvieuse et glaciale n’arrange pas les affaires de ces professionnels itinérants. Et puis il y a la crise. “On sent que l’argent manque. Avant, les familles avaient un budget fête. C’était toujours l’occasion pour elle de se réunir et de s’amuser. Cela se retrouve encore dans certains villages. Mais globalement, cet esprit a changé. Dans une période creuse comme aujourd’hui, les ménages se restreignent. La fête n’est pas indispensable.” Cette évolution inquiète Bruna Rémond pour les générations futures. Entre collègues, ils se ras- surent, se cherchent des excuses pour expliquer la baisse d’activité. “On se dit “c’est la météo” , ou “c’est la fin dumois” , les clients ont moins d’argent. C’est notre façon de se remonter le moral.” Ils sont comme ça les forains, optimistes de natu- re. Alors tournez manèges, encore longtemps pour faire rêver les enfants.

est mort à 89 ans. Il a vécu avec nous jusqu’à la fin de sa vie. Bon vivant, il jouait du violon, son plaisir était de regarder tourner les manèges. Les forains finissent rarement en maison de retraite. Ici, chacun garde ses parents chez soi, en cara- vane.” Cette forme de solidarité intergénéra- tionnelle subsiste dans cette culture plus qu’ailleurs. La communauté est un socle de la vie des forains. Tous les régionaux se connaissent. C’est cette convivialité simple que Bruna Rémond apprécie au-delà du contact qu’elle peut avoir avec le public à chaque fois que le manège est ouvert. Ses sou- venirs de fête foraine la rassurent sur l’affection que portent encore les gens à ces manifestations. Mais les temps changent pour les forains aussi. Des éléments extérieurs viennent secouer les fondations de ces fêtes populaires. Ce sont par- fois des municipalités qui les repoussent en péri- phérie des villes, se fichant pas mal qu’elles finis- sent par disparaître. Cette année, la météo

“La retraite ? Jamais !”

Il est 16 heures ce mardi, la cais- se du manège Énergy est fermée comme une bonne partie des ani- mations. Bruna Rémond attendra encore un peu avant d’ouvrir. Cela fait quarante ans maintenant que cette Bisontine se déplace de fête en fête dans toute la Franche-Com- té. Une vie de nomade qu’elle a appris à aimer. Elle travaillait dans un dispensai- re lorsqu’elle a croisé la route de Georges. “Quand je l’ai épousé en 1970, j’ai également épousé son métier. Sa profession, c’est sa vie. Il pense que c’est une forme de liber-

T.C.

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