La Presse Bisontine 109 - Avril 2010

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 109 - Avril 2010

51

ABBANS-DESSUS Formatrice, chercheuse, conteuse… La conteuse se raconte Un parcours étudiant et professionnel riche a finalement amené Véronique Febvre-Charlot vers le conte, dont elle fait aujourd’hui son métier. Allez, raconte…

C ent professions. Véronique Febvre-Char- lot est tout à tour philosophe, animatrice, cuisinière, formatrice, bibliographe, cher- cheuse, scientifique mais peut-être avant tout conteuse. Et en ce moment, elle semble heureu- se. Car après des années de vaches maigres, il lui semble que l’on assiste à “une renaissance de l’oralité” dit-elle. Entouré d’une longue cheve- lure et souvent coiffé d’un chapeau de velours, le visage souriant de Véronique Febvre-Charlot s’illumine à cette idée de pouvoir illuminer à son tour d’autres visages, d’enfants bien sûr, d’adultes aussi. Car “le conte est encore plus large que Tin- tin. Il s’adresse à tous, de 2 à 102 ans.” Elle qui a parcouru le monde avec un père tra-

des Sciences. Philosophie, éthologie, entre les deux son cœur balance. En creusant les concepts philosophiques, elle en arrive aux mythes. En passant, la future conteuse passe une maîtrise de psychologie. C’est là aussi qu’elle forge ses idées sur l’enseignement et l’éducation. “On a déstructuré l’enfant à cause de l’explosion des disciplines à l’école. En saucissonnant l’enseignement, on lui a fait perdre sa vision syn- thétique des choses. On a donné une grande riches- se d’enseignement analytique mais on a sevré l’enfant de la réflexion synthétique” estime Véro- nique Febvre-Charlot. Ses études, ses travaux de recherche, son enfan- ce multi-culturelle, tous ces petits fragments mis bout à bout ont amené la Bisontine au conte. Et aussi des rencontres. “Je travaillais pour le C.L.A. il y a une quinzaine d’années quand je me suis retrouvée à une soirée avec des Bretons. Chacun devait raconter une histoire. Après ma “presta- tion”, un écrivain présent ce soir-là m’a dit “Mais vous êtes conteuse !” La richesse que j’avais accu- mulée toutes ces années m’a explosé aux yeux” raconte celle qui depuis, enchaîne les presta- tions et les spectacles de conte, souvent à la Cita- delle, parfois dans les collèges, les lycées, les M.J.C. ou les centres de formation. Son répertoire est aujourd’hui très varié : contes et tradition orale régionaux, contes et légendes des cultures du monde, comptines et contes modernes pour le jeune public, contes facétieux et philosophiques, etc. La saga des héros, les quêtes héroïques, les contes celtes, elle connaît tout cela sur le bout de la langue, et le transmet

On verra Véronique Febvre-Charlot notamment à Besançon les 24 et 25 mars et les 27 et 28 avril (théâtre

Bacchus à Besançon).

vaillant dans la marine marchan- de s’est enrichie de toutes les cul- tures qu’elle a croisées au cours de sa jeunesse au fil des pérégrina- tions familiales. Elle a côtoyé ensui- te à la Sorbonne des sommités com- me Hubert Montagner, célèbre compotementaliste ou le philosophe et homme de lettres Michel Serres, qui a été son professeur. Revenue à Besançon où son mari est appelé à la chambre de com- merce, Véronique Febvre-Charlot poursuit son cursus avec unD.E.S.S. de bibliographie. Elle travaille en parallèle en tant que chercheuse dans l’équipe du P r Montagner, alors directeur du laboratoire de psycho-physiologie de la Faculté

“Cette richesse m’a explosé aux yeux.”

aux enfants des écoles, aux parents ou aux spec- tateurs. Elle y raconte la séparation et les retrou- vailles, les frustrations et les combats, la liber- té, l’amour ou la mort avec cette force qui caractérise le conte plus que toute autre forme : l’oralité. “La force du conte, c’est la voix. C’est un art dans lequel il n’y a pas d’intermédiaire, c’est l’école de la liberté. Et la voix, c’est ce qui unit 6 milliards d’individus sur terre et il n’y a pas deux voix semblables. Avec le conte, l’adulte et l’enfant sont dans un partage émotionnel au même niveau” dit-elle. À côté de son métier de conteuse, Véronique Febvre-Charlot exerce une profession de for- matrice des professionnels de l’enfance et de l’adolescence. Elle est aussi animatrice culinai- re. “Je refais vivre les légumes d’antan et les

gâteaux traditionnels de Franche-Comté, presque oubliés.” Autre métier de bouche pour elle… Les 24 et 25 mars, Véronique Febvre-Charlot reprend ses cycles de contes avec les “Contes de l’Irlande et de la mer”) ou les 27 et 28 avril avec les “Nuits et lune en conte” (théâtre Bacchus à Besançon). Elle vit désormais par le conte, pour le conte. Artiste autant que savante, Véronique Febvre- Charlot veut montrer que le conte est univer- sel, qu’il est éternel. Comme le disait un certain Jean Cocteau : dans le monde, depuis la nuit des temps, “tout a été dit, mais personne n’a écouté.” Le conte a donc encore de beaux jours devant lui. C’est sans doute pour cela que Véronique Febvre-Charlot arbore son sourire si lumineux. J.-F.H.

Votre cinéma au cœur de la ville BEAUX ARTS

CINÉMA

ALICE AU PAYS DES MERVEILLES À partir du 24 mars

REMEMBER ME À partir du 7 avril

CAMPING 2 À partir du 21 avril

CHER JOHN À partir du 31 mars

ADÈLE BLANC-SEC À partir du 14 avril

ECRANS GÉANTS. SON NUMÉRIQUE. PARKING 1000 PLACES. MARCHE BEAUX ARTS - BESANÇON - Répondeur programme : 0892 696 696 (0,34e TTC/min) www.cinemaspathe.com

BEAUX ARTS