La Presse Bisontine 109 - Avril 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 109 - Avril 2010

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BESANÇON

Antonio Martinez “La France est le premier marché de Festina”

Le président de Festina France livre son analyse sur la situation des marchés horlogers. Il évoque aussi son intention de soutenir à nouveau le sport bisontin quand celui-ci aura renoué avec le haut niveau.

avenue de la République. Nous y sommes res- tés cinq ans. Comme le lieu n’était pas assez accessible, nous nous sommes mis en quête de locaux plus adaptés à notre activité. C’est com- me cela que nous sommes arrivés à Besançon, une ville à la fois proche de la Suisse et qui dis- pose d’une véritable culture horlogère. D’ailleurs, cette capitale régionale a des atouts à faire valoir pour attirer des sociétés, mais peut-être faut-il faire preuve de plus d’imagination. Actuelle- ment, Festina France emploie 92 personnes dont 65 à Besançon. Une quinzaine d’horlogers tra- vaillent sur ce site. Le chiffre d’affaires de Fes- tina France était de 40 millions d’euros en 2009. L.P.B. : La majorité des montres Festina sont fabriquées en Chine, une partie seulement en Suisse. En 2009, com- bien d’unités avez-vous vendu dans le monde et plus pré- cisément sur le marché français ? A.M. : En 2009, Festina a vendu dans le monde 4 millions de montres dont 900 000 en France. Vous le voyez, le marché français est notre pre- mier marché. L.P.B. : Festina, c’est aussi le sponsoring . Avec toutes les polémiques qui ont animé le sport bisontin ces derniers mois, avez-vous réaffirmé votre soutien aux clubs locaux ? A.M. : Le sponsoring fait partie de la culture Fes- tina. Mais j’ai décidé de faire une pause. J’attends qu’il y ait un club qui présente un intérêt mar- keting et un projet viable pour réinvestir dans le sport. J’espère vraiment que les choses vont bouger car ce n’est pas normal qu’une ville com- me Besançon n’ait pas de sport de haut niveau. L.P.B. : À quelle hauteur souteniez-vous le sport de haut niveau ? A.M. : Entre le foot, le handball, et le basket, c’était plus de 500 000 euros certaines années. L.P.B. : Et le vélo ? A.M. : Le vélo, c’est historique. C’est une tradi- tion pour le groupe Festina. Nous sommes tou- jours chronométreurs officiels de toutes les courses organisées par A.S.O. dont le Tour de

France.

L.P.B. : Pourtant, “l’affaire Festina” en 1998 qui a révélé des cas de dopage dans votre équipe de vélo a dû vous être préjudiciable… Festina se serait sans doute passée de cette contre-publicité ? A.M. : Dans cette affaire, il y a eu des périodes bien distinctes. Pendant les trois mois qui ont suivi cette histoire, il y a eu un effet direct sur les ventes. Les consommateurs et même parfois les détaillants ont pris des distances par rap- port à la marque. C’est à ce moment-là que nous avons créé la fondation Festina pour lutter contre le dopage. Grâce à une communication cohérente et efficace, au bout de quatre mois tout était ren- tré dans l’ordre. Sans mauvais jeu de mot, la seule chose positive dans cette affaire de dopa- ge (sourire), c’est que la notoriété de la marque a fait un bond spectaculaire.Tout le monde savait à la suite de cela que Festina fabriquait des montres et non pas des vélos comme on l’entendait parfois. L.P.B. : Festina pourrait avoir à nouveau une équipe pro- fessionnelle de vélo ? A.M. : Personnellement, je n’y suis pas favorable. On peut sponsoriser le sport en général, mais de là à investir le nom de la marque et de l’entreprise dans une équipe, c’est prendre un risque. Nous en avons fait l’expérience. L.P.B. : Le siège de Festina est en Espagne. Les effets de la crise y sont-ils beaucoup plus forts qu’ici ? A.M. : Le contexte économique en Espagne est très compliqué. La situation de ce pays n’a rien à voir avec celle que l’on peut connaître en Fran- ce. L’Espagne est entrée dans la crise avant la France et elle en sortira après elle. Il n’y a pas là-bas la même capacité industrielle qu’ici. Long- temps la croissance de l’Espagne a été tirée par le marché de l’immobilier qui s’est effondré. Il y a quatre millions de chômeurs sur un pays qui compte 40 millions d’habitants.

