La Presse Bisontine 111 - Juin 2010

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 111 - Juin 2010

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EMPLOI

INTERVIEW Le contrat de retour à l’équilibre financier Patrice Barberousse : “Il faut maîtriser toutes L a Presse Bisontine : La remon- tée de Saint-Jacques, la mise aux normes de Minjoz, l’institut du cancer… Le tout pour plus de 450 millions d’euros. Ce n’est pas un peu beaucoup pour les capacités financières du C.H.U. ? pour autant qu’on n’a pas de dif- ficultés à financer d’un coup ces lourds investissements qui repré- sentent plus d’un an de fonc- tionnement annuel du C.H.U. C’est sans doute un peu lourd à digérer en même temps. Et à terme, un hôpital qui n’investit plus est un hôpital mort. La troisième voie de financement que nous utilisons, c’est l’emprunt. Il ne faut pas perdre de vue que ce sont les investissements qui protégeront l’avenir de ce C.H.U. Le directeur général du C.H.U. de Besançon défend le “plan de rigueur” que le nouveau conseil de surveillance de l’hôpital s’apprête à valider. Le dialogue avec les syndicats est plus que tendu…

3,4 millions d’économie Les syndicats ne décolèrent pas Les organisations syndicales du C.H.U. se sentent flouées et mises à l’écart des discussions concernant le contrat de retour à l’équilibre financier préparé “dans leur dos” par la direction. C’ est “par la bande” qu’un document jugé “secret” est parvenu entre les l’institut fédératif du cancer. Tout cela a été fait dans le dos des instances syndicales” ful- mine Vincent Maubert, un des représentants de

affirment les syndicats. Début juin, les conseils d’administration des hôpitaux disparaîtront pour laisser pla- ce à des conseils de sur- veillance. La différence, notable, c’est que le président du futur conseil ne pourra plus s’opposer au vote du budget. Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et à ce titre pré- sident de l’actuel conseil d’administration, avait tou- jours affirmé qu’il ne voterait jamais un budget comprenant des coupes sombres dans les effectifs.Même s’il devient pré- sident du nouveau conseil de surveillance, ses vœux ne pour- ront que rester pieux. “Tout le monde s’est moqué de nous, y compris M. Fousseret” affime le représentant du personnel. Selon nos informations, les syndicats envisageraient peut- être une action judiciaire pour réclamer des sanctions à l’encontre du directeur géné- ral du C.H.U. accusé par eux d’avoir été coupable d’un gra- ve “déni de démocratie.” J.-F.H.

mains des organisations syn- dicales du C.H.U. Cette lettre qui a suscité la colère des syn- dicats tient en un sigle : C.R.E.F., comme “contrat de retour à l’équilibre financier”. Il s’agit d’un document pré- paré entre la direction de l’hôpital et l’Agence Régiona- le d’Hospitalisation (A.R.H.), devenue entre-temps Agence Régionale de Santé (A.R.S.)

l’intersyndicale. S’ils recon- naissent que “ça fait un moment qu’on sait que le C.H.U. veut faire un C.R.E.F.” , ils esti- ment que “le déficit, qui était d’1,95 % du budget global l’an dernier, ne suffit pas au regard des textes à engager un C.R.E.F. Ce contrat n’est qu’une façon pour la tutelle de faire du chan- tage : l’État dit “on finance l’institut si vous faites des éco- nomies sur la masse salaria- le.” C’est inadmissible” pour- suit M. Maubert. Pour manifester leur mécon- tentement, les syndicats de l’hôpital ont exigé la tenue d’un conseil d’administration exceptionnel, qui s’est le tenu le 12 mai, afin d’évoquer le contenu précis de ce C.R.E.F., contrat selon lequel une cin- quantaine d’emplois seraient économisés. “C’est même jus- qu’à 75 emplois puisque les économies souhaitées sur la masse salariale seraient de 3,4 millions d’euros par an”

Patrice Barberousse : Nous héritons aujourd’hui des décisions stra- tégiques qui se sont empilées depuis près de trente ans. En 1982, on a décidé de faire Min- joz mais de maintenir Saint- Jacques. Cette décision a été pri- se compte tenu des moyens de l’époque et aujourd’hui, l’efficacité médicale veut que l’on se regrou- pe en un seul site, il faut l’assumer. Il est vrai qu’aujourd’hui, on paye les résultats de ces choix dans l’organisation et les conséquences sur le plan financier. L.P.B. : Le C.H.U. de Besançon est finan- cièrement malade ? P.B. : Le C.H.U. de Besançon est un établissement très actif, qui a des projets mais ce n’est pas

L.P.B. : Les déficits se creusent enco- re ? P.B. : Le total cumulé du passif est de 16 millions d’euros mais quand je suis arrivé ici en sep- tembre 2008, il était supérieur. Rien que pour l’année 2008, le déficit était de 5,5 millions. Celui prévu pour 2009 était de 7,5 mil- lions et on a terminé l’exercice avec un déficit de 3,8 millions. Les choses s’améliorent. L.P.B. : Quelles sont les raisons de ce déficit chronique ? P.B. : Le déficit est justement dû à l’impact des investissements et des emprunts, mais aussi à l’évolution de la masse salariale qui est plus rapide que les recettes.

L.P.B. : Le financement est-il assuré ? P.B. : Il le sera. L’État nous aide à raison de 10 millions d’euros

où sont listées toutes les écono- mies à réaliser pour que le C.H.U. tente de se refaire une santé financière. L’établissement depuis quelques années, accumu- le les déficits : 16 millions d’euros au total. En résumé, “on demande à l’hôpital de faire une cure d’amaigrissement pour financer

par an pour le nou- veau Minjoz. Ensuite, il y aura les possibilités d’autofinancement mais pour l’instant avec un déficit cumulé de 16 mil- lions d’euros, c’est un peu compliqué. C’est la raison pour laquelle si on s’enfonce dans les déficits, on dimi- nuera forcément nos capacités d’investissement.

Une action judiciaire contre le directeur général ?

“Donner le meilleur soin au plus juste prix.”

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