L a Presse Bisontine : Le 9 mars, vous avez été invité à Morteau, comme d’autres représentants de l’industrie horlogère, à rencontrer le prési- dent de la République Nicolas Sarkozy. Que lui avez-vous dit ? Antonio Martinez : Nous n’avons pas eu l’occasion d’aborder dans le détail la situation de l’horlogerie française. Néanmoins, nous avons pu en discu- ter quelques instants. Il était là pour évoquer l’emploi et la formation, des sujets importants dans notre métier. L.P.B. : Comment Festina a réagi face à la crise en 2009 ? A.M. : L’année dernière, toute la branche horlo- gère a souffert. Tous les marchés européens ont

prendre la température des marchés horlogers et rencontrer les décideurs. On observe la réac- tion des clients par rapport aux nouveaux pro- duits, et on regarde quelle est la tendance du marché. L.P.B. : Vous venez de terminer les travaux de rénovation des locaux de Festina à Besançon. Ils sont fonctionnels et lumineux. Quel est le montant de l’investissement dans cette opération immobilière ? A.M. : Nous avons investi environ 3,5 millions d’euros dans ce projet. Le chantier de rénova- tion a duré deux ans. Ça n’a pas été facile de mener les travaux sur un site occupé. L.P.B. : Faut-il comprendre aussi qu’en investissant à Besançon, Festina veut non seulement conforter ce site, mais le renforcer ? A.M. : Le premier objectif de cette opération est de préparer la société Festina France à la repri- se de l’activité sur les marchés horlogers en la dotant d’un outil de travail qui va lui permettre d’être réactive. Nous optimisons notamment le service des livraisons de commandes. Nous met- tons aussi l’accent sur le service après-vente. C’est vrai qu’il y a aussi un projet pour ce site français qui pourrait devenir à terme une pla- teforme de service pour tous les autres sites Fes- tina en Europe. L.P.B. : Comment Festina est arrivée à Besançon ? A.M. : Festina est arrivée en France en 1993. À cette date, la distribution de nos produits se fai- sait par l’intermédiaire d’un distributeur à Mar- seille. En 1995, l’entreprise s’est installée à Paris,

baissé ou se sont stabilisés. Fes- tina s’est plutôt bien comportée. Nous avons terminé l’année sur un résultat supérieur à nos pré- visions. 2010 s’annonce assez bien. Il y a longtemps que nous avons repositionné Festina pour être présents sur différentes gammes de prix en fonction de nos différentes marques du bas de gamme au haut de gamme. C’est important dans le contex- te actuel. L.P.B. : Mars est le mois de la foire de Bâle, le plus grand salon horloger. Y a- t-il des attentes particulières par rap- port à l’édition 2010 ? A.M. : Nous allons à Bâle moins pour faire des affaires que pour

“500 000 euros de sponsoring certaines années.”

Propos recueillis par T.C.

Repères Festina dans le monde L e groupe Festina, cʼest huit filiales (France, Suisse, Ita- lie, Allemagne, République Tchèque, Belgique, Mexique et Chili) et 64 distributeurs partout dans le monde. Fes- tina dispose aussi de quatre centres de production dont un en Suisse, deux en Chine (Hong-Kong et Shensen) et un à Cordoue. En Espagne sont fabriqués des bracelets or et des boîtiers. Les unités chinoises font de lʼassemblage et fabriquent des boîtiers. La Suisse accueille un départe- ment dʼassemblage de Can- dino et Jaguar, deux marques du groupe griffées swiss made. Festina compte dʼautres marques en plus de sa marque phare éponyme dont Calypso (entrée de gamme), Lotus, et dans le haut de gamme Per- relet et Leroy. Festina a acquis la fabrique de mouvements helvétique Soprod, ce qui fait du groupe présidé par Miguel Rodriguez une entre- prise horlogère intégrale. Fes- tina figure désormais parmi les principaux groupes horlogers mondiaux. Son siège est à Bar- celone.

Antonio Martinez dans le nouveau show-room de Festina France à Besançon. Les locaux sont officiellement inaugurés le 31 mars.

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